Pour la Coalition solidarité santé, la population du Québec n’a aucune raison de fêter en ce vendredi 1er avril, jour marquant le premier anniversaire de l’entrée en vigueur de la Loi modifiant l’organisation et la gouvernance du réseau de la santé et des services sociaux, notamment par l’abolition des agences régionales.

Montréal, le 1er avril 2016. – Pour la Coalition solidarité santé, la population du Québec n’a aucune raison de fêter en ce vendredi 1er avril, jour marquant le premier anniversaire de l’entrée en vigueur de la Loi modifiant l’organisation et la gouvernance du réseau de la santé et des services sociaux, notamment par l’abolition des agences régionales.
« Le ministre aura beau répéter que tout va bien, au ras des pâquerettes ce ne sont que compressions, coupures et non-remplacement de personnel, diminution de services et réduction d’accessibilité », déclare Jacques Benoit, coordonnateur de la Coalition.
La Coalition rappelle que bien que le projet de loi ait été critiqué, décrié et rejeté en commission parlementaire par la grande majorité des personnes, organisations et associations professionnelles œuvrant dans le domaine de la santé et des services sociaux, y compris des chercheurs réputés, le ministre Barrette et son gouvernement en avaient forcé l’adoption par un bâillon, le 7 février 2015.
Les perdants
Pour Solidarité santé, ce sont les usagères et usagers ainsi que leurs proches qui en subissent les contrecoups : coupes dans les menus des CHSLD, dans l’aide à domicile, dans les bains, augmentation des listes d’attente, etc.
« Les directions d’établissements parlent d’harmonisation des services et des soins, mais ce qu’ils harmonisent et normalisent, ce sont les compressions dans les services et les soins, se révolte Jacques Benoit. Et le personnel est pressé comme un citron, au point d’y laisser sa santé. »
La Coalition déplore que la population ne puisse plus se fier aux gestionnaires du réseau public pour défendre et faire valoir ses besoins. « Le projet de loi no 10 (PL 10) a permis que le ministre nomme ou démette tous les PDG et leurs adjoints. Dans ces conditions, on ne peut pas s’attendre à ce qu’ils fassent quelques critiques ou revendications que ce soit », fait remarquer M. Benoit.
La Coalition établit au passage un lien direct entre la dégradation de la capacité du système public à répondre aux besoins et l’abolition du Commissaire à la santé et au bien-être. « Sans cette institution indépendante pour évaluer les impacts de ses réformes, le ministre Barrette aura les coudées franches pour affirmer que tout va bien et continuer son entreprise de démolition de notre réseau public, fulmine M. Benoit. Comme citoyens québécois, nous sommes tous perdants. »
Les gagnants
La Coalition dénonce le fait que les réformes forcent la population à se tourner vers le privé pour obtenir les services dont elle a besoin. Solidarité santé rappelle qu’en commission parlementaire sur le PL 10, le ministre disait qu’il n’y avait rien dans celui-ci pour la privatisation.
« Pourtant, depuis quelques mois, les gens d’affaires, les chambres de commerce et les sous-ministres s’activent ensemble dans des colloques pour convaincre les gestionnaires du réseau de chercher les solutions du côté privé », fait encore remarquer M. Benoit, citant au passage le Colloque santé au pluriel du 4 février dernier, et le débat public deux semaines plus tard sur les coopératives de santé et le système public.
« Et c’est sans compter les petits-déjeuners conférences du Conseil des entreprises en santé et mieux-être (CEPSEM), et le Sommet sur la santé organisé par Les Affaires les 14 et 15 juin prochain, qui s’adressent aux gestionnaires des CISSS et des entreprises privées, ajoute encore M. Benoit. Finalement, il n’y avait peut-être rien dans le projet de loi du ministre pour la privatisation, mais à voir ces gens-là s’activer partout sur le terrain et à tous les niveaux, il n’y avait sûrement rien contre non plus! Ce sont eux, les vrais gagnants des réformes. »
À cet égard, l’ordre donné par le ministre de transfert de travailleuses et travailleurs sociaux des CLSC publics vers les GMF privés montre bien, selon la Coalition, que le ministre encourage cette privatisation des soins et services. « En agissant ainsi, il démontre aux gestionnaires qu’ils peuvent même mettre des ressources publiques sous contrôle privé », se désespère M. Benoit.
La santé est un droit
En ce premier anniversaire du PL 10, la Coalition désire rappeler au ministre Barrette que son rôle n’est pas de servir les intérêts privés mais bien de s’occuper de la santé de la population, et que cela passe par la défense et la protection du système public de services sociaux et de santé que les Québécoises et Québécois ont mis près d’un demi-siècle à bâtir.
« On l’a déjà dit et on ne le dira jamais assez : la santé, c’est un droit, ce n’est pas une occasion d’affaires! » termine M. Benoit.
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