Sept-Îles, le 12 mai 2022. – La députée de Duplessis, Lorraine Richard, la présidente du Syndicat des intervenantes et intervenants de la santé du Nord-Est québécois (SIISNEQ-CSQ), Nathalie Savard, et la représentante nationale de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) pour la Côte-Nord, Maude Fréchette, demandent une rencontre d’urgence avec le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, pour faire le point sur les services et soins de santé ainsi que les services sociaux offerts à la population de la Côte-Nord.

En conférence de presse ce matin, Lorraine Richard, Nathalie Savard et Maude Fréchette ont qualifié d’extrêmement préoccupante la gestion des services et soins de santé ainsi que des services sociaux faite par le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Côte-Nord. Elles dénoncent les dizaines de millions de dollars dépensés par année par les dirigeants du CISSS en main-d’œuvre indépendante (MOI), à qui l’on offre des conditions de travail plus avantageuses que dans le réseau public. Ceci, au moment même où le CISSS peine à retenir son personnel en poste, accentue l’exode du secteur public vers les agences privées afin de bénéficier des mêmes avantages, aggravant d’autant plus la pénurie de personnel.

Nécessité de sortir de la dépendance à la MOI

Les trois leaders soutiennent que c’est la survie de certains services qui s’en trouvera menacée si la région continue de s’enfoncer dans ce cercle vicieux. « La Côte-Nord se situe déjà parmi les régions où l’on recourt le plus à la MOI. On ne peut pas continuer ainsi parce que cette façon de faire met en péril la survie de notre système public de santé dans la région », prévient la députée Lorraine Richard.

Cette dernière soutient que la situation de la Côte-Nord est à ce point particulière et critique que le ministre de la Santé et des Services sociaux doit y apporter une attention spéciale. « Il va falloir qu’on cesse d’utiliser l’argent public pour engraisser des agences privées de l’extérieur. Il faut sortir la Côte-Nord de sa dépendance à la MOI, et cela passe par la nécessité d’offrir des conditions de travail plus avantageuses et plus concurrentielles à notre personnel du réseau public, si l’on veut réduire l’attrait du privé. »

Un échéancier précis exigé

Renchérissant dans le même sens, la présidente du SIISNEQ-CSQ, Nathalie Savard, affirme que si le CISSS de la Côte-Nord peut se permettre de faire un déficit de 65 millions de dollars cette année seulement, dont 65 % sont attribuables à l’embauche de MOI, il a certainement les moyens de mieux traiter les travailleuses et les travailleurs qui portent le réseau public à bout de bras. « Bien sûr qu’on ne pourra pas faire disparaître la MOI du jour au lendemain, mais nous voulons discuter avec le ministre d’un échéancier précis et réaliste pour mettre fin à cette forme de gestion destructrice d’emplois publics, à laquelle les dirigeants du CISSS ont développé une dépendance. »

Elle rappelle que le gouvernement a accepté que le CISSS de la Côte-Nord paie 20 % de plus la MOI que c’est le cas dans les grands centres, car le personnel du privé refusait de venir travailler dans la région. Pourtant, ce même gouvernement refuse d’augmenter les conditions du personnel du CISSS de la Côte-Nord pour les garder dans le réseau public et pour inciter d’autres ressources à venir y travailler.

Une population qui doit recevoir les services auxquels elle a droit

Même sentiment d’urgence pour la représentante nationale de l’APTS pour la Côte-Nord, Maude Fréchette, pour qui la solution passe par de meilleures mesures en matière de disparités régionales. « Ça presse de réfléchir à un plan de transition afin d’accueillir du nouveau personnel dans le réseau public et mettre fin au recours au personnel des agences privées. Notre population a droit aux mêmes services et soins de santé que partout ailleurs au Québec. Il faut donc attirer des travailleuses et des travailleurs qui vont choisir notre région pour y vivre avec leur famille. C’est la seule façon d’assurer l’avenir du réseau public de santé et de services sociaux dans la région et d’assurer le développement économique et social de la Côte-Nord. Si le gouvernement veut que les familles s’établissent en région, il ne doit pas leur demander de faire six heures de route pour avoir droit à des services d’orthophonie, de physiothérapie ou encore à des services d’imagerie médicale, par exemple. Faute d’avoir accès à des services publics en santé et en services sociaux, la région risque de se vider de ses forces vives », ajoute Maude Fréchette.

Une intervention de Christian Dubé est attendue

Lorraine Richard, Nathalie Savard et Maude Fréchette interpellent donc le gouvernement Legault et son ministre de la Santé et des Services sociaux afin qu’ils considèrent le recours à la MOI sur la Côte-Nord comme un dossier prioritaire et qu’ils préparent une intervention spécifique pour faire face aux problèmes urgents propres à cette région.

« Le ministre doit intervenir personnellement, car il est clair que les gestionnaires du CISSS de la Côte-Nord ont perdu le contrôle sur la situation. Ils l’ont reconnu eux-mêmes en disant être devenus dépendants de la MOI. Ils en ont donné la preuve en supprimant 144 postes de professionnels en 2 ans dans notre réseau public pendant qu’ils dépensaient des dizaines de millions de dollars pour embaucher du personnel du secteur privé. Christian Dubé n’a pas le choix de reprendre les choses en main. Autrement, son gouvernement devra vivre avec la désapprobation de la population face à la détérioration des soins et services de santé dans la région », concluent les trois porte-parole.