Depuis 50 ans, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) représente le personnel de l’éducation qui travaille dans les communautés cries et inuit.

Au fil des années, nous avons pris la mesure des défis que rencontrent les travailleuses et travailleurs non autochtones qui choisissent de travailler dans ces communautés, notamment en ce qui concerne leur rétention au Nord. Nous sommes aussi conscients des défis que relèvent nos membres issus d’une communauté crie ou inuit face aux préjugés des personnes non autochtones.

Un guide pour être sensibilisé aux réalités des communautés

Pour répondre aux questionnements des personnes qui désirent travailler dans une communauté crie ou inuit, la CSQ a préparé deux guides. Ces derniers visent à mieux faire connaître la réalité du Nord et à conscientiser les gens intéressés par cette aventure, notamment au regard des différences entre les modes de vie et la culture des habitants du nord et du sud du Québec.

L’objectif de ces guides : faire en sorte que l’insertion des membres dans leur nouveau milieu de vie et de travail soit une expérience plus enivrante que déstabilisante.

Bienvenue dans le monde de l’éducation en communauté crie et inuit !

Mon nouveau milieu de vie

Autant dans les communautés Inuit que Cris, les territoires desservis par les commissions scolaires s’étendent sur des centaines de milliers de km2, répartit entre plusieurs villages éparpillés dans le nord québécois.

Contrairement aux autres peuples autochtones, les Cris et les Inuit du Québec n’habitent pas dans des communautés anciennement appelées réserves, mais dans des « municipalités de villages ». Chacune des deux communautés possèdent leur organisme de gouvernance qui sont responsables d’offrir divers services publics aux habitants sur le territoire.

Chaque communauté à sa propre commission scolaire. Il y a la commission scolaire Kativik (Kativik Ilisarniliriniq), pour les Inuit, et la Commission scolaire crie. Ces deux commissions scolaires ont été crée en 1975 en vertu de la Convention de la Baie-James, et ont la compétence exclusive de l’enseignement primaire et secondaire, de l’éducation des adultes et de la formation professionnelle.

Les conditions de vie

Mode de vie culturel et économique

Chaque communauté a des défis et des pratiques culturelles et économiques spécifiques, mais nous retrouvons certaines similarités. Depuis de nombreuses années, les deux communautés font face à des changements sociaux, économiques, culturels et politiques qui ont bouleversé leur pratiques ancestrales, leur mode vie, leur culture et leur identité. Ces changements sont grandement issus d’une succession de politiques faites par le gouvernement fédéral dont le prétexte était de faciliter la gestion des territoires Cris et Inuit. De plus, au fil des années, de nombreuses notions provenant de la société allochtone ont été introduites dans les villages, qui durent s’adapter et les intégrer.

Le quotidien

Avant d’arriver dans un village, il est très important de prendre connaissance de certaines réalités qui marquent le quotidien. L’adaptation est différente selon les personnes, mais, en règle générale, les informations suivantes s’appliquent à toutes et à tous. Les saisons, le climat et l’ensoleillement sont bien différents que dans le sud du Québec, il est donc important de s’y préparer.

Le logement

Le logement est aussi un enjeu important et critique dans les communautés. Les logis sont largement insuffisants, inadéquats et surpeuplés, et leur dégradation est donc rapide. Cependant, la situation est quelque peu différente pour le personnel de l’éducation qui vient travailler dans les villages, ce qui produit des tensions qu’on ne doit pas sous-estimer. En effet, les commissions scolaires fournissent des logements de fonction pour les personnes dont la résidence permanente est à plus de 50 km de leur lieu d’affectation. Ce sont des appartements meublés, chauffés et éclairés.

Les transports

Dans les communautés Cris, les villages sont accessibles par la route ou par avion, selon le village. Pour les communauté Inuit, tous les villages sont accessibles par avion seulement. Ces vols sont soumis aux aléas de la température et peuvent être retardés ou annulés.

