Environnement

Un monde numérique, risques et occasions

18 avril 2024

La session nationale du mouvement ACTES a eu lieu les 11 et 12 avril derniers sur le thème « Un monde numérique, risques et occasions ». Plus d’une centaine de membres de partout au Québec se sont rassemblés au campus de l’Université de Sherbrooke à Longueuil pour en apprendre davantage sur la façon dont le numérique est appelé à transformer – et transforme déjà – leur pratique professionnelle et leur engagement militant.  

Par Dominique Bernier, conseillère CSQ  

En ouverture, une table ronde composée de quatre spécialistes a permis de se familiariser avec les concepts clés liés au numérique et d’explorer en profondeur les occasions et les risques entraînés par cette profonde mutation sociale. 

Les multiples impacts du numérique 

Première intervenante à prendre la parole, Daria Marchenko, fondatrice de l’Ecoist Club, a abordé d’entrée de jeu les impacts socio-environnementaux de l’industrie numérique : la pollution invisible (CO2, déchets électroniques, etc.) ainsi que les risques sociaux tels le temps d’écran et la fracture numérique divisant la société entre celles et ceux qui ont accès à la technologie – que ce soit en termes de ressources financières ou de littératie numérique – et celles et ceux qui ne l’ont pas. Pour ces derniers, il est de plus en plus difficile d’avoir accès à certains services essentiels. Pour Mme Marchenko, la solution passe entre autres par la sobriété numérique et l’écoconception Web. 

Des enjeux particuliers en éducation 

L’anthropologue et conseillère en pédagogie numérique chez Collecto, Florence Sedaminou Muratet, a traité plus spécifiquement les enjeux du numérique en éducation. Pour elle, les écarts numériques dans le système éducatif sont un enjeu de justice sociale qu’il convient d’aborder en se concentrant sur une plus grande équité en éducation, notamment en comprenant mieux les biais algorithmiques du point de vue technologique et en tenant compte des facteurs humains, institutionnels et sociétaux. Elle affirme qu’il est plus important que jamais de réfléchir aux impacts des environnements numériques sur la construction de l’identité, notamment en termes de diversité et d’inclusion. 

Le poids écologique du numérique 

Alexandre Thèves, responsable numérique chez Davidson et membre de l’organisme environnemental les Shifters, a ensuite permis aux participantes et aux participants d’approfondir leur compréhension des impacts environnementaux du numérique actuels et futurs en résumant le dernier rapport du Shift Project sur les perspectives d’évolution des impacts du système numérique, notamment l’empreinte environnementale concernant l’adoption massive de l’IA générative. Ce fut l’occasion de mener une réflexion sur la technocritique, les choix et les arbitrages démocratiques à imaginer relativement à l’acceptation d’une nouvelle technologie. 

Capitalisme numérique 

Enfin, Jonathan Durand Folco, philosophe et professeur agrégé à l’École d’innovation sociale Élisabeth-Bruyère à l’Université Saint-Paul, à Ottawa, a apporté un éclairage important sur la manière dont le capitalisme façonne un développement du numérique antisocial et écocide. Impact écologique, mais aussi effritement des démocraties, exploitation accrue des travailleurs et travailleuses du Sud global par le travail digital sont au nombre des impacts recensés. Un important rappel de l’importance de mettre le développement de ces technologies au service du bien commun plutôt que de l’enrichissement des actionnaires. 

Des pistes pour éviter les pièges du numérique 

Dans le cadre de la session nationale, les membres présents ont pu participer à un ateliercauserie intitulée Éduquer à une citoyenneté éthique à l’ère du numérique visant à les amener à réfléchir sur les façons de saisir les occasions et d’éviter les pièges associés au numérique dans leur pratique professionnelle et dans le déploiement du Mouvement ACTES dans leurs milieux. Animé par Alexandra Fortin, journaliste et spécialiste des technologies numériques, cet atelier a permis de dresser un tableau des opportunités offertes par le numérique en éducation, mais aussi dans l’action militante.  

Par la suite, trois blocs de présentation ont nourri les échanges sur les risques associés au numérique, soit une vision technocratique et économiciste de l’éducation, les impacts des technologies en matière d’environnement et le cas de l’Afrique de l’Ouest, où différentes initiatives tentent de développer l’éducation numérique alors que la population peine à combler ses besoins essentiels. 

Avec les années, le numérique s’est immiscé dans toutes les sphères de nos vies, pour le meilleur et pour le pire. Et ce n’est pas près de changer! Cette session nationale aura, sans l’ombre d’un doute, dexploréer les occasions offertes par les technologies de l’information, ainsi que les risques qui y sont associés, notamment en lien avec l’écologie, la solidarité, la démocratie et le pacifisme, afin de faire des choix plus éclairés.