Montréal, le 22 septembre 2020. – Au deuxième jour de la grève générale illimitée des services éducatifs en milieu familial, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ) dénoncent sans réserve les propos tenus en direct sur les ondes du 98,5 FM, ce matin, par le ministre de la Famille, insinuant que les responsables de services éducatifs (RSE) en milieu familial font le choix de travailler à un taux horaire en bas du salaire minimum et d’être du cheap labor. En réponse à Paul Arcand à propos du fait que les intervenantes constituent du cheap labor pour l’État québécois, compte tenu de leurs faibles conditions de travail, le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, a répondu : « C’est pas du cheap labor. C’est un choix que font les personnes qui se lancent en éducation à la maison. »
La présidente de la CSQ, Sonia Ethier, s’indigne de ces propos qui laissent entendre que les RSE devraient cesser toute revendication sous le seul prétexte qu’elles ont choisi leur profession et se demande bien dans quel siècle vit le ministre qui, par ailleurs, s’autoproclame féministe. « Les travailleuses devraient-elles accepter n’importe quoi, en 2020, sous le seul motif qu’elles ont une job? Alors qu’on dénonce un taux horaire en bas du salaire minimum, le ministre de la Famille nous demande aujourd’hui d’accepter sans broncher l’indécence, parce qu’on choisit notre emploi! À suivre sa logique, le milieu du travail n’aurait jamais évolué depuis 100 ans et le taux horaire serait encore à 10 sous l’heure. Le ministre devra tôt ou tard descendre de sa tour d’ivoire et arrêter de vivre dans le passé : les RSE n’acceptent plus d’être du cheap labor, à un taux horaire sous le salaire minimum, en 2020. C’est terminé! », explique Sonia Ethier.
La CSQ et la FIPEQ-CSQ rappellent que ces propos controversés du ministre Lacombe s’ajoutent à ceux des derniers mois où il a notamment laissé entendre que l’égalité salariale entre les hommes et les femmes était atteinte en 2020; que les RSE méritaient leur salaire parce qu’elles « étaient à la maison »; et qu’il ait invité les intervenantes à « rester calmes et respirer par le nez ». Dans le contexte où 10 000 intervenantes de services éducatifs en milieu familial sont en grève générale illimitée pour dénoncer leur taux horaire de 12,42 dollars (en bas du salaire minimum), ces affirmations complaisantes jettent de l’huile sur le feu et trahissent toute la candeur avec laquelle le ministre aborde une négociation pour mettre fin à des conditions de travail difficiles et favoriser l’avancement de la situation économique des femmes en milieu de travail. « Il faudra un jour que les RSE soient prises au sérieux dans leurs revendications et qu’elles ne soient pas regardées de haut par le gouvernement. Est-ce que la prochaine étape sera de reprocher aux femmes de vouloir prendre part à la relance économique du Québec? », se questionne la présidente de la CSQ.
Le ministre invité à rendre publics ses chiffres et à déposer une nouvelle offre
La CSQ et la FIPEQ-CSQ réitèrent que le ministère de la Famille a refusé dimanche de confier à un arbitre le soin de calculer et de trancher le taux horaire des RSE, de 12,42 dollars. Alors que le ministre lance sur les tribunes que les RSE en milieu familial gagnent 55 000 dollars par année, les syndicats défient aujourd’hui le ministère à rendre publique sa méthode de calcul par souci de transparence et d’information du grand public. « Le ministre répète des chiffres à tout vent sur le salaire des RSE, mais sans jamais étayer sa logique de calcul, qui ne considère pas les dépenses quotidiennes pour loger et nourrir six enfants. En prenant compte du raisonnement du ministre, on peut comprendre son refus de confier à un arbitre ou à un tiers indépendant le soin de trancher la question du taux horaire d’une intervenante en milieu familial », explique Valérie Grenon, présidente de la FIPEQ-CSQ.
D’autre part, à la veille de la troisième journée de grève générale illimitée, la FIPEQ-CSQ invite le gouvernement à incarner sa prétendue « bonne foi dans les négociations » et le convie à déposer une nouvelle offre salariale dès maintenant. « Le ministre répète depuis des mois qu’il est convaincu que la négociation va aboutir, mais n’a jamais changé son offre de taux horaire à 12,83 dollars, en bas du salaire minimum. Avec raison, cette offre a été rejetée à 83 % par nos membres en juin dernier et, depuis, rien n’a bougé à la table de négociation de la part du ministère. Le ministre Lacombe devra un jour être conséquent, arrêter ses incantations et faire aboutir la négociation! », conclut Valérie Grenon.