La violence conjugale se caractérise par une prise de contrôle d’une personne sur une autre. Pour obtenir et maintenir ce contrôle, la ou le partenaire utilise diverses techniques et stratégies de manipulation. De l’aide existe pour soutenir les agresseurs dans leur démarche visant à mettre fin à leurs agissements problématiques.
  • Caractéristiques des agresseurs

    Certains rapports sociaux, comme les rapports d’inégalité entre les sexes et les genres, ont été associés aux situations de violence commise en contexte conjugal.

    Or, il devient complexe de comprendre exactement les conditions qui expliquent le développement de tels comportements chez les agresseurs.

    Plusieurs expériences peuvent cependant forger les personnalités et pourraient contribuer à la perpétuation des comportements violents. Les expériences négatives de l’enfance, comme avoir été témoin de violence, avoir été victime de mauvais traitements et avoir grandi avec des modèles parentaux violents physiquement, sont des facteurs pouvant entrainer des répercussions à long terme sur les agissements d’une personne.

  • Caractéristiques psychologiques et sociales

    Il n’existe pas de « personnalités typiques » lorsqu’on parle d’agresseurs. Ces derniers peuvent cependant présenter certaines caractéristiques, par exemple :

    • Être de jeune âge et de niveau socioéconomique plus faible;
    • Présenter des patrons d’attachement insécurisant;
    • Avoir des symptômes de détresse psychologique (dépression, anxiété, irritabilité, insécurité, etc.);
    • Gérer sa colère difficilement et démontrer une attitude d’hostilité;
    • Avoir un trouble de la personnalité;
    • Présenter un problème d’abus d’alcool ou de drogue;
    • Éprouver des difficultés sur le plan des habiletés sociales et de la communication;
    • Connaitre des difficultés conjugales (conflits, insatisfactions, détresse, communication mutuelle déficiente, etc.)
  • Types d’agresseurs

    Selon la nature et l’intensité de la violence commise, les connaissances scientifiques ont permis d’identifier trois groupes d’agresseurs1.

    Groupe 1 : les agresseurs exerçant la violence principalement dans la famille

    Les agresseurs de ce groupe utilisent la violence moins fréquemment que ceux des autres groupes, et les actes violents qu’ils commettent sont également de moindre sévérité. Or, même si elle est exercée de manière faible et épisodique, elle n’est pas inoffensive pour autant. Elle peut avoir de graves répercussions1 et elle ne doit pas être prise à la légère. Ce groupe représente au moins la moitié des personnes commettant de la violence envers leur conjointe ou conjoint.

    Groupe 2 : les agresseurs avec état limite

    Ces agresseurs auraient recours à un niveau de violence et d’agression physique plus élevé. Ils sont décrits comme d’humeur imprévisible et présentant une attitude hostile envers certains groupes marginalisés, plus particulièrement les femmes. La présence de patrons d’attachement insécurisant chez ce type d’agresseurs les amène à développer une dépendance envers leur partenaire ainsi qu’un sentiment de rejet et d’abandon.

    Groupe 3 : les agresseurs antisociaux

    Tant sur le plan physique, sexuel que psychologique, les agresseurs antisociaux démontrent un niveau de violence élevé. Chacune des sphères de leur vie est empreinte de cette violence. Ces personnes manquent d’empathie et elles ont tendance à ne pas assumer la responsabilité de leurs émotions ou de leurs réactions, faisant ainsi porter le fardeau à autrui. Tout comme les agresseurs avec un état limite, ils peuvent présenter des patrons d’attachement insécurisant, qui se manifestent ici par un manque de confiance envers les autres et un besoin de contrôle de leur environnement.

    À noter : il est important de comprendre que, malgré l’identification de certaines caractéristiques, de groupes et de facteurs sociaux à risques, les agresseurs n’ont pas de personnalités typiques. Cette catégorisation ne peut s’appliquer à tous les agresseurs ni à l’ensemble des situations.

    Il est aussi primordial de ne pas banaliser les formes de violence. Peu importe l’intensité et la forme, la violence est toujours problématique et à prendre au sérieux.

  • L’approche à adopter au travail

    La violence conjugale peut avoir de graves répercussions sur le milieu de travail de la victime. Or, il convient de mentionner que la perpétration de la violence conjugale par l’agresseur et ses comportements violents entrainent aussi des conséquences considérables dans son milieu de travail.

    Les répercussions sur le milieu de travail

    ⦁ Au Canada, plus d’une personne sur dix qui travaille compte au moins une ou un collègue qui a ou a eu, selon elle, des comportements violents envers sa ou son partenaire.

    ⦁ Les personnes utilisant des tactiques de violence pour assurer leur pouvoir et leur contrôle sur leur partenaire se servent fréquemment du temps passé au travail et de ses ressources (par exemple, les téléphones, les boites de courriels, les véhicules de service, etc.) pour continuer à exercer des comportements violents et de coercition à son endroit.

    ⦁ Les agresseurs peuvent aussi se rendre sur le lieu du travail de leur partenaire ou ex-partenaire, ou, lorsqu’ils sont en télétravail, poursuivre leurs comportements violents.

    ⦁ Il n’est pas rare que les personnes violentes demandent à leurs collègues de les remplacer au pied levé pour pouvoir continuer à adopter ces comportements.

    Intervenir auprès des agresseurs fait aussi partie de la solution pour prévenir les situations de violence, réduire les risques et résoudre les problématiques liées aux comportements violents.

  • Comment intervenir?

    La responsabilisation et la sensibilisation sont les premières mesures à mettre en place afin de briser le silence concernant les situations liées à la violence conjugale. Afin de permettre des changements de comportements, il est essentiel que les agresseurs puissent eux aussi bénéficier de ressources d’aide ainsi que des services de personnes intervenantes disponibles pour les écouter.

    Des formations et des ateliers de sensibilisation peuvent intégrer des informations concernant les mesures à mettre en place propres aux agresseurs. Il est aussi important de prévoir des plans de suivi pour ces derniers. Ces plans doivent être instaurés par l’employeur en collaboration avec une ressource d’aide externe spécialisée, par exemple l’organisme À cœur d’homme, afin de contrôler la situation et de prévenir les risques de violence élevés.

    Bien qu’il soit plus difficile d’intervenir auprès de ces groupes, plusieurs ressources d’aide et de soutien existent pour eux.