Laval, le 21 février 2012. – Les enseignantes et les enseignants du Québec sont presque unanimes à désavouer les diverses mesures portant sur l’évaluation de leur travail, telles que sont proposées par la Coalition Avenir Québec (CAQ) de François Legault et le Parti libéral du Québec (PLQ) de Jean Charest.
C’est en effet ce que révèle un sondage réalisé par la firme CROP du 3 au 14 février dernier auprès de 1 198 personnes œuvrant dans le secteur de l’éducation, dont 595 étant des enseignantes et des enseignants du primaire, du secondaire et du collégial. Le sondage a été réalisé à la demande de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et ses résultats ont été dévoilés aujourd’hui en conférence de presse.
Un sondage qui fait mentir François Legault
Ainsi, ce sondage fait mentir le chef de la CAQ, François Legault, qui prétend depuis des mois pouvoir compter sur l’appui de la plupart des enseignantes et des enseignants concernant les mesures qu’il propose pour évaluer leur travail. Le sondage révèle tout le contraire alors que 98 % des enseignantes et des enseignants du primaire et du secondaire se disent plutôt en désaccord (10 %) ou tout à fait en désaccord (88 %) avec une rémunération qui varierait en fonction des résultats scolaires de leurs élèves. À l’enseignement collégial, ils sont 97 % à rejeter une telle mesure (16 % plutôt en désaccord et 81 % tout à fait en désaccord).
D’autres idées largement rejetées
L’idée de financer les établissements d’enseignement en fonction de la réussite des élèves n’obtient également guère plus de succès puisqu’elle est rejetée par 92 % des enseignantes et enseignants du primaire et du secondaire (13 % plutôt en désaccord et 79 % tout à fait en désaccord), et par 93 % des enseignants de cégep (18 % plutôt en désaccord et 75 % tout à fait en désaccord).
Quant aux fameux bonus au rendement pour rehausser la qualité de l’éducation au Québec, 92 % des enseignantes et enseignants du primaire et du secondaire ne croient pas que cela pourrait les aider à être un meilleur enseignant. Au niveau collégial, 89 % des enseignants sont du même avis.
Danger réel de manipulation des notes
D’autre part, la majorité des enseignantes et des enseignants interrogés, soit 75 % provenant du primaire et du secondaire et 78 % du collégial, croit que la pression mise sur le personnel enseignant pour atteindre des cibles de diplomation risquerait de favoriser la manipulation de notes des élèves. D’ailleurs, 29 % des enseignantes et des enseignants interrogés provenant du primaire et du secondaire et 36 % de ceux interrogés issus du collégial soutiennent qu’il leur est déjà arrivé de subir des pressions de leur direction pour revoir à la hausse les résultats scolaires de leurs élèves.
Des compressions condamnées et un système d’éducation bien perçu
Plus largement, la grande majorité des répondants au sondage, provenant de l’enseignement, mais également des services professionnels et du personnel de soutien, condamne les coupes de 600 millions de dollars sur trois ans annoncées par le gouvernement Charest. Contrairement aux propos rassurants de la ministre de l’Éducation Line Beauchamp, 95 % des personnes interrogées soutiennent que ces compressions entraîneront une détérioration de la qualité des services aux élèves.
De même, la grande majorité des 1 098 personnes interrogées, soit 78 %, soutient avoir une opinion plutôt bonne (65 %) et même très bonne (13 %) à l’égard de notre système d’éducation au Québec.
Un message clair pour François Legault
À la lumière des résultats de ce sondage, le président de la CSQ, M. Réjean Parent, dit espérer « que le chef de la CAQ, François Legault, va cesser dès maintenant d’associer bien malgré eux les enseignantes et les enseignants aux mesures de sabotage de notre système d’éducation qu’il propose, en laissant faussement croire qu’il peut compter sur leur appui ».
« Que François Legault démontre qu’il est un leader politique responsable en cessant de faire de la fausse représentation au nom des enseignantes et des enseignants du Québec. Alors que les mesures qu’il propose en éducation sont au cœur du programme de son parti, la CAQ est aux prises avec un grave problème puisque la grande majorité des enseignantes et des enseignants rejettent ces propositions », prévient M. Parent.
Un constat pour Line Beauchamp
Le président de la CSQ invite également la ministre de l’Éducation, Line Beauchamp, et son gouvernement à prendre bonne note de l’important désaveu à l’égard de leur intention de faire varier le financement des établissements en fonction de la réussite des étudiants. « Cette mesure qui sent l’improvisation pour tenter de contrer la CAQ est très mal accueillie par les enseignantes et les enseignants. J’ose espérer que la ministre en tirera les conclusions qui s’imposent et qu’elle réfléchira aux importantes compressions imposées à notre système d’éducation jugées dangereuses pour les services aux élèves », conseille M. Parent.
Un système d’éducation bien perçu par ses principaux artisans
En terminant, M. Réjean Parent se réjouit de constater qu’alors que notre système d’éducation est souvent l’objet de critiques sévères, celles et ceux qui en constituent les principaux acteurs, c’est-à-dire son personnel, en ont une image beaucoup plus positive.
« Celles et ceux qui connaissent le mieux notre système sont loin de partager le portrait apocalyptique que certains commentateurs, qui en sont éloignés, décrivent. Au contraire, ils ont une opinion plutôt bonne, sinon très bonne, de notre système d’éducation au Québec et il serait peut-être temps qu’on le dise », conclut le président de la CSQ, M. Réjean Parent.
Profil de la CSQ
La CSQ représente plus de 190 000 membres, dont près de 130 000 font partie du personnel de l’éducation. Elle est l’organisation syndicale la plus importante en éducation au Québec. La CSQ est également présente dans les secteurs de la santé et des services sociaux, des services de garde, du municipal, des loisirs, de la culture, du communautaire et des communications.