La CSQ juge incomplet le document de consultation présenté aujourd’hui à Montréal par le ministre Réjean Hébert en vue de l’adoption d’un nouveau plan d’action en santé mentale et demande de corriger le tir en faisant une plus grande place à la prévention.

Montréal, le 28 janvier 2014. – La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) juge incomplet le document de consultation présenté aujourd’hui à Montréal par le ministre Réjean Hébert en vue de l’adoption d’un nouveau plan d’action en santé mentale et demande de corriger le tir en faisant une plus grande place à la prévention.
Telle est la réaction de la CSQ à la tenue, aujourd’hui, du Forum national sur la santé mentale organisé par le ministère de la Santé et des services sociaux.
Dans un premier temps, la Centrale fait sienne la volonté du gouvernement d’améliorer l’accès aux soins et aux services. Elle approuve donc l’adoption d’un nouveau plan d’action en santé mentale qui était attendu depuis un certain temps.
De plus, la présidente de la CSQ, Louise Chabot, juge prometteurs plusieurs éléments annoncés aujourd’hui. « Je pense notamment à la volonté d’améliorer la concertation et la collaboration des différents partenaires et intervenants impliqués, d’assurer une meilleure intégration des services et un plus grand accès aux services de première ligne », précise-t-elle.
Des mesures préventives insuffisantes
Toutefois, la Centrale déplore l’insuffisance des mesures préventives pour assurer le maintien de la santé mentale et prévenir les problèmes.
« Le plus grand reproche qui peut être fait à la proposition du Ministère est qu’elle ne s’attarde pas suffisamment à la promotion de la santé mentale et à sa prévention. Les efforts portent principalement sur les soins et services à apporter aux gens atteints de troubles mentaux, pour assurer leur rétablissement, mais bien peu sur les moyens à prendre pour éviter le développement de tels troubles », explique la présidente de la CSQ, Louise Chabot.
Des politiques sociales ignorées
Mme Chabot rappelle d’ailleurs que l’Organisation mondiale de la santé, dans son plan d’action 2013-2020, insiste sur l’importance d’accorder une attention particulière aux politiques sociales ayant une influence majeure sur la santé mentale et le développement des troubles mentaux.
« Le ministère reconnaît que la majorité des problèmes mentaux diagnostiqués sont des troubles liés à l’anxiété et à la dépression. Dans ce contexte, il est clair que les conditions de vie contribuent grandement au maintien ou à la détérioration de la santé mentale, mais le document de consultation ne reflète pas cette importance », regrette Louise Chabot.
Un ministère de la Santé qui donne le mauvais exemple
Par ailleurs, la présidente de la CSQ se dit troublée de constater que le ministre Réjean Hébert appelle les entreprises et les employeurs à se mobiliser pour offrir des conditions de travail et une gestion des employées et employés favorisant la santé mentale, alors que son propre ministère donne un très mauvais exemple.
« Depuis une dizaine d’années, le nombre d’heures versées en assurance salaire aux travailleuses et travailleurs du réseau de la santé ne cesse d’augmenter. En 2012-2013, c’est plus de 19 millions d’heures de congés de maladie qui ont été réclamées, pour un total de près de 390 millions de dollars. Plus du tiers des personnes en congé de maladie (34 %) souffre d’un problème de santé mentale, correspondant à 44 % des coûts de l’assurance salaire. Le ministre de la Santé aurait donc intérêt à regarder dans sa propre cour et à prendre les moyens qui s’imposent pour améliorer la situation », recommande Louise Chabot.
Une responsabilité interministérielle
En terminant, la CSQ verrait d’un bon œil que le dossier de la santé mentale soit une responsabilité qui dépasse la seule responsabilité du ministère de la Santé.
« À partir du moment où tous les spécialistes reconnaissent qu’il y a des déterminants sociaux, notamment les conditions économiques, qui affectent la santé mentale et qu’il faut donc agir sur ceux-ci si l’on veut prévenir les problèmes, alors il va de soi que la responsabilité de la santé mentale ne doit pas relever uniquement du ministère de la Santé. Il n’y a pas que des causes individuelles qui expliquent le maintien ou la détérioration de la santé mentale, il y a également des causes sociales. Les solutions à apporter dépassent donc le seul ministère de la Santé et interpellent également, à titre d’exemple, les ministères à vocation économique dont les orientations agissent sur le climat sociopolitique et donc les citoyens concernés », conclut la présidente de la CSQ.
Profil de la CSQ
La CSQ représente plus de 200 000 membres, dont près de 130 000 font partie du personnel de l’éducation. Elle est l’organisation syndicale la plus importante en éducation et en petite enfance au Québec. La CSQ est également présente dans les secteurs de la santé et des services sociaux, des services de garde, du municipal, des loisirs, de la culture, du communautaire et des communications.