Montréal, le 26 juin 2017. – Profitant de la tenue à Montréal de la 6e édition du Forum francophone international Planèt’ERE, plus d’une trentaine d’institutions et d’organismes de la société civile appellent à la mobilisation et réclament l’adoption par le gouvernement du Québec d’une stratégie québécoise d’éducation relative à l’environnement et à l’écocitoyenneté (ERE.E).
Pourquoi une stratégie québécoise en ERE.E?
À l’heure actuelle, le Québec ne possède aucune politique ou stratégie formelle pour favoriser l’intégration de cette dimension fondamentale de l’éducation alors que tous les indicateurs relatifs à la santé de la planète témoignent de l’urgence d’agir. Notre avenir commun dépend en grande partie de notre engagement à modifier rapidement et efficacement nos façons d’habiter la Terre et, par conséquent, de la capacité de nos systèmes d’éducation à prendre en compte les enjeux du « vivre-ensemble » et ceux de l’environnement, étroitement liés entre eux.
Sous l’impulsion québécoise du premier Forum Planèt’ERE, qui a réuni 700 personnes de 33 pays à Montréal en 1997, de nombreux gouvernements des pays francophones se sont alors dotés d’une stratégie nationale en matière d’éducation environnementale. « Malheureusement, le Québec n’a pas su profiter de l’élan qu’il avait lui-même créé comme chef de file de l’éducation et de la formation relatives à l’environnement à l’échelle de la francophonie et trop peu de recommandations formulées lors de Planèt’ERE et de plusieurs rencontres subséquentes ont été prises en compte par le gouvernement québécois », souligne Jean Robitaille, conseiller au mouvement des Établissements verts Brundtland (EVB-CSQ).
Depuis 25 ans, les principales avancées dans le domaine de l’ERE.E sont dues en grande partie au travail assidu du personnel de l’éducation et des syndicats qui les représentent, ainsi que des organisations de la « société éducative » (ONG, institutions muséales, parcs, médias, etc.) qui accompagnent l’école dans cette mission et qui œuvrent dans divers milieux.
« Malheureusement, le soutien politique et le financement octroyé à ces organisations n’ont cessé de diminuer au fil des années. Plusieurs ONG mises en place au fil des années ont perdu leurs moyens d’action ou ont progressivement disparu », souligne Martine Chatelain, enseignante et porte-parole d’Eau Secours.
« Nous constatons que l’éducation en matière d’environnement et d’écocitoyenneté se déploie trop rarement dans les écoles primaires et secondaires. Entre autres, faute d’une formation adéquate dans le domaine, le personnel de l’éducation arrive difficilement à aborder les enjeux cruciaux associés au fait de vivre ensemble dans un monde où l’environnement est de plus en plus malmené », souligne Carole Marcoux, conseillère pédagogique en environnement à la Commission scolaire de Montréal (CSDM).
Or, « la recherche et l’expérience démontrent qu’éduquer les jeunes à l’environnement et à l’écocitoyenneté, leur permettre de renouer avec la nature et de s’engager concrètement dans des projets qui les amènent à améliorer leur milieu de vie ont des effets plus que positifs sur la motivation, la persévérance et la réussite scolaires », souligne Lucie Sauvé, directrice du Centr’ERE, le Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté de l’UQAM. « Plus que jamais, il est essentiel d’intégrer à la mission de l’école québécoise et à celle de toute notre « société éducative », la responsabilité de stimuler le développement d’une vision du monde et d’un pouvoir-agir permettant de relever les importants défis socio-environnementaux actuels. Il est essentiel de repenser les rapports qui nous unissent les uns les autres et au monde vivant, dans l’atteinte des objectifs d’un monde plus sain et plus harmonieux : comment bien vivre, ici, ensemble? », ajoute-t-elle.
Quelques éléments au cœur de la proposition de stratégie
La proposition de stratégie vise à promouvoir l’intégration d’une éducation relative à l’environnement et à l’écocitoyenneté dans le système éducatif québécois comme dans l’ensemble de notre société.
Plus spécifiquement, la stratégie propose au ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES) :

  • que l’ERE.E soit intégrée à la mission ainsi qu’au Programme de formation de l’école québécoise;
  • que ce type d’éducation soit inscrit dans la formation initiale et continue des enseignantes et des enseignants;
  • que les établissements scolaires intègrent à leur projet éducatif des dimensions liées à l’environnement et à l’écocitoyenneté; et
  • que soit encouragée la recherche universitaire dans le domaine.

