Société

L’intelligence artificielle : l’urgence d’agir au collégial

11 avril 2024

L’arrivée de ChatGPT en novembre 2022 a marqué un tournant significatif, provoquant une onde de choc dans le milieu éducatif et plus particulièrement au collégial. Pour la Fédération de l’enseignement collégial (FEC-CSQ) et son président, Youri Blanchet, la rapidité de cette évolution pose un défi majeur : s’adapter adéquatement et rapidement à ces nouvelles technologies qui redéfinissent les pratiques et les cadres de référence. 

Par Gabriel Danis, conseiller CSQ 

Cette adaptation s’est avérée cruciale dès les premiers mois suivant l’introduction de ChatGPT. Plusieurs enseignantes et enseignants du collégial, confrontés à l’impact immédiat de cet outil, ont dû revoir en urgence leurs plans de cours durant le congé des fêtes, tandis que les cas de plagiat et la difficulté à les prouver ont mis en lumière les défis liés aux dissertations et aux travaux à domicile. 

L’urgence d’un encadrement 

Face à ces enjeux, certains ont opté pour un retour aux examens sur papier, se heurtant à des problèmes logistiques non négligeables, tels que le manque d’espace dans les locaux, les défis liés à la surveillance des examens et la lourdeur de la correction. Cette situation a également soulevé des questions spécifiques pour les élèves à besoins éducatifs particuliers, qui nécessitent un accès à des outils informatiques. 

La réponse institutionnelle à ces défis a souvent été jugée trop lente, tant de la part du ministère de l’Éducation que de celle des directions d’établissement. Cependant, il faut souhaiter que la publication prochaine du rapport du Conseil supérieur de l’éducation permette d’apporter davantage d’eau au moulin. 

Pour une utilisation éthique et responsable de l’IA 

La FEC-CSQ a rapidement pris au sérieux cette nouvelle réalité en organisant des rencontres pour discuter des conséquences de l’intelligence artificielle (IA) et des outils numériques sur l’enseignement collégial. Ces discussions ont souligné l’importance cruciale de l’éducation au numérique pour les jeunes, dans un contexte où le rapport au savoir et à sa production est profondément modifié par ces technologies. La nécessité d’une consultation étroite du milieu éducatif dans l’adoption de ces outils est également apparue comme une évidence, notamment pour éviter les pièges des solutions miracles proposées par certaines entreprises privées. 

Les étudiantes et les étudiants eux-mêmes expriment des inquiétudes, particulièrement vis-à-vis des outils prédictifs de réussite scolaire, qui posent la question éthique du traitement algorithmique de leur potentiel éducatif avant même le début de leurs études supérieures. Désormais, avec l’introduction des robots conversationnels, nos collègues professionnels et le personnel de soutien se sentent également davantage interpellés. 

Au prochain Congrès de la CSQ 

La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) n’est pas en reste sur cette question, notamment en participant à différents forums de consultation gouvernementaux et en ayant déposé un avis dès juin 2023 intitulé Pour une utilisation éthique et responsable de l’intelligence artificielle (IA) en éducation et en enseignement supérieur. 

D’ailleurs, la problématique occupera une place importante au sein des discussions et des délibérations du Congrès CSQ en juin prochain à Québec. Assurément, ces nombreux enjeux n’ont pas fini de faire jaser!  

À lire également, l’entrevue de Youri Blanchet, président de la FEC-CSQ : L’UQAR encadrera l’intelligence artificielle |  Radio-Canada Bas-Saint-Laurent, 9 avril 2024.