Bien que la violence conjugale puisse être banalisée au quotidien ou encore être perçue comme relevant de la sphère « privée », elle est la forme la plus commune de violence faite aux femmes. C’est une femme sur trois qui, au cours de sa vie, subira de la violence conjugale.
  • Qu'est-ce que la violence conjugale?

    La violence conjugale s’exerce à travers un cercle stratégique dans lequel l’agresseur tente de mettre continuellement en échec la victime pour pouvoir garder un contrôle sur elle.

    Différentes tactiques peuvent être utilisées, comme des commentaires sur le physique, des critiques constantes, une limitation des dépenses ou un contrôle sur celles-ci, la violence physique, l’isolement, allant même jusqu’au féminicide. Ces actes sont commis de manière répétitive et prennent de plus en plus de place dans la relation.

    Fait important, en aucun cas la violence conjugale n’est le fruit d’une perte de contrôle de l’agresseur. Il s’agit plutôt d’agressions intentionnelles et stratégiques mises en place afin de dominer l’autre.

    Parmi les victimes, 75,8% sont des femmes, alors que les agresseurs sont à 76,6 % des hommes. Toutefois, personne n’est à l’abri de la violence conjugale, qui peut toucher les hommes comme les femmes, et ce, pas exclusivement chez les couples hétérosexuels.

    Enfin, pour enrayer cette violence, il importe de reconnaitre qu’elle s’inscrit dans les rapports inégalitaires au sein de notre société et qu’elle nous concerne toutes et tous.

    *Bien que tout le monde puisse être victime de violence conjugale, ce sont les femmes qui en sont majoritairement victimes (75,8 %). Nous souhaitons dans ce guide afficher cette problématique sexospécifique, mais nous utiliserons aussi le masculin à l’occasion pour mentionner les victimes, puisque les violences faites envers les hommes ne doivent pas non plus être banalisées ni invisibilisées.

  • Violence conjugale ou chicane de couple?

    Chaque conflit ou chaque commentaire désobligeant tenu à l’égard de la personne conjointe n’est pas systématiquement de la violence conjugale. Lors d’une chicane de couple, l’un ou l’autre peut amorcer la dispute, et l’argumentation sera partagée par les deux membres de la relation. Les rôles de chacun dans le couple sont alors interchangeables.

    Ce qui distingue la violence conjugale de la chicane de couple est, notamment, la domination d’un des deux acteurs sur l’autre. La victime ne sera pas libre de réagir, redoutant les répercussions et la reprise, voire l’escalade de la violence. Une dynamique de pouvoir déséquilibrée, à l’avantage de l’agresseur, est présente dans la relation. De plus, l’agresseur aura tendance à se justifier pour ses comportements violents, sans toutefois en prendre la responsabilité, et ce, afin de conserver son pouvoir sur l’autre.

  • Les formes de violences conjugales

    La violence conjugale dépasse les coups qui sont portés à l’autre et peut se manifester de diverses façons. Cinq principales formes sont actuellement reconnues comme pouvant regrouper l’ensemble des comportements liés à la violence conjugale : physique, psychologique, verbale, économique et sexuelle. Afin d’élargir notre compréhension des formes et des manifestations de la violence conjugale, deux autres types de violences sont présentées : la cyberviolence et la violence spirituelle.

    Violence physique

    C’est la forme de violence la plus connue. Il s’agit d’agressions directes, par exemple gifler, donner des coups au corps ou au visage, immobiliser l’autre, lui serrer la main ou le bras très fort, le séquestrer ou l’étrangler. Il s’agit aussi d’agressions indirectes, comme lancer des objets ou donner des coups sur les murs ou sur les portes. Bien que toutes les formes de violences aient une incidence importante sur les victimes, la violence physique est considérée comme très dangereuse puisque les conséquences peuvent aller jusqu’à la mort.

    Violence psychologique

    La personne qui a recours à ce type de violence utilise des propos méprisants ou des critiques pour humilier, manipuler, dénigrer ou dévaloriser la victime. Il peut s’agir de commentaires sur son apparence, ses capacités intellectuelles, sa personnalité ou leurs relations sexuelles. Ces actes ont pour but de lui renvoyer une image négative d’elle-même afin de réduire sa confiance et d’ainsi la contrôler.

    L’agresseur cherche à déformer la réalité afin d’amener la victime à douter d’elle-même et il peut tenter de l’isoler pour augmenter son pouvoir sur elle.

    Violence verbale

    Ce type de violence s’entend : éclats de voix, cris, insultes, injures, menaces et hurlements.

