Action féministe, Enseignement supérieur
Militer pour l’égalité et changer les règles du jeu
4 juin 2025
À la Fédération de l’enseignement collégial (FEC-CSQ), la participation équitable des femmes à la vie syndicale est plus qu’un principe : c’est un engagement concret. Grâce à des mesures structurantes portées par le comité d’action féministe (CAFFEC), la fédération a su transformer ses pratiques pour favoriser une meilleure représentativité des femmes au sein de ses instances.
Par Audrey Parenteau, rédactrice en chef
Le Programme d’accès à l’égalité syndicale (PAES) de la fédération, adopté en 2012, a ouvert la voie à des mécanismes concrets pour corriger les inégalités de représentation. Parmi eux, la préséance féminine, mise en place en 2016, permet de prioriser l’élection de femmes à quatre des six postes du comité exécutif lorsque la parité n’est pas atteinte.
Cette mesure a des effets directs sur la composition du comité exécutif, selon la coordonnatrice du CAFFEC, Julie Allard. Elle confirme que, cette année, la FEC-CSQ – qui tient actuellement son congrès et s’apprête à élire un nouveau comité exécutif – a reçu plus de candidatures féminines que masculines. « C’est une bonne nouvelle », dit-elle avec enthousiasme.
Cette approche s’appuie sur un objectif précis : mieux refléter le fait qu’environ 55 % des membres de la FEC-CSQ sont des femmes. « En 1998, il n’y avait aucune femme sur le comité exécutif. Entre 2016 et 2022, on a atteint la parité. C’est un progrès, mais ça demeure fragile », précise-t-elle.
Le mécanisme de préséance féminine est également « moins contraignant » que celui de « postes réservés aux femmes » qu’il a remplacé. « Cette mesure pouvait avoir des effets pervers : si quatre femmes posaient leur candidature à des postes réservés, elles se retrouvaient à se présenter l’une contre l’autre. Et, finalement, on n’atteignait pas nécessairement la parité », explique Julie Allard.
Susciter la relève féminine
Il ne suffit pas de mettre en place des mesures pour espérer un changement durable. « On ne peut pas se contenter de dire : “Voici, il y a des postes à préséance féminine, maintenant, présentez-vous!” Il faut aller chercher les femmes sur le terrain, leur donner des outils et leur faire de la place », insiste Julie Allard.
Le CAFFEC agit concrètement pour renforcer la participation des femmes : diffusion d’outils pour faciliter la prise de parole, encouragement à s’impliquer dans divers comités, mise en place d’assemblées en mode comodal (pour une meilleure conciliation travail-famille), tout est mis en œuvre pour favoriser un engagement réel. « Chez les femmes, le sentiment d’imposture est bien présent. Ça prend tout un écosystème de soutien pour le surmonter », rappelle la coordonnatrice.
Avec son approche structurée et son engagement à long terme, la FEC-CSQ se positionne comme un modèle en matière de démocratie paritaire. « Ce n’est pas parfait, mais on avance. Et on peut être fiers, collectivement, du chemin parcouru », conclut-elle.
