Un peu d’histoire

Dans l’histoire, les réalisations des hommes sont largement documentées, tandis que celles des femmes restent souvent invisibles. Pourtant, quand on y regarde de plus près, on découvre qu’elles ont joué à travers les époques un rôle bien plus vaste que celui de la sphère familiale.

Des recherches archéologiques récentes ont permis de découvrir que, il y a 9 000 ans, les femmes chassaient elles aussi le grand gibier dans les Andes. Ce type de découverte amène un nouveau regard sur la division sexuelle du travail dans la préhistoire, où l’égalité était possiblement plus présente qu’à notre époque.

Quelques millénaires plus tard, au Moyen-Âge, la société se divisait plutôt selon les classes sociales que selon le genre. Certaines femmes pouvaient ainsi hériter de pouvoir et d’autorité, comme Mathilde de Toscane, devenue l’une des plus puissantes seigneuresses d’Italie. Propriétaire de vastes domaines, cette princesse et chevaleresse a porté une armure et a livré bataille lors de la Querelle des Investitures au XIe et XIIe siècles.

Mais à la fin du XVe siècle, les valeurs bourgeoises ont progressivement restreint l’accès des femmes au travail, les confinant à la sphère domestique.

C’est donc l’histoire de plusieurs siècles consécutifs d’exclusion et de dévalorisation que l’on tente aujourd’hui de déconstruire lorsqu’il est question de reconnaître le travail de celles qui accompagnent et prennent soin.

Qu’entend-on par « emplois du prendre soin et de l’accompagnement »?

Dans le cadre de ce balado, nous avons interrogé des spécialistes sur la définition des emplois du prendre soin et de l’accompagnement. Voici ce qu’ils nous ont répondu :

Une sous-valorisation persistante

Quels sont les emplois du prendre soin et de l’accompagnement? Ce sont ceux que l’on retrouve dans les secteurs de la santé, de l’éducation et du milieu communautaire. Ces secteurs sont majoritairement composés de femmes.

Les emplois du prendre soin et de l’accompagnement peinent à être reconnus à leur juste valeur. Historiquement, les femmes, par le rôle que la société leur permettait de jouer, accomplissaient ces tâches gratuitement.

Pensons aux femmes des communautés religieuses qui ont bâti notre réseau de santé en créant les premiers hôpitaux, en assurant leur administration et en offrant des soins. Lorsque les femmes ont ensuite intégré le marché du travail, elles ont continué à être moins bien rémunérées, même lorsqu’elles exerçaient les mêmes fonctions que leurs collègues masculins.

Et si les femmes faisaient la grève?

Imaginez une grève des femmes : aucune présence au travail, aucune tâche domestique ou responsabilité familiale réalisée. Combien de temps la société tiendrait-elle sans elles, alors qu’elles composent 96 % du personnel des services éducatifs à l’enfance et 87 % du personnel enseignant du préscolaire et du primaire?

« Sans ce travail, nous pourrions raisonnablement penser que la structure sociale et économique imploserait (Hallée et Delattre, 2021).

Ces mouvements de grèves sont l’occasion pour les femmes de se solidariser et d’influencer le débat public. Elles ont permis aux femmes de faire des gains importants au fil de leur lutte.

Sans qu’il s’agisse d’une grève des femmes à proprement parler, le Québec a lui aussi connu des mobilisations féministes importantes, dont la Marche du Pain et des roses (1995). Cet événement a été l’aboutissement d’une lutte menée par les organisations syndicales et les groupes de défense des droits des femmes pour l’obtention d’une loi sur l’équité salariale.

La métaphore de la cage

Dans ses écrits, la philosophe Marilyn Frye illustre les obstacles rencontrés par les femmes à l’aide de la métaphore de la cage : comme des oiseaux, les femmes sont en quelque sorte captives. Chaque barreau représente un enjeu qui les empêche de sortir, d’avancer. Regarder un seul barreau à la fois nous empêche de voir l’image entière, ce qui nous laisse l’impression qu’il est facile de le contourner. Prendre le temps de voir l’ensemble des barreaux, et donc des enjeux, nous permet de mieux comprendre le fonctionnement structurel de cette discrimination.

C’est ce que nous vous proposons à travers l’ensemble des épisodes de ce balado.

Entrevues avec des spécialistes sur le terrain

Amélie Lemay, enseignante au département d’éducation à l’enfance au Cégep de Drummondville

 

Claudine Blouin, orthophoniste au Centre de services scolaire de la Capitale

Entrevue avec une spécialiste en recherche

Camille Robert, doctorante en histoire à l’Université du Québec à Montréal, autrice et conférencière