Les maux de la langue

Sabrer et non sabrer dans

30 avril 2007

Le verbe sabrer, qui signifie « biffer, couper à l’excès dans un texte, réduire considérablement, faire des compressions, pratiquer des coupes sombres, supprimer, etc. », se construit avec un complément direct. Ainsi, on dira :

– La direction a sabré le reportage (et non « dans » le reportage).

– La direction a sabré 200 postes.

– La rédaction du journal a sabré l’article de son correspondant.

– Le gouvernement a sabré nos acquis sociaux.

Sabrer le champagne et sabler le champagne

Les deux expressions sont bonnes. Cependant, on sabre le champagne quand on ouvre une bouteille de champagne à l’aide d’un sabre (ce qui n’est pas courant !) et on sable le champagne quand on boit du champagne à l’occasion d’une réjouissance. C’est par conséquent cette dernière expression que l’on emploiera… à moins de sortir notre sabre pour ouvrir une bouteille !

Le verbe sabrer signifie au sens propre « frapper à coups de sabre ». Ce geste peu courant aujourd’hui semble avoir été une tradition militaire. Les officiers de la garde napoléonienne auraient en effet lancé la mode qui consiste à casser le col des bouteilles de champagne à l’aide d’un sabre lorsqu’ils célébraient avec éclat leurs victoires triomphantes. Ils prouvaient alors leur savoir-faire en décapitant d’un seul coup les bouteilles.

Le verbe sabler, employé notamment dans le domaine de la fonderie, signifie « couler dans un moule de sable ». Il a aussi signifié, par analogie avec le métal en fusion qu’on coulait d’un jet dans un moule de ce type, « boire d’un trait ». Ce sens, qui n’est plus d’usage aujourd’hui, pourrait également provenir d’une coutume selon laquelle on tapissait de sucre les parois de la flûte à champagne après les avoir embuées d’un souffle, ce qui leur donnait un aspect sablé. Il semble que cette préparation faisait mousser le vin, qu’il fallait boire d’un trait.