Opinions

N’y pensez même pas, Monsieur Roberge!

15 janvier 2021

Annulation de la semaine de relâche

Au moment même où les élèves et le personnel enseignant traversent probablement l’année scolaire la plus éprouvante de l’histoire moderne du Québec, il s’en trouve qui jonglent avec l’idée d’annuler la semaine de relâche. Encore plus inquiétant, même le ministre de l’Éducation semble encore y réfléchir. Cherchez l’erreur…

Un ouragan viral qui frappe de plein fouet

La semaine de relâche a été créée il y a 42 ans à seule fin de permettre aux élèves et au personnel de décrocher quelques jours afin de pouvoir reprendre leur souffle en vue de terminer l’année scolaire. Y a-t-il eu une autre année, depuis 1979, où élèves ainsi qu’enseignantes et enseignants ont eu autant besoin de repos et de refaire le plein d’énergie? Poser la question, c’est y répondre.

Depuis plus de dix mois, notre univers scolaire, privé comme public, est frappé de plein fouet par un véritable ouragan viral. Le virus de la COVID-19 a semé dans nos écoles la peur, l’angoisse, l’insécurité, la fatigue physique et mentale. Personne n’a été épargné au sein du personnel comme des élèves.

Un effort presque surhumain exigé du personnel

Depuis le printemps dernier, toute l’équipe-école a été entraînée dans une spirale d’ajustements et d’adaptations pour faire face, tant bien que mal, à une situation en continuel changement. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le seul élément qui perdure dans nos écoles, depuis l’éclosion de la pandémie, c’est le changement.

Dans les établissements d’enseignement privés, où il faut demeurer concurrentiel à tout prix, on a demandé au personnel un effort quasi surhumain pour faire face à la situation tout en composant avec ses propres inquiétudes quant à sa santé et celle de ses proches.

Un besoin criant de prendre l’air

Les enseignantes et les enseignants ont vu leur tâche de travail augmenter considérablement, débordant en soirée et les fins de semaine. Ces nombreux changements les ont obligés à multiplier les interventions auprès de leurs collègues, des parents et des élèves dans un contexte en évolution continuelle qui compliquait tout effort de planification.

Il faut ajouter à cela les nombreuses heures passées devant un écran en sessions Zoom, qui ont eu pour effet de hausser, au cours des derniers mois, le degré d’anxiété et d’angoisse, tant chez les élèves que chez le personnel.

Après ces heures interminables passées devant un écran d’ordinateur, le besoin de prendre de l’air, de s’oxygéner le corps et l’esprit durant quelques jours, est d’autant plus criant et nécessaire. Nous le constatons chaque jour chez nos élèves et chez le personnel. Un sondage mené auprès de nos membres de toutes les catégories d’emplois a d’ailleurs démontré que la grande majorité d’entre eux est à bout de souffle et en situation d’épuisement psychologique. Toutes et tous disent ressentir une fatigue plus importante que d’habitude à ce moment-ci de l’année.

Et l’année scolaire est encore loin d’être terminée. Comme la pandémie d’ailleurs.

Une grave erreur à ne pas commettre

Personne ne peut dire ce que nous réservent les prochains jours, les prochaines semaines, les prochains mois. Certainement pas le gouvernement et surtout pas un ministre de l’Éducation qui a connu plus que sa part d’essais-erreurs depuis le début de la crise sanitaire.

Au nom des enseignantes et des enseignants, du personnel de soutien et du personnel professionnel de nos établissements d’enseignement privés, de même que pour l’ensemble de nos élèves, j’invite le ministre Roberge à demeurer sensible envers le personnel œuvrant dans les écoles et à ne pas commettre l’erreur d’annuler la semaine de relâche. Ce serait une très mauvaise décision, qui risquerait d’avoir de graves conséquences chez des travailleuses et des travailleurs de l’éducation qui ont amplement donné depuis dix mois et qui sont fragilisés.

Sans compter que cette semaine ne coûte absolument rien au gouvernement puisque le personnel enseignant n’est pas rémunéré durant ce précieux et nécessaire congé.

Par Stéphane Lapointe, président de la Fédération du personnel de l’enseignement privé (FPEP-CSQ)