Les militantes de la Marche mondiale des femmes et leurs alliés et alliées se mobilisent aujourd’hui, pour commémorer les 1138 travailleuses et travailleurs décédés et les plus de 2000 blessés dans l’effondrement du Rana Plaza, un immeuble abritant de nombreux ateliers de fabrication de vêtements au Bangladesh, le 24 avril 2013.

Montréal, le 24 avril 2015. – Les militantes de la Marche mondiale des femmes et leurs alliés et alliées se mobilisent aujourd’hui, pour commémorer les 1138 travailleuses et travailleurs décédés et les plus de 2000 blessés dans l’effondrement du Rana Plaza, un immeuble abritant de nombreux ateliers de fabrication de vêtements au Bangladesh, le 24 avril 2013. La plupart des victimes de cette catastrophe étaient des femmes, et parfois de très jeunes filles. Les travailleuses et travailleurs morts sous les décombres étaient souvent le seul soutien de leur famille. Parmi les personnes rescapées, plusieurs se retrouvent avec une incapacité de travail pour le reste de leur vie. À Montréal, les militantes et militants réunis devant le Walmart de Côtes-des-Neiges, ont dénoncé l’exploitation du travail des femmes, ici comme ailleurs, par le système économique capitaliste.
Devant l’ampleur de cette tragédie et le soulèvement de l’opinion publique, un fonds d’indemnisation des victimes a été mis sur pied. Mais deux ans après la tragédie, les fonds pour indemniser correctement toutes les victimes sont toujours insuffisants. Une campagne mondiale d’action interpelle les entreprises Children’s Place, Benetton et Walmart afin qu’elles versent immédiatement les neuf millions de dollars qui manquent au fonds d’indemnisation.
Partout dans le monde, les femmes mobilisées par la Marche mondiale des femmes organisent des actions le 24 avril. Ces actions ont lieu de 12 h à 13 h dans tous les pays où la Marche est présente, afin de réaliser un « 24 heures d’actions féministes » à travers le monde, deux ans après l’effondrement du Rana Plaza. Répondant à cet appel, plusieurs organisations québécoises manifestent ce midi devant l’entrée principale de la Plaza Côte-des-Neiges, sous l’enseigne de Walmart. « Cette tragédie est devenue le symbole de l’exploitation des femmes liée à une économie capitaliste mondialisée », dénonce Chantal Locat, porte-parole de la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes.
Cette économie s’accompagne d’une forte criminalisation des militantes et militants qui luttent pour la défense des droits des victimes, notamment dans les syndicats, qui font pression sur les entreprises pour exiger des conditions de travail décentes. En avril dernier, la militante Kalpona Akter et d’autres militantes et militants ont ainsi été arrêtés lors d’une campagne au siège de Children’s Place au New Jersey (Etats-Unis) alors qu’ils tentaient de remettre une lettre au PDG de cette entreprise.
« L’industrie du textile emploie plus de 40 millions d’êtres humains sur la planète, dont 75 % sont des femmes. Par exemple, le PIB du Bangladesh dépend à 80 % de l’industrie du textile. En Colombie, l’industrie du textile procure plus de 21 % des emplois du secteur manufacturier. Les pratiques de cette industrie ont donc des impacts particulièrement importants », déclare Lis Suarez de FEM international.
L’accident du Rana Plaza est le résultat de la course aux profits des multinationales, qui magasinent à travers le monde pour trouver la main-d’œuvre la moins chère, sans égard aux conditions de vie et de travail des gens. Les pays fournisseurs de main-d’œuvre comme le Bangladesh, le Kenya ou le Mexique, se font concurrence pour accueillir ces entreprises, offrant le moins de règlementations possibles et les salaires les plus bas. « Cette compétition a pour effet des conditions de travail à la baisse partout dans le monde, appauvrissant davantage les femmes », affirme Carole Henry porte-parole d’Au bas de l’échelle.
« Le gouvernement canadien doit adopter une règlementation obligeant les compagnies ayant leur siège social au Canada ou faisant affaire au Canada à respecter les conventions et les normes de l’OIT portant sur le salaire décent, les mesures de santé et sécurité sur les lieux du travail et le droit à la syndicalisation », revendique Michèle Asselin, coordonnatrice du Centre international de solidarité ouvrière.
Coordonnée par la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes en collaboration avec : Au bas de l’échelle, Centre international de solidarité ouvrière (CISO), Collectif des Femmes de diverses origines, Comité Femmes et Développement et l’AQOCI, Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL), FEM international, Femmes autochtones au Québec, Mer et monde. Cette mobilisation s’inscrit dans le cadre des actions de la Marche mondiale des femmes 2015 sous le thème Libérons nos corps, notre Terre et nos territoires : www.mmfqc.org.