    L’agresseur utilise cette tactique pour intimider sa ou son partenaire. La violence verbale peut aussi prendre la forme d’interdictions (de fréquenter des amies ou amis, des membres de la famille ou des collègues), de chantage et d’ordres. Elle peut être annonciatrice de violence physique.

    Violence économique

    La personne qui use de violence économique peut imposer un choix d’emploi à la victime, lui défendre de travailler ou au contraire l’y obliger. L’agresseur peut contrôler et limiter à l’extrême les dépenses de l’autre ou encore lui refuser tout accès à des ressources financières. Il peut aussi obliger la victime à payer une dépense pour laquelle elle n’a pas consenti.

    Violence sexuelle

    Cette forme de violence est la plus difficile à reconnaitre puisqu’elle est souvent vécue en silence. L’agresseur impose à la victime des rapports sexuels avec lui ou avec d’autres personnes. Il peut brutaliser la victime, l’insulter ou la forcer à regarder du matériel pornographique et à imiter les scènes du film. La violence sexuelle se manifeste aussi lorsque la personne qui agresse menace de diffuser ou diffuse des images pornographiques de la victime.

    Cyberviolence

    Elle peut se traduire par l’utilisation de différents dispositifs technologiques pour exercer une surveillance, pour imposer un contrôle ou pour harceler. Les outils utilisés sont habituellement la géolocalisation, la messagerie instantanée ou les réseaux sociaux. Des études réalisées auprès de femmes victimes de violence conjugale indiquent que jusqu’à 78 % d’entre elles ont subi des cyberviolences.

    Violence spirituelle

    Elle peut se traduire par une ridiculisation des croyances religieuses, des traditions ou de la culture de l’autre. L’agresseur peut empêcher l’autre de porter un signe à connotation religieuse ou de participer à des activités religieuses et traditionnelles.

    La roue du pouvoir et du contrôle

    Élaborée par Domestic Abuse Intervention Project, cette illustration présente différentes formes
    sous lesquelles la violence peut se manifester.

  • Le cycle de la violence

    Puisque l’objectif de l’agresseur est de dominer l’autre, un cycle de violence s’installe dans le couple. La personne violente utilise, tout au long de la relation, différentes stratégies, et ce, en quatre phases : tension, agression, justification et réconciliation (communément appelée lune de miel).

    Pour la victime, ces différentes phases feront naitre chez elle de l’anxiété, de la colère et de la honte, le sentiment qu’elle est responsable de la violence et, finalement, l’espoir que la situation s’améliorera.

    La spirale de la violence

    Au début de la relation, les épisodes de violences sont brefs, et les périodes de lune de miel sont plus longues. Au fur et à mesure que la relation évolue, l’emprise de la ou du partenaire violent sur la victime augmente. Les épisodes de violence prennent graduellement de plus en plus de place, les moments de tensions sont plus fréquents et s’intensifient tandis que les périodes de lune de miel se font plus rares. C’est ce que l’on appelle la spirale de la violence.

    À noter : bien que les épisodes violents n’évoluent pas toujours de façon graduelle, démasquer les signes de violences tôt peut permettre de réduire les épisodes de violences intenses et ainsi prévenir les féminicides.

  • Les défis de certains groupes marginalisés

    La société a construit des portraits types de « la femme victime » de violence conjugale et de « l’homme agresseur », ce qui a fait émerger des préjugés à leur endroit.

    Or, les rapports de domination des hommes sur leur partenaire ne sont pas le lot de certaines catégories de personnes. La violence conjugale peut naitre dans une relation, quel que soit le revenu du ménage, la culture des partenaires, leurs origines ethniques, leur statut social, leur âge, leur sexe, leur genre, etc.

    Bien que les femmes soient les principales victimes et que les hommes soient représentés de manière majoritaire parmi les agresseurs, toutes et tous peuvent être victimes de violence conjugale et toutes et tous peuvent être des agresseurs.

    Cependant, les femmes n’étant pas un groupe homogène, certaines d’entre elles font face à des défis supplémentaires qui augmentent leur degré de vulnérabilité et les difficultés rencontrées lors d’une éventuelle séparation.
    Ces obstacles sont liés notamment :

    ⦁ Aux conditions socioéconomiques,
    ⦁ à l’isolement social et aux situations de dépendance financière;
    ⦁ Aux craintes de représailles ou d’être exclues de leur communauté;
    ⦁ Au racisme et au colonialisme;
    ⦁ Aux mythes, aux préjugés et aux discriminations envers les personnes des minorités sexuelles et de genre.

