À l’occasion de l’audience de la Commission nationale d’examen sur l’assurance-emploi à Baie-Comeau, la CSN et la CSQ se sont adressées à la Commission au nom des quatre centrales syndicales qui ont produit un mémoire conjoint.

Baie-Comeau, le 3 septembre 2013. – À l’occasion de l’audience de la Commission nationale d’examen sur l’assurance-emploi à Baie-Comeau, la CSN et la CSQ se sont adressées à la Commission au nom des quatre centrales syndicales qui ont produit un mémoire conjoint. Elles ont exprimé leurs propositions pour que le régime retrouve sa vocation d’origine en protégeant efficacement les personnes victimes du chômage. Les deux représentants ont aussi fait part des impacts concrets de la réforme auprès des travailleuses et travailleurs de leur région.
La Commission a été mise sur pied dans le sillage de la réforme de l’assurance-emploi du gouvernement Harper, décriée par une large coalition de syndicats et d’organismes. Cette réforme accentuera l’insécurité et la précarité sur le marché du travail, en plus de frapper de plein fouet certaines industries.
La Côte-Nord touchée de plein fouet
« Ici, sur la Côte-Nord, on retrouve de grandes disparités entre les MRC, notamment en ce qui concerne les taux touchés par les prestataires de l’assurance-emploi. Alors que certaines MRC connaissent un développement économique intéressant, d’autres ont malheureusement entamé un processus de dévitalisation que la réforme va grandement accélérer », a commencé par souligner Guillaume Tremblay, président du Conseil central de la Côte-Nord – CSN.
« Les emplois saisonniers ne seront plus comblés avec les nouvelles conditions imposées par Ottawa, qui sont complètement déconnectées de nos réalités. Cette conséquence va non seulement affecter les travailleuses et travailleurs qui occupent ces emplois, mais toute l’activité économique de ces MRC. Le cercle vicieux de l’exode vers les grands centres urbains va s’accentuer, tout comme la perte d’emplois et de services », a encore précisé Guillaume Tremblay.
Il convient de rappeler qu’en 1989,  83,8 % des chômeuses et chômeurs avaient accès à des prestations régulières, ce taux est passé à 43,9 % en 1997, soit une baisse de 39,9 points de pourcentage. Depuis cette période, la couverture n’est pas allée en s’améliorant. En 2011, le pourcentage des personnes admissibles est passé à 41,3 %, atteignant ainsi son plus bas niveau depuis la fin des années 1990.
« Dans le domaine de l’enseignement primaire et secondaire, les contrats à temps partiel et la suppléance sont choses courantes. Un pourcentage important des personnes œuvrant dans ce domaine est donc à statut précaire et les modifications au régime viennent les fragiliser davantage. Dans les commissions scolaires, plusieurs postes ne deviennent disponibles qu’en cours d’année. Si une personne se fait offrir un emploi jugé convenable dans un autre domaine, elle pourrait devoir l’accepter sous peine de perdre son droit aux prestations. Ainsi, elle ne sera plus disponible pour les suppléances occasionnelles et les contrats à temps partiel. Ceci a pour effet de priver le domaine de l’enseignement d’une relève compétente », a déclaré Claude Soulière, président du Syndicat de l’enseignement de la Haute-Côte-Nord (CSQ).
« Perdre son emploi est déjà extrêmement douloureux, en raison de la précarité qui touche non seulement les travailleuses et travailleurs, mais leur famille. En plus, cette réforme qui les incite fortement à se déraciner a des conséquences néfastes sur le dynamisme économique et social de tout un coin de pays », a pour sa part commenté en marge de l’événement tenu à Baie-Comeau Jean-Roch Larouche, conseiller syndical à la CSD.
Dans la construction, le tourisme, la pêche, l’industrie forestière et le milieu scolaire, pour ne nommer que ces secteurs où se retrouvent des salariées et salariés occasionnels et à contrat, les travailleuses et travailleurs doivent parfois avoir recours à l’assurance-emploi. Si la réforme est maintenue, il sera très difficile d’y recruter ou d’y garder la main-d’œuvre.
« La configuration géographique de la Côte-Nord est particulière. Les pôles économiques peuvent être séparés par plus de 500 kilomètres de transport aller et retour. Dans ce contexte particulier, la réforme prend en otage chaque village avoisinant. Elle les condamne à une lente agonie ainsi qu’à une disparition de notre patrimoine régional et aura pour conséquence de défigurer définitivement notre région. Cette réforme est synonyme d’abandon de nos communautés. Par leur imagination et leur savoir-faire, ces hommes et ces femmes ont réussi à construire le Québec d’aujourd’hui en contribuant par leur force de bras à l’essor économique de la province comme région ressource », s’inquiète aussi Bertrand Méthot, conseiller régional de la FTQ sur la Côte-Nord.
Le gouvernement doit contribuer
Les quatre organisations syndicales ont finalement enjoint le gouvernement à prendre ses responsabilités en ce qui a trait au mode de financement du régime, auquel seuls les travailleuses et travailleurs et les employeurs sont appelés à participer à l’heure actuelle.
« En 1990, malgré une vaste opposition, le gouvernement canadien a cessé de participer financièrement au régime. Nous avons toujours dénoncé ce désengagement de l’État et exhortons le gouvernement à assumer de nouveau la part des dépenses qui lui revient », ont finalement déclaré les représentants de la CSD, de la CSN, de la CSQ et de la FTQ en concluant :
« Si le gouvernement fédéral persiste et signe dans son entreprise de réduction des droits des chômeuses et chômeurs et refuse de bonifier le régime d’assurance-emploi dans le sens de nos propositions, nous exigerons la création d’un régime québécois d’assurance-chômage, dans la mesure où les paramètres de ce nouveau régime en matière de couverture, de financement et de gouvernance répondent aux revendications de nos organisations. »