Éducation, International

Pénurie de personnel enseignant : un appel à l’action lancé par les Nations Unies

6 mars 2024

Pour la première fois depuis plus de cinquante ans, les Nations Unies mettent en lumière les droits, le statut et les conditions de travail des enseignantes et enseignants en publiant une série de recommandations adressées aux gouvernements du monde entier pour renforcer la profession et garantir que le personnel enseignant soit valorisé et respecté.

Par Luc Allaire, conseiller CSQ

Ce moment est historique pour la profession enseignante. Le Groupe de haut niveau des Nations Unies sur la profession enseignante a lancé ces recommandations à Johannesburg, en Afrique du Sud, le 26 février 2024, lors d’un évènement auquel participait la présidente de l’Internationale de l’Éducation (IE), Susan Hopgood. Ces recommandations progressistes sont le résultat d’un plaidoyer soutenu des syndicats et une opportunité unique d’apporter de réels changements pour des millions d’enseignantes, enseignants, étudiantes et étudiants à travers le monde.

Que disent ces recommandations?

Les 59 recommandations phares, qui font écho aux revendications syndicales, appellent à une action urgente des gouvernements afin qu’ils prennent les mesures suivantes :

  • Offrir des salaires compétitifs, équitables et professionnels pour les enseignantes et enseignants, alignés sur ceux d’autres professions exigeant des niveaux d’études similaires;
  • Proposer une formation initiale et un développement professionnel continu de qualité et respecter l’autonomie professionnelle du personnel enseignant;
  • Offrir des environnements de travail qui soient inclusifs, sûrs et non discriminatoires pour le personnel enseignant dans toute sa diversité;
  • Placer les enseignantes et les enseignants ainsi que leurs syndicats au cœur de l’élaboration des politiques relatives à l’éducation. Ils doivent être assis à la table lorsque des décisions sont prises;
  • Faire du rapport entre le personnel enseignant et ses élèves une priorité. Les enseignantes et enseignants doivent jouir de l’autonomie nécessaire pour choisir la technologie la plus adaptée afin de soutenir l’enseignement et l’apprentissage;
  • Assurer un financement équitable de l’éducation et investir durablement dans la profession enseignante afin de mettre fin aux mesures d’austérité qui affectent l’éducation.

« Les recommandations appellent à la création de commissions nationales réunissant syndicats de l’éducation et gouvernements pour résoudre les problèmes vitaux de l’éducation et assurer le suivi de la mise en œuvre de ces recommandations », a dit le secrétaire général de l’IE, David Edwards.

Quelles sont les prochaines étapes?

Ces recommandations sont le résultat des actions de plaidoyer incessantes des syndicats, et notamment de l’IE dont la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) est membre. L’IE est la fédération syndicale mondiale qui réunit des organisations syndicales de l’éducation du monde entier. Grâce à ses 383 membres, elle représente plus de 32 millions d’enseignantes, d’enseignants et de membres des personnels professionnels et de soutien à l’éducation dans 178 pays et territoires. 

« Nous devons continuer à nous organiser, à nous mobiliser et à appeler les gouvernements à transformer ces plaidoyers en réalité », affirme la présidente de l’IE, Susan Hopgood. Cela est d’autant plus important que le problème des pénuries d’enseignantes et enseignants ne concerne pas une région en particulier. Elles affectent tous les pays du monde, tant dans les pays du Nord que dans les pays du Sud.  

Selon l’UNESCO, le problème s’aggrave du fait que « les taux d’attrition des enseignantes et enseignants du primaire ont presque doublé au niveau mondial entre 2015 et 2022, passant de 4,6 % à 9 %, les enseignantes et enseignants cessant souvent d’exercer leur profession dans les cinq premières années ». 

« Pour atteindre l’objectif ambitieux d’une éducation de qualité pour tous d’ici 2030, un nombre vertigineux de 44 millions de nouveaux enseignants du primaire et du secondaire à travers le monde sera nécessaire », révèle le Rapport mondial sur les enseignants de 2024 de l’UNESCO.

L’heure est venue de nous organiser, de nous mobiliser et d’unir nos forces pour démontrer l’importance de l’éducation publique et veiller à ce que les gouvernements financent pleinement l’éducation et mettent en œuvre ces recommandations.