    Les femmes autochtones

    Le taux de violence conjugale déclaré par les femmes autochtones au Canada est trois fois plus élevé que chez les non-autochtones. De plus, elles sont deux fois plus nombreuses à avoir subi des blessures corporelles ou encore des formes sévères de violence conjugale (avoir été agressée sexuellement, battue, étouffée, menacée avec une arme à feu ou un couteau).

    Finalement, le taux de femmes autochtones risquant d’être tuées par leur conjoint lors d’une séparation serait huit fois plus élevé que chez les non-autochtones.

    Les obstacles à surmonter pour obtenir de l’aide sont plus nombreux et plus complexes pour elles.

    Certaines ont mentionné un manque de ressources (dans leur langue, où les personnes intervenantes comprennent les enjeux qu’elles peuvent vivre) dans leur région.

    Les incidences de la colonisation, comme les traumas intergénérationnels, les discriminations vécues par l’entremise de la Loi sur les Indiens, les conséquences des pensionnats, la violence économique et structurelle, l’intériorisation des valeurs des colonisateurs et la perte des rôles sociaux, font partie d’un contexte historique et complexe qui entraine des défis supplémentaires pour mettre fin aux situations de violence dans ces communautés.
    Dans ce contexte, la dénonciation peut être difficile. Il est possible que les femmes autochtones craignent l’exclusion de leur communauté et qu’elles ressentent de la honte. Il faut aussi tenir compte de l’accès au logement, qui demeure une difficulté dans plusieurs communautés.

    À cela s’ajoutent les enjeux liés au racisme systémique, à la brutalité policière et au profilage racial perpétués par les services de police, qui peuvent engendrer une peur de dénoncer la violence, par crainte de perdre la garde des enfants ou de l’emprisonnement de leur partenaire.

    Les personnes des communautés LGBTQIA2S+

    De multiples tabous et préjugés persistent relativement aux communautés LGBTQIA2S+ et contribuent aux silences entourant les violences qu’elles peuvent subir.

    Pourtant, la violence conjugale est aussi présente pour les personnes gaies, lesbiennes et bisexuelles, dont le taux d’autodéclaration est plus élevé que pour les personnes en couple hétérosexuel.

    De plus, les hommes ayant une relation avec un autre homme sont plus nombreux à vivre de la violence conjugale que les hommes hétérosexuels.
    On observe une crainte chez ces personnes à appeler la police pour dénoncer des violences, par peur d’être prises pour cibles. La peur de l’exclusion et la crainte de la discrimination tout comme du jugement sont omniprésentes dans cette décision de dénoncer ou non les violences vécues.

    De plus, une certaine complexité semble présente pour les personnes trans et non binaires en ce qui concerne la reconnaissance de leur identité de genre par les institutions publiques, notamment le système judiciaire.

    La dénonciation peut donc impliquer pour ces personnes de faire leur coming out à répétition, et d’ainsi les mettre dans une position où elles pourraient être appelées à vivre de multiples microagressions tout au long du processus de plainte.

    Les femmes en situation de handicap

    Pour les femmes en situation de handicap, les obstacles liés à l’accès aux services peuvent amener, chez elles, une certaine dépendance envers leur partenaire.

    De plus, la perception des proches de la ou du partenaire peut aussi brouiller le jugement d’une victime de violence conjugale, surtout lorsque ceux-ci font l’éloge de son dévouement pour elle.

    Ces facteurs de vulnérabilité peuvent augmenter l’isolement des femmes vivant avec un handicap.
    Dès lors, il peut devenir difficile de dévoiler la violence de la ou du partenaire, et le sentiment de culpabilité peut être plus grand chez elles dû aux soins que la ou le partenaire leur procure.

    Les femmes en situation de handicap font partie des groupes plus à risques de subir des formes plus sévères de violences.

    De plus, des obstacles supplémentaires peuvent se dresser sur leur chemin lorsqu’elles souhaitent quitter la relation.
    La personne violente peut exercer un contrôle sur la victime en dissimulant ce qui est nécessaire à son déplacement (canne, fauteuil roulant, ambulateur, etc.).
    Trouver une maison d’hébergement adaptée aux besoins des femmes en situation de handicap peut représenter un défi, et l’accès au service de transport adapté demeure un problème pour les victimes.

    Les femmes issues de l’immigration et les réfugiées

    Les contraintes de l’immigration apportent une charge supplémentaire sur les épaules des femmes.
    Le parcours migratoire, les défis d’intégration et l’augmentation de la charge mentale constituent des dimensions essentielles à prendre en compte dans la prévention des violences conjugales.

