Diversité

Place à l’inclusion!

17 octobre 2022

Plusieurs lieux de travail se sont dotés de politiques sur la diversité et l’inclusion. Or, il incombe aussi à chaque individu de poser des gestes concrets pour accueillir chaque personne, telle qu’elle est, dans son milieu.

« Être inclusif, ça veut dire demeurer sensible aux différences et au fait que notre réalité n’est pas la même que celle de la personne qui se trouve devant nous. Il existe autant de parcours de vie qu’il y a d’individus. L’idée, c’est d’essayer de se mettre dans une posture où on fait place à des réalités différentes de la nôtre », affirme le directeur général de l’organisme Interligne, Pascal Vaillancourt.

Cet exercice n’est pas toujours simple à faire puisque tout le monde possède des biais cognitifs, c’est-à-dire des préjugés inconscients qui viennent de raccourcis créés par le cerveau à partir d’expériences personnelles, d’influences ou encore de sa propre culture. Il est donc important de s’en méfier.

« Il faut prendre conscience de nos propres préjugés, essayer de les mettre de côté, demeurer curieux face aux autres, réagir lorsqu’une situation discriminatoire survient afin de soutenir les personnes LGBTQ+ et ne jamais présumer de l’identité de genre d’une personne malgré son apparence ou sa façon de s’exprimer », dit Pascal Vaillancourt.

Le dire et l’écrire

Selon le directeur général d’Interligne, « pour être inclusif, il faut être proactif! » Et cela commence par l’utilisation d’un vocabulaire neutre. Mieux vaut mettre de côté les expressions ou termes genrés, comme « madame, monsieur », « fille, garçon », « mère, père » et employer des formulations qui englobent tout le monde. Pour saluer les membres d’un groupe (les élèves d’une classe, des collègues en réunion ou un auditoire), par exemple, dire « bonjour tout le monde », ou « salut la gang » est préférable à l’expression « bonjour mesdames et messieurs ».

Si on ne connait pas l’identité de genre de la personne à qui l’on s’adresse, utiliser son prénom et la vouvoyer permet d’éviter les faux pas. D’après Pascal Vaillancourt, accorder ses phrases avec le mot « personne » est aussi une bonne façon de faire. Dans les communications écrites, on peut également revenir à des formules neutres, comme « à qui de droit », qui étaient un peu délaissées dans les dernières années.

Pascal Vaillancourt suggère aussi d’adapter son vocabulaire aux préférences de la personne en utilisant le prénom et le pronom qu’elle a choisis. De même, mentionner son propre pronom permet de démontrer aux autres son ouverture.

« Se présenter en disant « bonjour, je m’appelle Pascal et j’utilise le pronom il », ça coule bien, c’est facile. En faisant cela, j’envoie le message que je suis ouvert et conscient qu’il existe différentes réalités de genre. Ça permet aussi aux gens autour de moi, qui pourraient ne pas se sentir à l’aise [de mentionner leur pronom], de comprendre qu’ils sont dans un environnement plus sécuritaire que ce qu’ils pensaient peut-être au départ. »

Il ajoute que « développer son savoir-être dans ses échanges demande de la pratique. Il faut toutefois prendre le temps d’écouter l’autre, demander des précisions au besoin, et faire preuve de respect et d’empathie. Cela peut faire une grande différence dans la construction d’une relation de confiance ».

Quand l’erreur se produit

Il nous arrive tous de nous mettre les pieds dans les plats, mais lorsqu’on commet une erreur, « il faut simplement dire à la personne qu’on ne savait pas. Inutile de rendre les excuses trop intenses, conseille le directeur général. Ça doit demeurer naturel sinon ça rend tout le monde inconfortable ».

Il importe tout de même de reconnaitre sa responsabilité face à ses actions et de faire preuve d’humilité et d’ouverture si l’on se fait corriger. « On ne doit pas minimiser l’impact que peuvent avoir les mots. Certains peuvent paraitre banals pour une personne, mais être très violents pour une autre », précise-t-il.

Faire preuve de compréhension envers un comportement plus réactif et éviter le détournement cognitif sont d’autres attitudes à adopter. « Si quelqu’un raconte une blague et qu’une personne dit qu’elle n’a pas trouvé ça drôle, c’est peut-être parce qu’elle vient de subir une microagression. Lui répondre : « voyons, c’est juste une joke », c’est transférer la culpabilité sur cette personne. Le sens de l’humour a ses limites. Quand on parle de l’identité d’une personne, ce n’est pas quelque chose de laquelle on devrait se moquer », dit Pascal Vaillancourt.

D’autres attitudes sont également à éviter, par exemple :

  • Faire sentir à la personne qu’elle invente, qu’elle exagère ou qu’elle détourne les propos tenus;
  • Lui dire de changer de ton, car celui-ci peut, en fait, cacher une émotion;
  • La faire culpabiliser d’être qui elle est et de demander du respect.

Partager le poids du changement

Une organisation qui souhaite entreprendre une démarche d’inclusion en milieu de travail doit faire en sorte que tout le monde se sente concerné et mette la main à la pâte. « On a souvent tendance à se tourner vers les personnes qui vivent une réalité différente pour nous aider à changer notre milieu, mais ça se peut qu’elles n’en aient pas envie. Sans les mettre de côté, on peut leur expliquer notre démarche et leur demander quel rôle elles aimeraient jouer ou à quel point elles souhaitent être impliquées », explique Pascal Vaillancourt.

S’informer, s’éduquer soi-même et se tourner vers des organismes LGBTQ+ qui offrent de l’information ou des programmes de sensibilisation, plutôt que de poser toujours ses questions aux mêmes personnes, est une autre façon de partager le poids du changement.

Totalement inclusif?

Malgré tous les efforts déployés dans une démarche d’inclusion, celle-ci ne pourra jamais être complétée, d’après Pascal Vaillancourt. « On peut être plus inclusif qu’on ne l’était avant, mais on ne peut pas l’être à 100 %, parce qu’on ne connait pas toutes les réalités et parce que les enjeux évoluent rapidement. L’inclusion, c’est le soleil vers lequel on navigue. On peut vouloir s’en rapprocher le plus possible, mais on ne pourra jamais lui toucher », conclut-il.

 

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