Pourquoi sommes-nous incapables de décrocher?

Les vacances sont à nos portes, mais qui d’entre vous sera véritablement capable de se déconnecter complètement du travail cet été? Si vous faites partie de celles et ceux qui liront et répondront à quelques courriels même en vacances, qui prendront leurs appels ou se rendront disponibles sans y avoir été obligés, voici quelques pistes de réflexion pour décrocher.

Comment les travailleuses et les travailleurs en sont-ils arrivés à être constamment connectés, au point de travailler même en dehors des heures normales ou pendant les congés? Mieux comprendre les causes de ce phénomène est essentiel pour identifier les solutions.

Cause n^o 1 : la nature de certains emplois 

« Dans les services publics, que ce soit en éducation, en enseignement supérieur, en santé, dans les services sociaux ou en milieux communautaires, les métiers et professions nécessitent de créer des liens avec autrui. Se détacher de l’enjeu relationnel vécu lors d’une journée de travail peut donc être difficile, sans compter que les emplois dits du care entraînent bien souvent une charge émotionnelle chez celles et ceux qui les occupent, même sans le vouloir, en dehors des heures de travail », explique Marc Gagnon, conseiller en santé et sécurité du travail à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).

Cause n^o 2 : l’intensification du travail 

Ce n’est pas d’hier que l’on remarque une intensification du travail. Les résultats de plusieurs études réalisées par la CSQ au fil des ans, notamment auprès du personnel enseignant, en 2009, indiquaient que plusieurs tâches professionnelles étaient assumées pendant le temps personnel.

Une autre enquête, menée cette fois en 2017 par la Centrale auprès du personnel de l’éducation et de l’enseignement supérieur, révélait que les tâches professionnelles liées au numérique avaient augmenté de 76,5 % chez les travailleuses et les travailleurs.

Cause n^o 3 : l’extensification du travail 

La pandémie et l’intensification du télétravail ont créé un terrain propice à l’augmentation du phénomène d’hyperconnectivité. De l’intensification du travail, nous sommes passés à l’extensification de celui-ci, soit à l’allongement de la journée de travail afin de pouvoir réaliser les mandats confiés dans le cadre d’un emploi.

Cause n^o 4 : la transformation du travail 

La transformation qui s’opère actuellement dans les façons de travailler pourrait entraîner une modification dans la prestation de travail, par exemple dans les horaires, visant une plus grande flexibilité.

Le télétravail et le travail en mode hybride sont là pour rester, mais exigent une plus grande vigilance pour assurer un équilibre entre le travail et la vie personnelle et familiale, et prévenir les problèmes de santé.

À cet égard, « il faut se rappeler que l’hyperconnectivité est une source de risques psychosociaux qui peuvent menacer grandement la santé mentale des travailleuses et des travailleurs », rappelle Marc Gagnon.

Légiférer ou pas? 

Depuis 2017, plusieurs pays ont adopté une politique sur le droit à la déconnexion afin de régler les problèmes d’hyperconnectivité. Ce type de politique, qu’elle soit imposée ou volontaire, ne vise qu’à réguler les périodes liées aux communications entre le personnel et la direction ou l’administration, entre les travailleuses et les travailleurs eux-mêmes, etc.

Ces politiques ne prennent pas encore en compte les enjeux liés à l’intensification et à l’extensification du travail, à la charge de travail et au brouillage entre la vie privée et professionnelle qu’accentuent le télétravail et le travail en mode hybride. 

Heureusement, il existe des remparts collectifs ainsi que des solutions collectives et individuelles à ce phénomène. Ces derniers seront traités dans le cadre d’un second article sur le sujet.

Un guide pratique pour se déconnecter 

Pour en savoir plus sur le sujet de la connexion permanente, ses causes et ses solutions, consultez le document Se déconnecter du travail – Guide de bonnes pratiques préparé par la CSQ et disponible gratuitement en ligne.