    À cela s’ajoutent les barrières linguistiques ainsi que, chez certaines femmes, la méconnaissance des droits et des lois applicables ou des rôles des services publics, judiciaires et policiers disponibles.

    Tout ceci peut rendre le processus de dénonciation plus complexe.
    La dépendance de ces femmes, notamment celles parrainées, envers la personne violente, leur réseau social souvent limité et leur statut précaire sont des facteurs qui peuvent les amener à craindre de dénoncer leur situation à la police ou encore à demander de l’aide médicale.

    Les femmes racisées

    Les femmes racisées en Amérique du Nord doivent affronter plusieurs obstacles pour obtenir du soutien lorsqu’elles sont victimes de violence conjugale.

    Le racisme systémique s’ajoute à la discrimination subie par ces femmes, en fonction de leur genre.

    Au Canada, on constate un manque considérable dans les connaissances scientifiques à propos des femmes racisées vivant ou ayant vécu différentes formes de violence conjugale.

    Les femmes nées à l’extérieur du Canada seraient 1,5 fois plus à risque de présenter un indice de violence conjugale en temps de pandémie (25,9 % chez ces femmes comparativement à 16,8 % chez les femmes nées au Canada).

    Les femmes ainées

    La violence conjugale subie par les ainées est souvent banalisée. La socialisation des femmes à un rôle traditionnel (fidélité à l’institution du mariage, loyauté envers le conjoint, importance de l’unité familiale, etc.) serait l’une des raisons expliquant le peu de plaintes portées par les victimes.

    La méconnaissance du sujet et la normalisation des situations de violence dans les relations peuvent aussi s’avérer être des causes du faible taux de dénonciation.

    Plusieurs facteurs de vulnérabilité peuvent être un frein pour les femmes ainées à quitter l’agresseur.

    On peut penser notamment à la pression des proches, à la relation de dépendance envers leur partenaire, aux stéréotypes sociaux, à la perte d’autonomie, à la méconnaissance de leurs droits et à la peur.

  • Défaire le mythe entourant les victimes

    « Si la victime reste avec la personne qui l’agresse, c’est que la situation ne doit pas être si grave. »

    Cela est tout à fait faux. On banalise souvent les contextes de violence conjugale en rejetant le blâme sur la victime. Cependant, ce sont des situations graves et complexes. Bien que cela peut paraitre « facile », quitter une ou un partenaire violent peut s’avérer très dangereux pour sa victime.

    Bon nombre de victimes ont d’ailleurs déjà affirmé avoir subi de la violence ou avoir vécu une escalade de violence après avoir mis fin à leur relation avec leur ex-partenaire. Selon Statistique Canada, 41 % des victimes ayant été agressées par leur ex-conjointe ou ex-conjoint ont affirmé que la violence s’est produite après une séparation, et près de 49 % ont mentionné que la gravité de la violence avait augmenté après la séparation.

    En outre, toutes sortes de menaces peuvent planer sur la relation (menaces de mort, de blesser les enfants, de retirer l’argent du compte, de tuer les animaux de compagnie, etc.). Cela contribue à apeurer la victime ainsi qu’à la décourager de rompre avec la personne violente. Ainsi, il ne faut pas négliger les effets psychologiques de telles relations : ils peuvent participer à la banalisation de la violence, à la victimisation des femmes et à la perte de confiance en elles-mêmes des victimes.

    On rappelle notamment que la violence conjugale est un moyen pris par un individu pour en dominer un autre. L’isolement, la responsabilisation des victimes, les menaces et les conséquences du cycle de la violence créent une situation d’impuissance, de culpabilité et de peur, qui empêche souvent les victimes de quitter leur relation.

    Plusieurs raisons peuvent expliquer la peur d’une victime de mettre fin à une relation. Par exemple, elle peut craindre :

    ⦁ De subir des représailles;
    ⦁ De créer des problèmes à la personne qui l’agresse, qui peut aussi être l’autre parent de ses enfants;
    ⦁ De n’avoir nulle part où aller;
    ⦁ De se retrouver seule;
    ⦁ De se séparer de ses enfants ou de perdre leur garde;
    ⦁ De ne pas avoir suffisamment de ressources financières.

