Action féministe, Enseignement supérieur
Militer pour l’égalité et changer les règles du jeu
4 juin 2025
À la Fédération de l’enseignement collégial (FEC-CSQ), la participation équitable des femmes à la vie syndicale est plus qu’un principe : c’est un engagement concret. Grâce à des mesures structurantes portées par le comité d’action féministe (CAFFEC), la fédération a su transformer ses pratiques pour favoriser une meilleure représentativité des femmes au sein de ses instances.
Par Audrey Parenteau, rédactrice en chef
Le Programme d’accès à l’égalité syndicale (PAES) de la fédération, adopté en 2014, a ouvert la voie à des mécanismes concrets pour corriger les inégalités de représentation. Parmi eux, la préséance féminine, mise en place en 2016, permet de prioriser l’élection de femmes à trois des six postes du bureau syndical lorsque la parité n’est pas atteinte.
Cette mesure a des effets directs sur la composition du comité exécutif, selon la coordonnatrice du CAFFEC, Julie Allard. Elle confirme que, cette année, la FEC-CSQ – qui tient actuellement son congrès et s’apprête à élire un nouveau comité exécutif – a reçu plus de candidatures féminines que masculines. « C’est une bonne nouvelle », dit-elle avec enthousiasme.
Cette approche s’appuie sur un objectif précis : mieux refléter le fait qu’environ 55 % des membres de la FEC-CSQ sont des femmes. « Au début des années 2000, il n’y avait aucune femme sur le comité exécutif. Entre 2016 et 2022, on a atteint la parité. C’est un progrès, mais ça demande une vigilance constante car cette parité, il faut la maintenir », précise-t-elle.
Le mécanisme de préséance féminine est également « moins contraignant » que celui de « postes réservés aux femmes » qu’il a remplacé. « Cette mesure pouvait avoir des effets pervers : si quatre femmes posaient leur candidature à des postes réservés, elles se retrouvaient souvent à se présenter l’une contre l’autre. Et, finalement, on n’atteignait pas nécessairement la parité », explique Julie Allard.
Susciter la relève féminine
Il ne suffit pas de mettre en place des mesures pour espérer un changement durable. « On ne peut pas se contenter de dire : “Voici, il y a des postes à préséance féminine, maintenant, présentez-vous!” Il faut aller chercher les femmes sur le terrain, leur donner des outils et leur faire de la place. Il faut aussi qu’il y ait des opportunités. La limite de deux mandats successifs, instaurée depuis 2010 à la Fédération, est une mesure qui favorise l’alternance au bureau syndical, et par le fait même, la présence de femmes », précise Julie Allard.
À travers le PAES, le CAFFEC agit concrètement pour renforcer la participation des femmes : diffusion d’outils pour faciliter la prise de parole, encouragement à s’impliquer dans divers comités, mise en place d’assemblées en mode comodal (pour une meilleure conciliation travail-famille), tout est mis en œuvre pour favoriser un engagement réel. « Chez les femmes, le sentiment d’imposture est bien présent. Ça prend tout un écosystème de soutien pour le surmonter », rappelle la coordonnatrice. Elle ajoute qu’il faut « changer les normes sociales en termes de pouvoir: il n’y a pas si longtemps, on considérait assez peu dérangeant de ne voir aucune femme sur un bureau syndical. Les changements apportés devraient transformer cette perception et, éventuellement, faire en sorte que les mesures d’actions positives soient moins nécessaires. »
Avec son approche structurée et son engagement à long terme, la FEC-CSQ se positionne comme un modèle en matière de démocratie paritaire. « Il s’agit de changer des façons de faire qui sont enracinées socialement depuis longtemps dans les organisations où l’on retrouve des fonctions électives. On peut être fiers, collectivement, du chemin parcouru », conclut-elle.
