Opinions

Grève du Front commun : «Merci pour votre mobilisation!»

9 novembre 2023

Voici un mot du président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Éric Gingras.

Éric Gingras

Ce lundi, nous avons vécu notre première séquence de grève en front commun. C’était impressionnant de vous voir toutes et tous mobilisés et déterminés sur les différentes lignes de piquetage, partout à travers le Québec. C’était un moment marquant dans cette négociation, et vous avez été au rendez-vous. Et ça, c’est le plus important!

Cette journée aura aussi été l’occasion d’annoncer la deuxième séquence de grève du Front commun, les 21, 22 et 23 novembre prochains : 420 000 travailleuses et travailleurs de nos réseaux publics – en éducation, au collégial et en santé – seront toutes et tous ensemble pour trois jours consécutifs. Ce sera un moment historique, sans précédent depuis les 50 dernières années! 

Mais d’ici là…

Nos équipes de négociation sont mobilisées et entièrement disponibles pour des rencontres aux différentes tables. Il reste deux semaines pour amener un mouvement sérieux dans la négociation et éviter la grève : c’est le message que nous avons livré au gouvernement et martelé sur toutes les tribunes cette semaine.

Il est encore temps, mais soyons clairs : cela prendra pas mal plus que ce qui a été présenté dans la dernière offre du gouvernement au Front commun le 29 octobre. Vous avez d’ailleurs été très clairs là-dessus dans les échanges que j’ai eus avec plusieurs d’entre vous, en vous rencontrant sur les lignes de piquetage. Message reçu!

Le gouvernement nous a fait une offre dérisoire et, en ce moment, il se démène dans un bourbier de chiffres pour ramener le narratif à son avantage. Un manque de transparence qui tourne presque au ridicule. Alors, quand on nous demande si le Front commun fera une contreproposition sur la demande salariale, notre réponse est très claire : non. 

Une contreproposition syndicale sur le salaire? Non.

Si nous avions annoncé, en claironnant pendant plusieurs jours, que nous nous apprêtions à faire une nouvelle offre et, qu’en bout de ligne, nous baissions notre demande de 1,3 % seulement, imaginez les réactions auxquelles nous aurions eu droit! On se serait rapidement fait dire, tant par le gouvernement que dans les médias, que notre démarche manque de sérieux. C’est pourtant exactement ce qui s’est passé il y a deux semaines avec l’offre du Conseil du trésor! Ils peuvent bien faire autant de dépôts qu’ils veulent, cela ne constitue pas pour autant un véritable mouvement pour faire progresser les négociations.

Donc, non, pas de contreproposition sur la demande salariale. Empêcher que les travailleuses et les travailleurs s’appauvrissent, c’est franchement un minimum! 10,3 % de hausse salariale sur 5 ans, ce n’est même pas une base de discussion à l’heure actuelle. 

Le gouvernement peut encore choisir les services publics

La mise à jour économique présentée par le ministre des Finances ce mardi témoigne de la nécessité et de la pertinence d’introduire un mécanisme de protection contre l’inflation. C’est ce que prévoit notre demande d’ailleurs : un automatisme qui assurerait le maintien du pouvoir d’achat, au même titre que plusieurs autres prestations et mesures fiscales. Et surtout, selon les mêmes barèmes!

On le sait, ce n’est jamais le bon moment pour investir dans les réseaux publics. Quand la situation économique est favorable, le gouvernement opte pour des baisses d’impôt et des retours financiers. Quand l’horizon se noircit ou montre un tant soit peu d’instabilité, la prudence requiert qu’on n’engage pas trop de dépenses.

En somme, il semble qu’aux yeux du gouvernement, le bon moment n’existe pas, et c’est justement là le nœud du problème : les salaires de notre monde ne doivent pas être considérés comme une dépense. Quand le gouvernement parle des contribuables, nous en sommes aussi! Et les services que nous dispensons, les Québécoises et les Québécois y ont droit. 

De la faveur de l’opinion publique

Le gouvernement a malheureusement opté pour un scénario très traditionnel pour mener cette négociation. Mais nous, on est ailleurs. Et la population québécoise aussi.

Un sondage Léger publié au lendemain de la grève de lundi confirme que l’opinion publique est derrière les travailleuses et les travailleurs de nos réseaux. Devant les offres du gouvernement et les demandes syndicales expliquées, 47 % des répondantes et des répondants disent appuyer le Front commun, contre 28 % seulement qui appuient la CAQ. Et ça, c’est certain que le gouvernement n’aime pas ça.

Rien ne bouge aux tables actuellement, et, de toute évidence, il mise sur les désagréments de la grève et ses impacts sur le quotidien de la population pour émietter l’appui populaire au grand mouvement du Front commun.

Beaucoup de chiffres circulent déjà, beaucoup d’informations erronées ou biaisées circuleront encore dans les prochaines semaines. Les analyses et les commentaires se multiplieront également. Il y aura plus d’émotivité dans l’air aussi. Les moments les plus difficiles sont à venir.

Depuis le tout début de cette négociation, nous déployons beaucoup d’énergie pour nous assurer de la plus grande transparence possible tout au long du processus, pour vous transmettre l’information juste et le faire rapidement. Réseaux sociaux, site Web de la négo, Info-négo et ici, sur Ma CSQ cette semaine : consultez nos différentes plateformes pour rester informés! 

Nous, d’une seule voix!

Dans vos établissements, avec les collègues du Front commun, continuez de vous informer, de vous mobiliser et de participer aux différentes actions. Cette négociation, c’est la vôtre, d’abord et avant tout.

Au cours des prochaines semaines, plus que jamais, nous aurons besoin de vous. Votre solidarité, votre appui aux équipes de négociation, votre mobilisation dans les milieux et au quotidien font toute la différence.

Continuez de porter le message aussi. Chaque discussion compte pour maintenir l’appui de la population. Quelques jours de grève, c’est dérangeant, mais jamais autant que les conséquences actuelles et à venir si on maintient les réseaux dans leur état actuel! C’est important de le répéter.

Finalement, je termine en vous disant à quel point je suis fier de vous représenter et de porter votre voix! Solidarité!

Photos : Dominic Morissette