    Même si une victime dénonce sa situation de violence conjugale, elle pourrait ne pas vouloir quitter sa relation ni entamer les démarches pour obtenir de l’aide. L’important est de respecter la victime dans son cheminement, peu importe ses décisions (reprendre la relation, ne jamais quitter la relation, etc.). Ainsi, la meilleure façon de soutenir la victime est d’identifier les dangers, de la sensibiliser aux ressources disponibles, de l’écouter et de respecter son rythme.

  • Les hommes, la pandémie et les dénonciations

    La proportion d’hommes victimes de violence conjugale afficherait une importante augmentation pendant la pandémie. Selon l’étude de l’Université de Sherbrooke, un homme en couple sur cinq a confié avoir été victime d’une forme de violence.

    L’équipe ayant réalisé l’étude invite à prendre en considération les facteurs externes reliés à la pandémie, soit l’augmentation du stress et de l’anxiété, ainsi que de la pauvreté chez les femmes de la tranche d’âge 18-24 ans dans l’analyse de ces résultats. Il pourrait s’agir d’indicateurs de détresse dans la société.

    La violence faite aux hommes doit être prise autant au sérieux que celle faite aux femmes. Toutes les formes de violence doivent être considérées et dénoncées, sans égard au genre auquel la personne violente s’identifie ou à son orientation sexuelle.

    Malheureusement, les hommes ont moins tendance à dénoncer la violence et minimisent davantage leur situation de détresse. Les rôles et les stéréotypes genrés présents dans la société expliquent en partie cette banalisation. Le sentiment de honte que les violences de toutes sortes peuvent provoquer chez l’homme pourrait donc entrainer plus de difficulté à dénoncer par peur d’être jugé ou d’être vu comme faible.

    Il est donc primordial de s’informer sur ces dynamiques et d’être sensibilisés aux enjeux de la violence conjugale vécus par tous les groupes afin de la débanaliser dans toute la société.

  • Les conséquences de la violence conjugale

    Les effets sur la santé mentale et physique

    Plus le cercle de la violence se répète, plus la victime risque de percevoir la violence comme normale, voire banale. Son seuil de tolérance peut augmenter au fur et à mesure que la violence s’intensifie (spirale de la violence).

    Ainsi, ses émotions tout comme sa perception de la situation peuvent être embrouillées. La victime peut se retrouver en situation de détresse psychologique, développer des troubles anxieux et une dépression. Dans certains cas, du stress post-traumatique et un état de peur constante peuvent être présents.

    Les féminicides

    Les relations violentes et l’escalade des violences peuvent entrainer des risques de féminicides. Souvent dépeints à tort comme des tragédies isolées, des « drames familiaux » ou des « chicanes de couple », les féminicides constituent la pointe de l’iceberg. Selon une étude récente réalisée au Québec*, pour chaque féminicide, on compte 2927 victimes de violence physique et 16 620 personnes présentant un indice de violence conjugale.

    *Dans le cadre de cette étude, l’indice de violence conjugale fait référence à la présence ou à la menace d’agressions physiques, d’insultes, de mépris, de hurlements ou d’injures de la part de la ou du partenaire. De plus, la peur de la ou du partenaire est prise en considération.

    Le nombre de féminicides au Québec (commis dans un contexte de violence conjugale ou non) a augmenté au cours des dernières années, surtout lors des périodes de confinement prolongées dues à la pandémie de la COVID-19.

    Selon les rapports de l’Observatoire canadien du féminicide pour la justice et la responsabilisation, 160 femmes et filles ont été assassinées au Canada en 2020. De ce nombre, 23 étaient domiciliées au Québec (une hausse de 77 % par rapport à l’année précédente).

    En 2021, 18 femmes ont été assassinées dans un contexte de violence conjugale.

  • Recul des droits des femmes et pandémie de COVID-19

    Qu’elles soient sanitaires, économiques ou environnementales, les crises passées ont eu des effets dévastateurs sur les femmes et les filles, mais aussi sur les minorités sexuelles et de genre.

    On remarque ces effets dans tous les domaines, de la santé à l’économie ainsi que sur le plan de la sécurité et de la protection sociale.

    La pandémie a effectivement eu une incidence importante sur l’égalité entre les femmes et les hommes, faisant reculer d’une génération l’atteinte de cette égalité. Ainsi, selon le Forum économique mondial, le temps qu’il reste pour combler les inégalités entre les sexes est passé de 99,5 ans à 135,6 ans. De plus, pendant cette période de crise, SOS violence conjugale estime que les appels reçus ont plus que doublé.

    En 2020, malgré le constat d’une diminution de bon nombre d’infractions criminelles, une augmentation importante des féminicides a été observée.