Elle invite le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques :

  • à accroître ses actions d’éducation et de sensibilisation auprès du grand public; et
  • à reconnaître et soutenir les acteurs de la société civile engagés dans ce domaine.

La proposition de stratégie vise enfin une action concertée de l’ensemble des ministères, des municipalités, des institutions et des organismes de la société éducative interpellés par l’ERE.E.
« Si le Québec souhaite mener à bien sa transition écologique, il est essentiel que le gouvernement et la société civile travaillent ensemble afin d’offrir aux citoyennes et aux citoyens l’espoir de mieux vivre ensemble en harmonie avec leur environnement », conclut Mario Beauchemin, 3e vice-président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et responsable politique du mouvement des Établissements verts Brundtland, un réseau de près de 1 500 établissements scolaires engagés pour un monde meilleur.
La proposition de stratégie québécoise a été présentée et débattue lors du Sommet sur l’éducation en matière d’environnement et d’écocitoyenneté qui s’est déroulé les 23 et 24 mars dernier. Préparée par les membres de la Plateforme partenariale du Centr’ERE de l’UQAM, elle est le fruit de près de deux ans de réflexion et de consultations auprès de plusieurs organisations des milieux de l’environnement et de l’éducation. Les organisations désirant rejoindre la mobilisation peuvent écrire à l’adresse : centre.ere@uqam.ca 
Organisations signataires

  • Association des camps du Québec (ACQ)
  • Association des retraitées et retraités de l’éducation et des autres services publics du Québec (AREQ)
  • Association professionnelle des animatrices et animateurs de vie spirituelle et d’engagement communautaire du Québec (APAVECQ)
  • Association québécoise de promotion de l’éducation relative à l’environnement (AQPERE)
  • Association québécoise des enseignantes et des enseignants du primaire (AQEP)
  • Association québécoise des interprètes du patrimoine (AQIP)
  • Association québécoise pour l’enseignement de la science et des technologies (AESTQ)
  • Association québécoise pour l’enseignement en Univers social (AQEUS)
  • Centrale des syndicats du Québec (CSQ)
  • Centre d’étude en responsabilité sociale et écocitoyenneté (CÉRSÉ)
  • Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté (Centr’ERE-UQAM)
  • Coalition climat Montréal
  • Commission scolaire de Montréal (CSDM)
  • Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB)
  • Coopérative Forêt d’Arden
  • Eau Secours
  • Enfant Nature
  • ENvironnement JEUnesse (ENJEU)
  • Équiterre
  • Espace pour la vie
  • Fédération du personnel de l’enseignement privé (FPEP-CSQ)
  • Fiducie foncière du Mont Pinacle (FFMP)
  • Fiducie foncière de la Vallée Ruiter (FFVR)
  • Fondation Monique-Fitz-Back (FMF)
  • Groupe de recherche appliquée en macroécologie (GRAME)
  • Groupe uni des éducateurs et professionnels de l’environnement (GUEPE)
  • Initiative 1, 2, 3, Go! – Limoilou
  • L’Assomption en transition
  • Les Amis de la Montagne
  • Mouvement des Établissements verts Brundtland (EVB)
  • Oxfam-Québec
  • Québec’ERE
  • Réalité climatique Canada
  • Regroupement des Éco-Quartiers de Montréal (REQ)
  • Réseau des écoles publiques alternatives du Québec (REPAQ)
  • Réseau québécois des femmes en environnement (RQFE)