Éducation

Hausse de la violence en milieu scolaire : il faut agir rapidement

19 juin 2025

Ce sont 59,4 % des professionnelles et professionnels de l’éducation du préscolaire et primaire qui constatent que le réseau scolaire est plus violent qu’il y a 5 ans. Plus d’un membre du personnel sur deux fait le même constat pour l’ensemble du réseau.

C’est ce qui ressort de l’étude menée auprès de 2 339 membres du personnel professionnel de l’éducation qui ont participé à un récent sondage de la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE), affiliée à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).

Des chiffres qui parlent

Plusieurs personnes sondées notent en effet que les jeunes élèves fréquentant le préscolaire et le premier cycle du primaire manifestent de plus en plus des comportements agressifs, surtout des gestes physiques, envers le personnel : « Je remarque une plus grande violence chez nos petits de la maternelle, ce que je ne voyais pratiquement jamais avant la pandémie. »

Faits saillants

  • L’enquête de la FPPE rapporte que, pour l’ensemble du personnel professionnel, c’est une personne sur deux, soit 52,5 % des répondantes et répondants qui observent une hausse de la violence en milieu scolaire.
  • Près de la moitié des personnes sondées, soit 47 %, ont vécu de la violence verbale de la part des élèves dans les 6 derniers mois.
  •  Quant aux autres formes de violence, il s’agit de près du tiers des professionnelles et professionnels qui mentionnent avoir subi de la violence physique et psychologique, respectivement 29,5 % et 23,4 % commise par les élèves à leur endroit.
  • Enfin, 67 % des répondantes et répondants ont été témoins d’agressions de la part des élèves envers les membres du personnel enseignant ou de soutien scolaire depuis le mois d’octobre 2024.
  • Le sondage, mené entre le 3 et le 25 avril 2025 auprès de 2 339 professionnelles et professionnels de l’éducation, a été réalisé en ligne à partir de l’outil de sondage SurveyMonkey. Le taux de participation est estimé à 18 % des membres de la FPPE (CSQ). Le rapport complet peut être consulté sur le site Web de la FPPE au www.fppe.ca.

« Les actes violents commis par les élèves représentent souvent des réactions impulsives, des gestes défensifs ou agressifs qui sont des réponses inadaptées à des besoins non résolus ou à des frustrations qui ne portent pas une intention de blesser au préalable. En signifiant à l’élève le caractère inacceptable de son geste et en identifiant la source et la nature du comportement, il devient possible d’intervenir et d’agir tôt afin de prévenir et d’accompagner plus efficacement l’élève. Il est essentiel de promouvoir l’empathie, la tolérance et le respect », affirme Jacques Landry, président de la FPPE-CSQ.

Prévenir la violence dans les milieux

Pour Jacques Landry, président de la FPPE (CSQ), ces résultats viennent réaffirmer l’importance d’agir tôt et en prévention auprès des plus jeunes élèves : « Les professionnelles et professionnels œuvrent à l’amélioration du climat scolaire et offrent du soutien émotif et psychodéveloppemental aux élèves présentant des comportements agressifs. C’est le travail en équipe multidisciplinaire qui permet de prévenir, d’identifier et de comprendre les besoins d’un élève. »

Appelés à commenter le sondage, bon nombre de répondantes et répondants mentionnent le manque de temps, de ressources humaines et financières pour mieux agir sur la prévention de la violence et accompagner les milieux scolaires. Plusieurs soulignent que les interventions sont souvent réactives plutôt que proactives, et les suivis à la suite d’incidents sont jugés insuffisants.

Une rétention de plus en plus difficile

« Les professionnelles et professionnels souhaiteraient davantage faire une différence significative auprès des élèves et du personnel, mais ces actions ne sont possibles que si les ressources professionnelles sont présentes dans les établissements du réseau scolaire. Or, les plus récentes données du tableau de bord de l’éducation démontrent les difficultés persistantes à attirer et retenir le personnel professionnel dans le réseau scolaire, notamment chez les psychologues, les psychoéducateurs et les orthophonistes. », poursuit monsieur Landry.

Prendre action

Dans son rapport, la FPPE recommande en effet de renforcer la prévention en milieu scolaire par la création d’équipes multidisciplinaires, l’accompagnement du personnel, et la mise en place de mesures universelles dès la petite enfance. Elle propose aussi d’adapter les environnements scolaires pour favoriser un climat sécuritaire.

Elle souligne l’importance d’attirer et de retenir les professionnelles et professionnels en valorisant leur expertise et en favorisant des conditions de travail collaboratives. Une meilleure compréhension du contexte des élèves permettrait d’intervenir plus efficacement et de manière proactive.

On ne baisse pas les bras

Enfin, la FPPE demande un environnement de travail sain et sécuritaire pour le personnel scolaire, incluant un meilleur soutien aux victimes de violence, un encadrement des élèves instigateurs et une collaboration accrue avec les services sociaux et de santé.

« Il y a de l’espoir pour le milieu scolaire, je refuse de baisser les bras. Le ministère de l’Éducation doit comprendre l’urgence d’agir maintenant pour attirer et retenir du personnel professionnel en milieu scolaire, pour protéger tous les élèves et l’ensemble du personnel », conclut Jacques Landry.