Montréal, le 16 mars 2022. – C’est avec déception et plusieurs questions que la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) a pris connaissance du projet de loi no 28, Loi visant à mettre fin à l’état d’urgence sanitaire, déposé aujourd’hui par le ministre de la Santé et des Services sociaux, M. Christian Dubé.

« On nous avait annoncé la levée des mesures d’urgence sanitaire. Force est de constater qu’on a plutôt eu droit à un plan de match avec la fin prévisible des mesures d’urgence pour décembre 2022. D’ici là, le gouvernement se garde tous les droits de décider unilatéralement de ce qu’il souhaite conserver. Nous pensions assister au retour tant attendu de plusieurs droits qui avaient été brimés, mais nous constatons un prolongement d’un mode de gouvernance par décret », a déclaré Éric Gingras, président de la CSQ.

Gingras ajoute : « J’invite le gouvernement à miser dès maintenant sur l’ouverture et la discussion, ce qui permettrait de trouver collectivement des solutions durables pour tous dans les différents réseaux malmenés ces dernières années. Les réseaux de la santé, de la petite enfance, de l’éducation et de l’enseignement supérieur sont portés à bout de bras par du personnel compétent, mais épuisé, qui a sacrifié beaucoup et dont l’importance capitale n’est plus à démontrer en temps de pénurie. »

Un dialogue social nécessaire pour une transition harmonieuse

La CSQ se pose plusieurs questions et soulève plusieurs points au regard de la transition afin que celle-ci soit le plus harmonieuse possible. À cette fin, elle estime qu’il faudrait tirer des leçons comme société, et conserver les mesures qui se sont révélées efficaces durant la pandémie, en santé et en éducation.

Ainsi, pour la Centrale syndicale, la transition doit permettre de pérenniser des incitatifs financiers pour attirer la relève et retenir en emploi le personnel de la santé. S’il agissait trop vite et sans plan, le gouvernement pourrait accentuer une vague de départs dans le réseau et causer une nouvelle multiplication de bris de services à la population, par exemple, en mettant fin au décret sur les agences de placement en santé, ce qui ramènerait un sentiment d’iniquité et une démobilisation dans le réseau. D’ailleurs, toute la place réservée au privé en santé est un écueil que le gouvernement devra éviter avec sagesse pour ne pas fragiliser davantage un réseau mal en point qui a plutôt besoin d’être consolidé.

Il en est de même en éducation, où, par exemple, la rémunération du personnel retraité venu prêter main-forte au réseau devra être maintenue. Par contre, il est attendu que le gouvernement mette fin à l’assignation tous azimuts du personnel, à l’imposition de l’enseignement à distance et à l’utilisation de plans de contingence, justifiées davantage par la pénurie que par la pandémie.

Il faudra garder en mémoire qu’avant l’état d’urgence sanitaire, les conditions de travail étaient déjà très difficiles en santé, et qu’elles n’étaient pas plus enviables en éducation, en enseignement supérieur et du côté de la petite enfance. Le personnel retournera dans ces conditions qui ont justement contribué à la pénurie. Ils feront face à de nouvelles et très importantes pressions, d’un côté pour rattraper le délestage en santé et, de l’autre, pour rattraper les retards et favoriser la réussite en éducation.

« Comme société, nous devrons d’abord réfléchir, puis nous accorder les moyens de réussir cette transition pour nous relever intelligemment et collectivement de cette pandémie. Nous en appelons à un véritable dialogue social, respectueux et valorisant pour ceux qui s’engagent dans et pour nos réseaux mis à mal durant la pandémie, afin de nous permettre de revoir nos façons de faire et de rebâtir, ensemble, sur du solide », de conclure Éric Gingras.