Action féministe, Santé et sécurité au travail

Projet de loi 101 : les femmes oubliées

2 juin 2025

Une large coalition de personnes issues des milieux universitaire et syndical, dont la vice-présidente de la CSQ, Nadine Bédard-St-Pierre, signent une lettre ouverte dans La Presse dénonçant un recul majeur en matière de santé et de sécurité du travail pour les femmes. Les signataires s’opposent au projet de loi no 101 (PL101) du ministre Jean Boulet, car elles craignent que les travailleuses des secteurs de la santé et de l’éducation soient injustement privées de mécanismes essentiels de prévention.

Par Audrey Parenteau, rédactrice en chef

Dans leur lettre, les signataires mentionnent que, de 1979 à 2021, les mécanismes de prévention en santé et sécurité du travail au Québec visaient surtout des secteurs majoritairement masculins, ignorant les risques vécus dans les milieux à prédominance féminine, comme la santé ou l’éducation. En 2020, la réforme proposée par le ministre Jean Boulet semblait corriger cette iniquité, en intégrant notamment la santé psychique. Cependant, le dépôt du PL101 en avril 2025 marque un important recul.

Le projet de loi exclut les établissements publics des secteurs de la santé et de l’éducation des mécanismes de prévention auxquels auront droit d’autres travailleuses et travailleurs exerçant des emplois tout aussi risqués. Ce choix est dénoncé, d’autant plus que ces secteurs comptent parmi ceux affichant les plus hauts taux d’accidents de travail et de détresse psychologique. Une travailleuse de la santé, par exemple, serait moins bien protégée qu’une serveuse, malgré une exposition accrue aux infections, aux troubles musculosquelettiques et aux violences.

Les signataires rappellent que ces choix vont à l’encontre des recommandations de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) et des bénéfices démontrés d’un bon programme de prévention. « Nous appelons le ministre Boulet à retirer les dispositions du projet de loi réduisant des mesures de prévention pour les travailleuses et travailleurs de la santé et de l’éducation. La santé et la sécurité des femmes au travail en dépendent, et nos services publics de santé et d’enseignement s’en porteront mieux! », écrivent-elles.