Société

Manon Bergeron, lauréate du prix Acfas Thérèse Gouin-Décarie

17 novembre 2023

Professeure titulaire au Département de sexologie de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Manon Bergeron a reçu le 16 novembre dernier le prix Acfas Thérèse Gouin-Décarie, parrainé par la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), qui souligne l’excellence et le rayonnement de ses travaux et de ses actions dans le domaine des sciences sociales. 

Manon Bergeron cumule près de 30 années d’expériences professionnelles dans le domaine des violences sexuelles. Ses intérêts de recherche portent essentiellement sur les violences sexuelles envers les femmes et, plus particulièrement, le développement, l’implantation et l’évaluation des programmes de prévention et de formation destinés aux intervenantes et intervenants de différents milieux. Elle est d’ailleurs titulaire de la Chaire de recherche sur les violences sexistes et sexuelles en milieu d’enseignement supérieur.

« Les travaux de recherche de la Chaire touchent les enjeux spécifiques aux milieux collégial et universitaire et couvrent autant la communauté étudiante que l’ensemble du personnel », explique Manon Bergeron.

Les études menées par la Chaire de recherche ont permis de documenter l’ampleur du phénomène des violences sexistes et sexuelles dans les institutions : environ 1 personne sur 3 serait victime de violences sexistes et sexuelles, selon la professeure.

« Autre enjeu important : le sous-signalement des situations de violence auprès des cégeps et des universités. Moins de 10 % des cas seraient communiqués aux établissements. Plusieurs raisons expliquent pourquoi les gens ne déclarent pas ces situations, ce peut être parce que la personne craint de ne pas être prise au sérieux par son établissement d’enseignement ou par crainte de représailles du milieu », ajoute Manon Bergeron.

Le programme Empreinte est également l’un de ses projets phares. Dans le cadre de celui-ci, elle a mobilisé les intervenantes de 26 centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) ainsi que plusieurs chercheuses du milieu universitaire.

« C’est un programme de prévention destiné aux jeunes de niveau secondaire, à leurs parents et au personnel scolaire. Son but est de réduire la tolérance sociale vis-à-vis les différentes formes de violences sexuelles », explique Manon Bergeron.

Le programme propose trois volets : des ateliers en classe abordant différentes thématiques de manière interactive et dynamique auprès des jeunes, une formation auprès du personnel scolaire et des capsules vidéos pour les parents abordant les mêmes enjeux que ceux traités en classe. Les 26 centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel offrent ce programme dans une ou plusieurs écoles de leur territoire.

« Ce qui me rend particulièrement fière, c’est que les trois volets du programme Empreinte ont été évalués et on sait que les jeunes qui y participent en apprennent davantage sur le sujet des violences sexistes et sexuelles. Ils développent de meilleures aptitudes et ont davantage l’impression de savoir quoi faire si un tel évènement se produit dans leur vie », souligne Manon Bergeron.

Lors de la remise du prix, la vice-présidente de la CSQ, Anne Dionne, a rappelé comment la lauréate a su « rallier les expertises d’individus, d’institutions et d’organismes d’intervention pour ensuite les organiser en un réseau visant un objectif commun : la prévention des violences sexuelles dans le milieu de l’enseignement ».

Elle a aussi mentionné à quel point « son travail est, pour la CSQ, une source de motivation afin de poursuivre notre action sociale et syndicale pour une société plus égalitaire et des milieux de travail exempts de discrimination et de violence ».

« Comme centrale syndicale œuvrant principalement dans le milieu de l’éducation et représentant une vaste majorité de femmes, il ne fait aucun doute que les enjeux entourant les violences sexistes et sexuelles dans le milieu de l’enseignement nous préoccupent au plus haut point. Nous sommes aussi bien placés pour saisir la force du collectif et, par le fait même, de toute l’importance de la collaboration entre les milieux scientifiques, de l’enseignement et du monde du travail sur ces questions », a ajouté Anne Dionne.

Manon Bergeron et Anne Dionne lors de la remise de prix. (Photo : Acfas – Hombeline Dumas)