À ne pas manquer, Syndicalisme

« S’impliquer pour son syndicat, ce n’est pas chialer! »

18 avril 2024

Alors que la Semaine de la relève syndicale se déroule du 15 au 19 avril, des personnes nouvellement impliquées souhaitent défaire le mythe que les syndicats recherchent uniquement la confrontation. 

Par Mathieu Morin, conseiller CSQ 

« On est en mode solution et on tente de rester dans le positif », explique Pak-Kei Wong, conseiller pédagogique au collège John Abbott. Celui qui a choisi de faire le saut à l’exécutif de son syndicat il y a trois ans témoigne d’une expérience positive, et même amusante! 

Une opinion que partage aussi Annie Lelièvre, infirmière clinicienne au CISSS de la Gaspésie, à Chandler, qui a commencé à s’impliquer en novembre 2023, juste avant les premières journées de grève du Front commun. Après un baptême de feu dans le monde syndical à coordonner les lignes de piquetage, elle s’occupe maintenant des dossiers sociaux et professionnels. 

« Un syndicat, ce n’est pas là uniquement pour faire des griefs, raconte-t-elle en entrevue avec Ma CSQ cette semaine. Moi, je travaille pour souligner la Journée internationale des droits des femmes ou encore afin d’accompagner convenablement les nouveaux arrivants dans nos milieux. » 

Renverser la tendance 

Des membres de la relève syndicale se retroussent donc les manches pour convaincre leurs pairs de faire le saut. De l’avis d’Andrée-Anne Paquette-Corriveau, enseignante en art dramatique au Centre de services scolaire des Affluents, les plus jeunes générations ont tendance à moins s’impliquer, et il faut leur donner une bougie d’allumage. Elle invite les personnes qui hésitent à considérer tout le positif qui ressort de son implication. « Depuis le début de mon aventure, il y a sept mois, je suis davantage au courant des nouvelles de nos milieux et je suis confrontée à différents points de vue. C’est très enrichissant! », relate-t-elle. 

« J’ai tellement appris en trois ans, ajoute Pak-Kei Wong. Je connais beaucoup mieux mes droits, j’ai appris sur la diplomatie, la communication et de nombreuses compétences transversales que l’on n’apprend pas dans les livres. » 

Dépasser les obstacles à l’implication 

Pour Alexandre Poitras, conseiller pédagogique au Cégep du Vieux Montréal et membre de son exécutif syndical depuis 2023, les enjeux de conciliation travail-famille sont souvent un obstacle à l’implication. « Nous n’avons pas la même vision que par le passé. Alexandre au travail et Alexandre dans sa vie personnelle, ce sont deux réalités qui ne se confondent plus. Aujourd’hui, on ne se définit plus principalement par son travail », ajoute-t-il, en soulignant que les jeunes sont plus enclins à changer d’employeurs durant leur carrière. 

L’apport de la relève syndicale est indéniable pour les personnes interviewées. Elle amène nécessairement des visions et des perspectives différentes au sein des organisations. Alexandre Poitras cite en exemple des demandes syndicales liées à la qualité de vie, comme le remboursement des titres de transport en commun ou encore l’accès à un gym gratuitement. Il insiste sur l’importance d’avoir le pouls de tous les membres, y compris les plus jeunes. « Ça prend clairement plus de promotion, estime Andrée-Anne Paquette-Corriveau. Personnellement, je ne savais pas comment fonctionnait le syndicat malgré le fait que j’étais quelqu’un de déjà impliqué pour d’autres causes. » 

Valoriser le travail syndical 

Afin de mettre en lumière le travail du syndicat, l’équipe syndicale dont fait partie Annie Lelièvre profite de chaque libération syndicale pour faire le tour des départements et échanger avec les membres. « Il faut être à l’écoute de la diversité des points de vue et être sur le terrain », croit-elle. 

Les quatre nouveaux militants syndicaux participeront cette semaine au Camp de la relève syndicale, organisé par la Centrale des syndicats du Québec (CSQ). Une belle occasion de tisser des liens et de réfléchir à des moyens pour mobiliser encore davantage de membres. « La COVID a beaucoup changé les choses, rappelle Pak-Kei Wong. Le mouvement syndical ne s’est pas bâti devant des écrans. Les membres préfèrent souvent des rencontres virtuelles, mais il faut réussir à amener les membres dans nos évènements et à tisser des liens. » 

« Ça vaut vraiment la peine de venir voir c’est quoi le syndicat, termine Annie Lelièvre. C’est enrichissant et différent. Moi, ça fait 30 ans que je suis infirmière et j’apprends encore! »