Plus d’un an après les événements survenus à la Résidence Cooke, Centre d’hébergement en soins de longue durée pour personnes âgées, une centaine de membres du Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes, infirmières auxiliaires du Cœur-du-Québec (SIIIACQ-CSQ) ont tenu, ce matin, une marche dans les rues de Trois-Rivières pour dénoncer le manque chronique de personnel dans les établissements de santé de la région.

Trois-Rivières, le 11 octobre 2016. – Plus d’un an après les événements survenus à la Résidence Cooke, Centre d’hébergement en soins de longue durée pour personnes âgées, une centaine de membres du Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes, infirmières auxiliaires du Cœur-du-Québec (SIIIACQ-CSQ) ont tenu, ce matin, une marche dans les rues de Trois-Rivières pour dénoncer le manque chronique de personnel dans les établissements de santé de la région.
La présidente du SIIIACQ-CSQ, Andrée Guillemette, accompagnée des présidentes de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Louise Chabot, et de la Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ), Claire Montour, a profité de l’occasion pour dénoncer l’inertie des dirigeants du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ) face à cette sérieuse problématique.
« Les autorités du CIUSSS n’ont tiré aucune leçon des événements survenus à la Résidence Cooke en juillet 2015. Le manque de personnel sur le plancher demeure aussi criant, comme c’est également le cas dans l’ensemble des établissements de santé de la région, qui accusent un nombre plus élevé de départs que d’embauches. »
Des embauches nettement insuffisantes
Andrée Guillemette est fortement préoccupée de constater que, mois après mois, le manque de personnel devient de plus en plus lourd sur les travailleuses et travailleurs en poste.
« Au cours des six derniers mois seulement, le CIUSSS a procédé à 124 embauches alors que pour la même période, on a enregistré 137 départs. L’ampleur des embauches n’est jamais suffisante pour combler les postes rendus vacants, ce qui fait que la problématique s’aggrave continuellement », explique la leader syndicale.
Situation hors de contrôle pour le temps supplémentaire obligatoire
Cela se traduit d’ailleurs par une situation hors de contrôle touchant le temps supplémentaire obligatoire. « Le nombre d’heures effectuées en 2016 bat tous les records. Nous avons seulement la moitié de l’année 2016 écoulée et nous enregistrons déjà 3 248 heures, comparativement à 4 115 heures en 2014 et 4 316 heures en 2015. À ce rythme-là, nous allons dépasser largement les dernières années. Pas surprenant que le taux d’absentéisme soit à la hausse chez le personnel. Dans de telles conditions, il est absolument inconcevable que Gaétan Barrette exige que l’on réduise les taux d’assurance salaire », stipule Andrée Guillemette.
Rétention et attraction du personnel de plus en plus difficiles
Même son de cloche pour la présidente de la FSQ-CSQ, Claire Montour, qui craint que les infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes soient de plus en plus nombreuses à quitter le réseau public de santé si l’on n’améliore pas de façon tangible les conditions de travail du personnel.
Plutôt que d’afficher des postes à temps complet intéressants, les directions préfèrent recourir à des équipes volantes. « De tels postes ne font que contribuer un peu plus à la détérioration du climat de travail en raison de l’instabilité qu’ils engendrent au sein des équipes soignantes. Pendant ce temps, plusieurs personnes d’expérience quittent leur emploi, privant le réseau public d’une expertise et d’une expérience de grande valeur », de dire Claire Montour.
Elle rappelle d’ailleurs que la FSQ-CSQ a négocié, dans sa convention collective, un comité qui prévoit la mise sur pied de projets pilotes sur les ratios professionnels patients. « Ce sont là des éléments essentiels pour améliorer les conditions de travail du personnel qui est actuellement épuisé et en détresse. La FSQ-CSQ continue de dénoncer les compressions budgétaires mais travaille surtout à corriger la situation actuelle », précise Claire Montour.
Philippe Couillard et Gaétan Barrette interpellés
De son côté, la présidente de la CSQ, Louise Chabot, soutient que si l’on veut changer les choses, le signal doit venir principalement de Québec. « Pas plus tard qu’au cours des derniers jours, la Protectrice du citoyen reprochait au premier ministre Philippe Couillard et à son gouvernement d’avoir détourné l’État de sa raison d’être, c’est-à-dire le service aux citoyens. C’est particulièrement vrai dans le secteur de la Santé et des services sociaux où les multiples compressions et la réforme de structure lancée par Gaétan Barrette ont affaibli notre système public dans sa mission à l’égard de la population », déplore Louise Chabot.
La présidente de la Centrale plaide donc pour que le gouvernement Couillard ne se contente pas de mettre fin à ses mesures d’austérité, mais également qu’il procède à des réinvestissements majeurs, en termes de ressources humaines et financières, dans le réseau public de santé. « Qu’attend ce gouvernement pour agir? Faudra-t-il que d’autres événements malheureux, comme à la Résidence Cooke, se produisent? Personne ne le souhaite mais les conditions de travail des infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes ressemblent de plus en plus à un cocktail propice pour engendrer de tels drames », conclut Louise Chabot.
Profil du SIIIACQ-CSQ
Le Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes, infirmières auxiliaires du Cœur-du-Québec (SIIIACQ-CSQ) représente plus de 1 900 membres du personnel en soins infirmiers et cardio-respiratoires (infirmières, inhalothérapeutes et infirmières auxiliaires) qu’on retrouve dans les établissements de santé couvrant l’ensemble de la région Mauricie/Centre-du-Québec.
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  • Manifestation du SIIIACQ-CSQ pour dénoncer le manque criant de personnel