Santé

Une occasion manquée de réaffirmer l’importance du réseau public

20 juin 2017

Montréal, le 20 juin 2017. – Le 19 septembre dernier, le ministère de la Santé et des Services sociaux annonçait sa volonté d’améliorer l’organisation des soins et des services offerts aux personnes aînées du Québec dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) ainsi qu’à domicile.
La démarche proposée par le ministre Barrette avait pour objectif d’identifier les meilleures pratiques dans les établissements et les milieux dits les plus performants afin d’élaborer des orientations ministérielles qui devaient être rendues publiques dès le printemps 2017. Pour la Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ), il va de soi que la qualité des soins et des services offerts aux personnes aînées est intimement liée aux conditions d’exercice du personnel de la santé et des services sociaux, conditions qui ne cessent malheureusement de se détériorer.
Des forums de consultation sourds à de nombreuses réalités
La FSQ-CSQ réclame de réelles consultations publiques élargies, où l’ensemble des acteurs clés pourraient mettre à contribution leur réflexion et leurs propositions de pistes d’action.
Les discussions actuelles, menées entre « spécialistes », apparaissent déconnectées de la réalité et très loin des besoins et des préoccupations des différents acteurs concernés. La FSQ-CSQ déplore que la situation du personnel soignant ne fasse d’ailleurs pas partie des préoccupations et des discussions.
Par ailleurs, le processus souffre d’un important déficit démocratique, les invitations ayant été envoyées à un peu plus d’une semaine de l’événement et la formule retenue ne favorisant aucunement la participation, les échanges et la discussion. En somme, le cadre, la forme et le fond semblaient décidés d’avance et donnaient l’impression que le ministre ne cherche qu’à légitimer ses politiques sans consulter véritablement.
Un sous-financement chronique qui doit rapidement être corrigé
Considérant le fait que la population du Québec est vieillissante, il est évident que nous ferons face à court terme à une augmentation des besoins (de 4 à 5 % par année, selon les experts).
Lorsqu’on sait que près de 3 000 personnes sont toujours en attente d’une place en CHSLD au Québec, il devient urgent de cesser le sous-financement chronique qui afflige le réseau afin de répondre aux besoins de la population.
Difficile d’expliquer alors que l’enjeu d’un meilleur financement des services publics de santé et de services sociaux n’ait pas été débattu.
Des personnes proches aidantes épuisées
Plus que jamais, le gouvernement compte sur les familles pour compenser l’insuffisance des services due au sous-financement chronique des soins à domicile. Au-delà de 1,5 million de personnes proches aidantes au Québec, majoritairement des femmes, subissent les conséquences de ces décisions politiques.
Cette expérience peut être parfois éprouvante pour les proches qui se voient tout d’un coup imposer de lourdes responsabilités et qui vivent toute une gamme d’émotions. Émotions et responsabilités. Les personnes proches aidantes doivent être accompagnées dans cette démarche et doivent avoir accès aux ressources nécessaires pour leur offrir aide et répit.
Le virage amorcé par le ministre vers un accroissement du maintien à domicile ne doit surtout pas se traduire par une obligation, en raison d’un soi-disant manque de ressources, de maintenir une personne à domicile, imposant alors un fardeau aux proches aidants.
Un personnel soignant surchargé et également épuisé
L’imposition de près de 2 milliards de dollars de compressions budgétaires au système public de santé, combinée aux effets de la réforme du système de santé et des services sociaux imposée il y a deux ans, entraînent des dérives qui minent la qualité des services :

  • Abolition de postes et non-remplacement des postes vacants qui occasionnent une surcharge de travail dommageable pour le personnel et les usagères et les usagers;
  • Recours croissant aux équipes volantes afin de forcer la flexibilité et la mobilité de la main-d’œuvre, qui met en péril la stabilité des équipes soignantes;
  • Ratios personnels en soins-patients parfois très inquiétants;
  • Etc.

Dans un tel contexte, il n’est pas surprenant que l’épuisement des équipes de soins à domicile se fasse de plus en plus sentir sur le terrain. Le manque criant d’effectifs, combiné à de nouvelles responsabilités professionnelles, à des temps de déplacement parfois beaucoup plus importants, à la gestion d’imprévus et d’urgences qu’il faut prioriser dans l’horaire de travail, aux absences non remplacées et aux heures supplémentaires imposées de plus en plus fréquemment, est, selon la FSQ-CSQ, un enjeu prioritaire.
Si le ministre Barrette croit réellement à notre réseau public de santé, il doit lui assurer les ressources dont il a besoin pour continuer d’exister et d’offrir des soins et des services de qualité à l’ensemble des patients qui en ont besoin, et ce, partout au Québec!
Pour consulter l’avis de la Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ) transmis au ministère de la Santé et des Services sociaux dans le cadre du Forum sur les meilleures pratiques en soutien à domicile, cliquez ici.
Profil de la FSQ-CSQ
La Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ) représente plus de 5 000 infirmières, infirmières auxiliaires, et inhalothérapeutes travaillant dans des établissements de tous les secteurs de la santé : centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS), centre hospitalier de réadaptation, centre de réadaptation en dépendance et Héma-Québec. Elle est membre de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) qui représente plus de 200 000 membres, dont près de 130 000 dans le secteur public.