Éducation
Pénurie de personnel enseignant : un enjeu planétaire
4 septembre 2025
Il n’y a pas qu’au Québec que la pénurie de personnel enseignant se fait sentir. En effet, la crise ne connaît pas de frontières. Selon l’UNESCO, le monde aura besoin de 50 millions d’enseignantes et enseignants d’ici 2030 pour assurer une éducation publique de qualité en petite enfance, au primaire et au secondaire.
Par Audrey Parenteau, rédactrice en chef
Le Sommet mondial sur les enseignants de l’UNESCO, qui a eu lieu à Santiago au Chili, les 28 et 29 août dernier, a permis de prendre toute la mesure du problème : de l’Afrique à l’Asie, en passant par l’Europe et l’Amérique du Nord, les systèmes d’éducation peinent à recruter et à retenir leurs effectifs.
Ministres de l’Éducation, syndicats (dont la CSQ), organisations de la société civile et experts de partout à travers le monde ont discuté de solutions pour freiner une hémorragie qui touche l’ensemble de la planète dans l’objectif de coordonner leurs efforts, d’harmoniser les politiques et de consolider les engagements pour mettre fin à la crise.
« Cette situation n’est ni inévitable ni irréversible. Elle exige une volonté politique et un investissement stratégique », a rappelé Mugwena Maluleke, président de l’Internationale de l’Éducation (IE), qui représente 33 millions de travailleuses et travailleurs de l’éducation.

Valoriser la profession pour contrer la pénurie
Les syndicats réunis lors du Sommet ont réclamé des salaires justes, des conditions de travail décentes, un développement professionnel continu et une véritable participation des enseignantes et des enseignants aux décisions qui les concernent.
Pour Marjolaine Perreault, directrice générale de la CSQ et membre du Bureau exécutif de l’IE, il faut « alléger la tâche enseignante, mieux rémunérer les stages et revaloriser les salaires dès l’entrée dans la profession ». Elle insiste aussi sur la nécessité de mettre en place « des mesures concrètes pour prévenir la violence envers le personnel et du mentorat généralisé pour soutenir les jeunes enseignantes et enseignants. » Selon elle, la relation enseignant-élève doit demeurer le cœur de la profession, mais encore faut-il que les conditions permettent de la cultiver.
Des données qui font réagir
Si la pénurie n’épargne aucun continent, le manque est particulièrement criant en Afrique subsaharienne, où il faudrait 15 millions d’enseignantes et enseignants supplémentaires. En Europe et en Amérique du Nord, le déficit est estimé à 5 millions. Dans plusieurs pays, le manque de financement entraîne le recours à du personnel non qualifié ou sous-traité, ce qui fragilise la qualité de l’éducation.
À cette pénurie s’ajoutent des taux de désertion alarmants, aggravés par la surcharge de travail, la pression sociale et le manque de reconnaissance du rôle enseignant. « Il est essentiel de reconnaître le poids émotionnel et social de la profession, souvent invisible », a dit Marjolaine Perreault, plaidant pour que la santé psychologique et la sécurité du travail fassent partie intégrante des politiques éducatives.
Du Sommet aux engagements concrets
Le Sommet s’est conclu par l’adoption du Consensus de Santiago, qui fixe des engagements concrets pour transformer la profession enseignante et assurer un financement durable des systèmes d’éducation publics. Plusieurs préoccupations et priorités y sont soulevées, notamment celles voulant que « devant un possible déclin du statut social de la profession enseignante, qui nuit à son attractivité » et « face au changement climatique, aux progrès technologiques, aux crises multiples, aux conflits et à la violence, le rôle des enseignantes et enseignants doit être préservé et leur relation avec les apprenants cultivés [doit faire] partie intégrante de notre patrimoine commun. »
Les organisations participantes ont soulevé l’importance que les promesses de ce Sommet se traduisent en actions rapides et mesurables, car comme l’a résumé le secrétaire général de l’IE, David Edwards : « Sans une action immédiate en matière de recrutement, de rétention et de bien-être professionnel, les objectifs mondiaux en éducation resteront lettre morte. »