Syndicalisme
Un salaire pour les stagiaires : des centaines d’étudiantes et d’étudiants se mobilisent
12 novembre 2025
Le 10 novembre dernier, des centaines d’étudiantes et d’étudiants ont manifesté à Montréal et à Québec pour réclamer la rémunération de tous les stages. Soutenu par la CSQ, le mouvement étudiant dénonce une injustice qui perdure : le travail gratuit, concentré en grande partie dans des secteurs à prédominance féminine, demeure invisible et dévalorisé.
Par Audrey Parenteau, rédactrice en chef
Photos : Félix Cauchy-Charest et Étienne Richer, conseillers CSQ
Une inégalité bien ancrée
Chaque année, plus de 120 000 personnes effectuent un stage dans le cadre de leur formation collégiale ou universitaire. Or, seule une minorité reçoit un salaire. La plupart des stages rémunérés se trouvent dans des domaines traditionnellement masculins, comme le génie, l’informatique ou les sciences. Pendant ce temps, les secteurs de l’éducation et de la santé, où les femmes sont majoritaires, concentrent à eux seuls plus de 60 % des stages non rémunérés.
« Ce n’est pas pour faire du bruit, mais pour rappeler une injustice que tout le monde connaît », a dit Sadou Diallo, président de l’association étudiante qui représente l’ensemble de la communauté étudiante de l’Université du Québec à Chicoutimi (MAGE-UQAC), dont Radio-Canada rapporte les propos. Avec d’autres étudiantes et étudiants venus de partout à travers le Québec, Sadou Diallo a bravé la tempête avec des collègues de l’UQAC pour réclamer la fin d’un système qui, selon eux, exploite leur travail.
« Sans salaire, on maintient les étudiantes et étudiants dans la précarité, rappelle le Syndicat national des stagiaires en éducation (SNSQ-CSQ). Ne pas rémunérer les stages entretient également les inégalités. Les entreprises et le secteur public profitent d’une main-d’œuvre gratuite ou bon marché, pourtant qualifiée et essentielle à l’évolution des pratiques et à la transmission des savoirs. »
Un enjeu féministe et syndical
La non-salarisation des stages n’est pas qu’une question économique, selon le mouvement étudiant : c’est aussi un enjeu de justice sociale et d’égalité entre les sexes. Les femmes représentaient près de 74 % des stagiaires du collégial et 64 % de l’université en 2017-2018. « Refuser de rémunérer les stages, c’est perpétuer la dévalorisation du travail du prendre soin et de l’accompagnement [appelé le travail du care], encore majoritairement assumé par les femmes », affirme la CSQ. Ce travail gratuit, pourtant essentiel au bon fonctionnement de la société, demeure invisible et sous-estimé.
Les associations étudiantes et la CSQ réclament la salarisation et la syndicalisation de tous les stagiaires, que ces personnes soient en enseignement, en travail social, en soins infirmiers et dans d’autres domaines d’études. Pour elles, le message est clair : un stage, c’est du travail… et tout travail mérite salaire.
Voyez des images de la mobilisation de Montréal et de Québec.
En savoir plus
Consultez le site du SNSE-CSQ pour en connaître davantage sur les enjeux touchant la salarisation et la syndicalisation des stagiaires : Un salaire pour les stagiaires – CSQ