Société

Une attaque contre les personnes les plus vulnérables

30 mars 2012

Montréal, le 29 mars 2012. – Réagissant au dépôt du premier budget du gouvernement conservateur majoritaire, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) a déploré les compressions budgétaires injustifiées de 5,2 milliards qui se traduiront immanquablement par une dégradation des services publics et une détérioration des conditions de vie des personnes les plus vulnérables, comme les personnes âgées ou sans emploi.
« Les conservateurs n’en ont pas soufflé mot pendant la campagne électorale de mai dernier, ils ont donné l’assurance l’automne qu’ils ne toucheraient pas aux transferts aux personnes. Mais dans ce premier budget d’un gouvernement majoritaire, les conservateurs de Harper s’en prennent aux personnes âgées, en dégradant le programme fédéral de la sécurité de la vieillesse qui constitue, au Canada, le régime d’assistance de base aux aînés. C’est indécent », a déclaré Mme Louise Chabot, 1re vice-présidente de la CSQ, en prenant connaissance du budget fédéral déposé aujourd’hui.
Ces changements sont préoccupants puisqu’ils viendront chambarder toute la planification financière pour la retraite. Autant le directeur parlementaire du budget, Kevin Page, que le Bureau de l’actuaire en chef ont soumis des avis pour indiquer que le programme de la sécurité de la vieillesse est viable et soutenable même si son coût augmentera quelque peu au cours du prochain quart de siècle. En incorporant certaines bonifications, ce coût passerait de 2,2 % du produit intérieur brut (PIB) (36 milliards en 2010) à 3,2 % du PIB en 2036, avant de redescendre. Il n’y a là rien qui soit alarmant ou impossible à gérer.
Des réductions qui mettront à mal le budget des provinces
La CSQ déplore également la confirmation dans ce budget des réductions annoncées au chapitre du financement de la santé, l’absence de bonification des transferts fédéraux pour les programmes sociaux, particulièrement pour l’enseignement supérieur, et la fermeture du gouvernement fédéral à toute discussion sur la formule de péréquation.
Déjà, comme l’a signalé le directeur parlementaire du budget, les changements apportés par le fédéral au financement de la santé mettront à mal les finances des provinces. « Avec de tels changements, il ne faudra pas se surprendre de voir s’accentuer un régime à deux vitesses dans la santé, un pour les riches et un pour les pauvres », déplore Louise Chabot.
D’autres compressions qui cachent les penchants idéologiques conservateurs
Quant aux compressions budgétaires, la CSQ y voit l’expression des penchants idéologiques du gouvernement conservateur. Il s’en prend en particulier aux organismes culturels, comme Radio-Canada/CBC, Téléfilm Canada et l’Office national du film (ONF) qui subiront des compressions de 10 % de leur budget. L’aide internationale sera aussi amputée de 378 millions, soit 9,7 %. La stratégie de croissance des conservateurs ignore les travailleurs en refusant de reconduire le programme de temps partagé. « Jusqu’où ce gouvernement ira-t-il pour dégrader l’image extérieure du Canada ? », a demandé Mme Chabot.
Augmentation du financement pour l’éducation des Premières nations
Dans toute cette panoplie de mauvaises nouvelles, la CSQ accueille favorablement l’augmentation du financement du système d’éducation des Premières nations. « Toutes les sommes supplémentaires pour améliorer le système d’éducation sont les bienvenues, même si elles demeurent insuffisantes. Il faut rappeler que le taux d’analphabétisme fonctionnel est 4 fois plus élevé que le taux québécois, la mortalité infantile est 3 fois et demie plus grande, que le taux de suicide est 6 fois plus élevé pour les moins de 20 ans, et que les revenus sont inférieurs de 33 %. Conséquence de cette situation : 49 % des jeunes autochtones n’ont pas obtenu leur diplôme d’études secondaires », ajoute Louise Chabot.
Pour la CSQ, ce budget est décevant, car il témoigne d’une idéologie et d’une vision qui ne sont pas les nôtres. « Si le gouvernement s’était abstenu de dilapider ses revenus en baisses d’impôts pour les entreprises, en faisant passer le taux d’impôt sur les profits de 22 % en 2007 à 15 % cette année, nous n’en serions pas là. Si le gouvernement renonçait à l’achat d’une flotte de chasseurs F-35, une quincaillerie militaire qui n’est pas au point, dont l’utilité est douteuse et dont les coûts gonflent sans cesse, les dépenses sociales pourraient être financées adéquatement et les services publics maintenus. C’est un budget qui traduit les choix antisociaux des conservateurs », conclut Louise Chabot.
Profil de la CSQ
La CSQ représente plus de 190 000 membres, dont près de 130 000 font partie du personnel de l’éducation. La Centrale est l’organisation syndicale la plus importante en éducation au Québec. La CSQ est également présente dans les secteurs de la santé et des services sociaux, des services de garde, du municipal, des loisirs, de la culture, du communautaire et des communications.