L’alimentation

Dans tous les villages, le service de restauration est limité. Les produits dans les marchés sont similaires à ceux que vous connaissez, mais à coûts plus élevés. Il est aussi possible de se procurer des produits en provenance du sud.

Soins de santé

Les soins de santé diffèrent selon les communautés et les villages que vous habitez.

Au sein de la communauté cris, chaque village possède un centre Miyupimaatisiiun communautaire (CMC) qui est similaire aux centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS) d’ailleurs au Québec. Les CMC offrent des services de médecine générale, des soins à domicile, des soins dentaires et des services sociaux. Cependant, ces services sont principalement dédiés à la population crie. Ainsi, l’accès aux soins est assez limité.

Dans la communauté inuite, les services de santé changent d’un village à l’autre. Tout de même, tous les villages disposent d’un dispensaire où l’on offre des consultations et des soins médicaux. Cependant, la priorité est donnée à la population locale. De plus, il n’y a pas de pharmacie dans la majorité des villages. Il est possible, mais non garanti, que le dispensaire de votre village puisse prendre des arrangements avec votre pharmacie au sud pour vous procurer vos médicaments

Animaux de compagnie

La présence de son animal de compagnie est, pour certaines personnes, incontournable, ces animaux faisant partie de leur vie. Cette présence peut aussi être un moyen de contrer l’ennui et l’isolement. Il est possible de l’emmener.

L’insertion professionnelle

Au début, le choc

Pour vous, tout sera nouveau parmi les communautés : leur vision du monde, leur histoire, leur rapport aux saisons, leur langue, leurs pratiques culturelles, l’alimentation, la gestion du temps, les rythmes scolaires et l’organisation de la communauté. Ces différences entre vos propres références, vos repères culturels et les manières de vivre et de penser des communautés peuvent être déstabilisantes, surtout au début. Il ne faut pas nier ce choc culturel : il est inévitable.

Un autre choc susceptible de se produire concerne l’adaptation nécessaire pour le personnel aux programmes adoptés par la commission scolaire. À cet égard, l’expertise de collègues est essentielle pour vous aider à comprendre ces différences et à développer les meilleures pratiques pédagogiques adaptées à votre nouveau milieu.

Les apprentissages culturels

Au fil des semaines, vous allez apprivoiser votre nouveau milieu, en comprendre les codes et tranquillement vous adapter au village, mais surtout à l’école et à ses jeunes.

L’appui des collègues

Dans plusieurs milieux, le syndicat ou les collègues organisent des activités d’accueil. Elles sont importantes, car ce contact permet de rencontrer les collègues inuit et non inuit qui seront là au cours de l’année scolaire. Il ne faut pas hésiter à y participer

La construction d’une relation de confiance avec les jeunes

Malgré plusieurs efforts, le système scolaire actuel place les élèves dans un milieu culturel qui diffère du leur. Il y a un large fossé entre le système éducatif en vigueur et le système d’apprentissage cri et inuit. Dans le premier cas, l’apprentissage dépend notamment des habiletés de l’élève en lecture et en écriture. Or dans les communautés, la transmission orale est fondamentale, notamment celle des ainés, et les codes culturels légués structurent l’identité des jeunes.

Le décrochage scolaire des jeunes est symptomatique des difficultés socioéconomiques et culturelles qu’ils traversent.

Vous devez avoir pleinement conscience que vous n’êtes pas là pour changer la culture des jeunes Cris ou Inuit, mais pour leur permettre de poursuivre leur formation et d’atteindre leurs buts, et ce, dans le respect de leur culture. C’est là le principal défi qui vous attend au Nunavik, et il peut être stimulant et générateur de créativité.

Votre syndicat

Pour faciliter votre insertion professionnelle et votre travail au quotidien, votre syndicat local est en mesure de vous fournir des renseignements sur divers aspects de votre travail et sur la convention collective. N’hésitez pas à communiquer avec une conseillère ou un conseiller syndical pour prendre rendez-vous ou échanger.