Cultures et réalités autochtones

Régime forestier: le gouvernement prend un pas de recul

17 juin 2025

Face à la levée de boucliers des Premières Nations et de plusieurs organisations de la société civile, dont la CSQ, la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette-Vézina, a décidé de réviser son projet de loi no 97 qui aurait facilité l’exploitation commerciale des forêts québécoises.

Par Félix Cauchy-Charest, conseiller CSQ

La CSQ se rangeait du côté des communautés autochtones dans leur opposition au projet de loi no 97 (PL97) sur la réforme du régime forestier. Par une résolution adoptée à l’unanimité lors de son conseil général de mai dernier, la Centrale affirme son appui aux gardiens du territoire Nehirowisiw Aski et aux Premières Nations du Québec et du Labrador, qui dénoncent une réforme qu’ils considèrent comme une attaque directe à leurs droits fondamentaux et à leur souveraineté territoriale.

Un projet de loi rejeté par les Premières Nations

Déposé par le gouvernement québécois, le PL97 prétendait moderniser la gestion des forêts publiques. En réalité, il visait à accélérer l’exploitation industrielle des territoires forestiers, sans garantie de consultation adéquate ni de respect des droits ancestraux autochtones. Pour les leaders autochtones, il s’agissait d’une nouvelle tentative de dépossession.

« Ce projet de loi est une gifle à notre souveraineté. Il ouvre la porte à une exploitation intensive sans notre consentement et sans reconnaissance de notre relation millénaire avec le territoire », résumait récemment une représentante Nehirowisiw dans Pivot.

Une mobilisation croissante sur le terrain

Dans plusieurs régions, dont le Saguenay-Lac-Saint-Jean, des communautés autochtones s’organisent pour bloquer les chemins forestiers, surveiller les coupes illégales et documenter la destruction des écosystèmes. Ces gardiens du territoire dénoncent la rapidité avec laquelle les chemins industriels se multiplient, menaçant la faune, les nappes phréatiques et les lieux sacrés.

Un reportage de Radio-Canada a mis en lumière le ras-le-bol des communautés face aux coupes abusives. On y apprend que certains secteurs ont été coupés sans avis aux communautés ni études d’impact. « Il y a une volonté manifeste d’éviter la surveillance, d’aller vite, de raser avant qu’on ait eu le temps de réagir », a déclaré un représentant innu.

Des revendications claires et légitimes

Les chefs de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL) ont demandé le retrait pur et simple du projet de loi. En outre, ils revendiquent :

• le respect des droits ancestraux, tels que garantis par la Constitution canadienne;

• la consultation obligatoire des Premières Nations dans toute planification stratégique de l’usage forestier;

• la protection de la biodiversité et du mode de vie autochtone, en cohérence avec les principes de développement durable;

• la reconnaissance de l’autodétermination des peuples autochtones sur leurs territoires traditionnels.

Ces demandes ne sont pas nouvelles. Elles prennent racine dans des décennies de luttes pour la reconnaissance de la gouvernance autochtone sur le territoire et pour une gestion durable des ressources fondée sur la connaissance écologique traditionnelle.

Un appui syndical en phase avec ses valeurs

En adoptant une motion d’appui, la CSQ pose un geste politique fort. Elle réaffirme l’importance de la solidarité avec les peuples autochtones dans leurs luttes pour la justice, l’environnement et la démocratie territoriale.

« La défense de la forêt boréale est aussi une défense de la dignité humaine, des droits collectifs et de la lutte contre les effets des changements climatiques. Nous avons le devoir de nous tenir debout aux côtés de celles et ceux qui protègent ces territoires », peut-on lire dans les énoncés de principe de la CSQ.

Cet engagement s’inscrit dans une mouvance plus large de solidarité syndicale envers les luttes autochtones, environnementales et sociales, en écho aux valeurs d’autodétermination, de justice climatique et d’équité intergénérationnelle