1. Mettre fin au statu quo, oui. Mettre fin au réseau public, non.

Le 29 mars dernier, le gouvernement du Québec publiait son imposant projet de loi no 15 (PL15), Loi visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace. 

Selon la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), si les changements au système de santé québécois semblent essentiels, et même urgents, la portée des mesures proposées dans le PL15 requiert que nous prenions le temps nécessaire pour bien réfléchir et débattre des diverses propositions mises au jeu.

L’importance des défis à relever pour assurer le droit à la santé pour tous nous impose cette responsabilité. Les besoins de la population sont trop grands pour se précipiter et faire fausse route, encore une fois.

Avec ce plan, le gouvernement prétend vouloir améliorer le système de santé en créant une nouvelle société d’État : Santé Québec. Sa mission serait d’offrir des services de santé et des services sociaux par l’entremise d’établissements publics, mais aussi de coordonner et de soutenir financièrement l’offre de ces services par les établissements privés. La CSQ souhaite, au contraire, que le recours au privé soit exclu et que le personnel qui y œuvre soit intégré aux équipes du secteur public.

Oui au changement, mais pas à n’importe quel prix

Le projet de loi no 15 accentuera la privatisation tout en limitant la démocratie syndicale. Toutes et tous conviennent que des changements majeurs sont nécessaires dans le système de santé actuel. Cependant, avant de chambouler le réseau, il faut réfléchir sérieusement aux importants enjeux de gouvernance démocratique, de privatisation accrue et de démocratie syndicale.

2. Un Plan santé pour privatiser?

Le ministre de la Santé, Christian Dubé, affirme vouloir faire « une place intelligente au privé en santé ». Il compte notamment :

  • Recourir davantage aux services des cliniques médicales privées;
  • Mieux encadrer le recours aux agences privées de placement;
  • Confier la gouvernance de Santé Québec à des gestionnaires du secteur privé.

Le privé occupe déjà une place grandissante dans le réseau de santé québécois. Pourtant, il y a toujours d’importants problèmes d’accès, et les coûts ne cessent de grimper.

Plutôt que d’être la solution, la privatisation est l’un des problèmes à résoudre et cause de nombreuses difficultés qui réduisent l’efficacité de notre système public :

  • Optimisation de la facturation;
  • Manque de transparence;
  • Reddition de comptes ardue;
  • Sélection des interventions plus lucratives accaparant une part croissante des ressources limitées au détriment des autres services essentiels;
  • Cas complexes et complications qui ne sont pas pris en charge, etc. 

L’universalité de l’accès au système de santé et de sa gratuité sont les fondements d’une société juste et solidaire. Cela implique un financement entièrement public ainsi qu’une gestion et une prestation publiques des soins et des services.

3. Notre vie syndicale, on y tient 

La liberté d’association est un droit fondamental d’une société libre et démocratique. Elle permet aux travailleuses et travailleurs de revendiquer ensemble de meilleures conditions de travail et d’exercer un rapport de force juste et équitable.

Malheureusement, le PL15 semble être une volonté affirmée du gouvernement d’utiliser son pouvoir législatif afin de réduire le rapport de force des syndicats de la santé. En misant sur un employeur unique national, le gouvernement pourrait imposer des conditions de travail qu’il ne peut pas obtenir par la négociation en bonne et due forme, tout en anéantissant les pratiques locales et régionales.

Si le Québec est un des endroits où l’on vit le plus vieux au monde, c’est parce qu’il y a un système de santé public qui est porté par l’ensemble du personnel. Les travailleuses et travailleurs doivent sentir qu’on leur accorde la confiance, le respect et l’autonomie nécessaires et que l’on ne cherche pas à s’attaquer à leurs droits collectifs et individuels.

4. Notre localité, nos priorités!

La CSQ et ses affiliés considèrent qu’aucune approche « mur à mur », centralisée, ne peut répondre adéquatement aux besoins et aux défis particuliers des différentes régions du Québec.

Dans la version actuelle du PL15, aucune instance officielle ne semble avoir la responsabilité de coordonner l’ensemble des travaux visant à bien cerner et à mieux répondre aux besoins sociosanitaires des communautés.

Le gouvernement du Québec doit redonner, aux communautés et aux milieux de soins, les leviers décisionnels et les ressources qui leur permettront d’agir rapidement et d’assurer leur sécurité. La planification de proximité et la rapidité d’action seront nos meilleures protections lors des prochaines crises sanitaires ou des situations d’urgence.

En ce sens, la CSQ recommande l’ouverture et la transparence dans le PL15 et son agence Santé Québec.

Ouverture

La gestion des risques par la Santé publique doit permettre aux parties intéressées et touchées de participer au processus afin qu’elles puissent exprimer leur point de vue, faire connaître leurs perceptions et leurs préoccupations face à la situation, contribuer à la recherche de solutions et influencer les décisions de gestion.

Transparence

La gestion des risques par la Santé publique doit assurer un accès facile et le plus rapide possible à toute l’information critique et à toutes les explications pertinentes pour les parties intéressées et touchées, tout en respectant les exigences légales de confidentialité.

Pour s’informer davantage

Projet de loi no 15 – Pour une réaffirmation forte du caractère public du système de santé et de services sociaux