Les compressions annoncées dans le Réseau de la santé et des services sociaux sont loin d’être la solution pour améliorer les services à la population selon la CSQ et la FSQ-CSQ.

Trois-Rivières, le jeudi 3 juillet 2014.  Les compressions annoncées dans le Réseau de la santé et des services sociaux sont loin d’être la solution pour améliorer les services à la population selon la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et la Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ).
Pour la FSQ-CSQ et la CSQ qui tenaient un point de presse à Trois-Rivières ce matin, la mise à contribution du personnel, sur le terrain, dans une meilleure organisation du travail représente une avenue beaucoup plus prometteuse et beaucoup moins coûteuse qu’une autre « grande réforme » miracle imposée par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).
Des exemples probants
« Ce n’est pas pour rien que nous sommes à Trois-Rivières ce matin, explique Louise Chabot, présidente de la CSQ. Ici même, au Centre hospitalier de Trois-Rivières, des initiatives ont été prises par le syndicat pour réorganiser le travail. Mais ça ne s’est pas fait tout seul, ça prend de l’écoute », souligne-t-elle.
Ces initiatives ont permis de réduire de 70 % le délai d’attente pour recevoir un traitement de chimiothérapie et cela, malgré une hausse de 12 % du nombre de traitements offerts à plus de 4 000 patientes et patients en hémato-oncologie de la Mauricie et du Centre-du-Québec. L’équipe soignante a d’ailleurs remporté le prix Innovation clinique de l’Ordre des infirmières et des infirmiers du Québec (OIIQ).
Certains membres du personnel soignant du Centre de santé et de services sociaux de Trois-Rivières (CSSSTR) et de l’ensemble des établissements de santé de la Mauricie bénéficient d’horaires stables de 12 heures et de la possibilité de faire des horaires de 7 jours sur 14 durant l’été.
« Ce sont des façons de mieux concilier le travail et la famille et de stabiliser les horaires, déclare Andrée Guillemette, présidente du Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes et infirmières auxiliaires du Cœur-du-Québec (SIIIACQ-CSQ). En écoutant le personnel soignant et grâce aux efforts de tout le monde, nous avons pratiquement éliminé le temps supplémentaire obligatoire et offrons un meilleur service aux patients. »
Mieux s’organiser plutôt que de couper
« Ce genre d’initiative ne coûte rien et porte fruit, soutient Claire Montour, présidente de la FSQ-CSQ. Cela permet même de réduire le recours aux agences de placement et de faire des économies. Tout ce que ça requiert, c’est de la volonté de la part des employeurs et du ministère&nbps;! »
La FSQ-CSQ souligne que des initiatives semblables ont vu le jour en Gaspésie. « Des projets de retour aux études et de formation continue, des horaires de 12 heures, une meilleure répartition des périodes de vacances, toutes des initiatives gratuites qui jouent sur la rétention du personnel et la qualité des soins », souligne la présidente de la FSQ-CSQ.
Des solutions concrètes
« Pourquoi ne pas étendre ces bonnes idées partout au Québec, en concertation avec les équipes de soin ? », demande Louise Chabot. La CSQ et la FSQ ont identifié quelques pistes de solutions permettant une meilleure rétention du personnel et d’améliorer la prestation de services.

  • Revoir conjointement les horaires pour mettre fin aux situations où une personne travaille 16 heures sans interruption.
  • Offrir des horaires stables pour faciliter la conciliation travail-famille et la formation continue.
  • Cesser les changements fréquents dans les processus de travail.
  • Mieux intégrer les équipes de soin dans l’organisation du travail.

« Si l’on écoutait réellement le personnel soignant et qu’on le mettait à contribution, on se rendrait compte que ce ne sont pas les idées qui manquent pour mieux servir le public », conclut Louise Chabot.
Le vrai problème : les dépenses privées
La CSQ et la FSQ-CSQ déplorent également les compressions budgétaires que s’impose le MSSS. « De l’argent, il y en a, soutient Louise Chabot. Pensons aux dépassements de coûts des PPP du CHUM (889M$) et du CUSM, le Dossier Santé (837M$), et l’explosion des coûts des médicaments ! Simplement en regroupant les achats de médicaments, on pourrait aller chercher un milliard de dollars en économies annuelles. C’est énorme ! »
Les deux organisations pressent le gouvernement de mieux contrôler ses dépenses privées en santé, dont la sous-traitance, avant de sabrer à nouveau les budgets et de mettre en péril la qualité des soins. « L’objectif du gouvernement est de réduire les coûts, le nôtre est d’améliorer les soins aux patients. Ce qu’on dit, c’est qu’on peut faire les deux si l’on mise sur l’expertise du personnel soignant », conclut Louise Chabot.