Action féministe
L’humoriste Maude Landry prête sa voix aux métiers du prendre soin et de l’accompagnement
15 décembre 2025
Pour plusieurs, l’humoriste Maude Landry est une artiste de scène, une créatrice singulière au style pince-sans-rire bien à elle. Mais dans le balado Fait avec soin, elle occupe un rôle bien différent : celui d’une passeuse de récits, d’une animatrice qui prête sa voix et son écoute aux travailleuses du prendre soin et de l’accompagnement. Si son humour affleure parfois, c’est surtout son humanité, son empathie et sa sensibilité féministe qui guident son approche dans ce projet.
Par Félix Cauchy-Charest, conseiller CSQ
Maude Landry raconte avoir été « flattée » d’être approchée pour animer le balado de la CSQ Fait avec soin. « J’aime utiliser ma voix et là, je peux le faire pour quelque chose qui s’aligne avec mes valeurs. C’est un enjeu qui me touche beaucoup. Je suis quelqu’un qui aime prendre soin des gens. Il y a quelque chose de très féministe là-dedans », dit-elle d’emblée.
L’humoriste résume Fait avec soin comme « un balado doux, agréable à écouter, qui secoue un peu par moments », qui oblige à voir ce qu’on refuse souvent de regarder : le rôle fondamental des métiers du prendre soin et de l’accompagnement dans nos vies et dans notre société. « Il faut reconnaître le travail de ces gens parce qu’on va tous avoir besoin d’eux à un moment de notre vie », dit-elle.
Découvrir un vaste univers
En travaillant sur ce projet de balado, Maude Landry a fait quelques apprentissages, dont celui de comprendre la réelle définition des métiers du soin et de l’accompagnement. Elle croyait, au départ, que l’expression renvoyait principalement au réseau de la santé. Elle a très vite découvert qu’elle englobe aussi l’éducation, le communautaire, la petite enfance, là où les femmes « accompagnent » les autres au quotidien. « J’ai réalisé que ces métiers sont partout autour de nous, portés par des personnes qui, bien souvent, n’attendent rien en retour », dit-elle. Elle ajoute que le balado offre « des points de vue que je n’avais pas vus venir » sur ce travail essentiel souvent tenu pour acquis.
Rendre visibles les « héroïnes de l’ombre »
Maude Landry est catégorique : Fait avec soin rend hommage à « celles et ceux à qui on ne pense pas », les « héroïnes de l’ombre », ces personnes qui accueillent les enfants, soutiennent les familles, s’occupent des personnes vulnérables, accompagnent les personnes aînées, enseignent, écoutent et rassurent. Des métiers qu’elle décrit comme des professions exigeantes, trop souvent exécutées dans la discrétion.
L’humoriste évoque les personnes du prendre soin et de l’accompagnement qui ont marqué sa propre vie, comme Tamara, son éducatrice immigrante de Lituanie, qui apprenait le français en regardant Les Feux de l’amour tout en prenant soin d’elle lorsqu’elle était malade! « On écoutait l’émission… elle essayait de comprendre avec les sous-titres. Je trouvais ça courageux d’arriver dans un pays qui n’est pas le sien et de prendre un job comme ça. » Cette anecdote, simple et lumineuse, résume tout : occuper un emploi du prendre soin et de l’accompagnement, c’est un geste humain et profond.
Pourquoi ce travail reste-t-il si peu valorisé?
Pour Maude Landry, l’explication tient en une phrase : la société pense encore que « les femmes sont bonnes là-dedans » et que « ça leur fait plaisir ». On présume que c’est naturel, facile, ancré dans leur tempérament. « On tient pour acquis que c’est facile! » Mais la réalité est tout autre. Ce sont des métiers exigeants physiquement et émotionnellement qui demandent de l’expertise, de la patience, de l’empathie, du jugement et de la capacité d’adaptation. Pourtant, les conditions de travail ne sont pas à la hauteur. « Elles sont peut-être mieux qu’avant, mais le salaire n’a pas tellement augmenté », dit-elle sans détour.
Un balado pour provoquer une prise de conscience
Au fil des épisodes, Maude Landry a découvert un travail profondément humain, exigeant, émotionnel, mais surtout, fondamental. Le soin, c’est ce qui permet aux écoles de tourner, aux familles de respirer, aux communautés de tenir. Mais tant que ce travail restera invisible ou banalisé, les conditions ne changeront pas.
Avec sa sensibilité et son franc-parler, son humour et son empathie, Maude Landry souhaite réussir son pari : mettre en lumière celles et ceux dont le travail permet au Québec de tenir debout.
Pour en savoir plus
Rendez-vous sur le site de la CSQ (lacsq.org/fait-avec-soin) pour accéder aux six épisodes audios du balado, regarder les entrevues vidéos avec des spécialistes sur le terrain et de la recherche, et consulter l’ensemble du contenu Web complémentaire.