Québec, le 26 avril 2012 – Les présidents des trois fédérations rassemblant l’ensemble des professeures et professeurs de cégep, mais également la vaste majorité des chargés de cours et les professeurs d’université, unissent leurs voix pour souligner leur indignation face à l’attitude de la ministre de l’Éducation et vice-première ministre du Québec, madame Line Beauchamp, dans ce que l’on peut qualifier de véritable crise.
«La ministre a d’abord favorisé une détérioration importante du climat social, en attendant plus de deux mois pour rencontrer les représentantes et représentants des associations étudiantes. À l’heure où un geste concret du gouvernement pouvait encore calmer le jeu et minimiser les dégâts, il est irresponsable de la part de la ministre de suspendre la négociation sous de faux prétextes », affirment d’une seule voix Mario Beauchemin, président de la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep (FEC-CSQ), Jean Trudelle, président de la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) et Max Roy, président de la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU).
Pour une négociation de bonne foi plutôt qu’une judiciarisation du conflit
« Au lieu de dénoncer des incidents isolés qui ne découlent pas de décisions prises démocratiquement par les associations étudiantes, madame Beauchamp aurait également dû intervenir pour influencer les étudiants mécontents et des directions des cégeps et des universités afin d’éviter la judiciarisation du conflit. Le climat qui s’est instauré dans plusieurs établissements d’enseignement supérieur est inacceptable », de poursuivre les trois représentants.
Les trois fédérations appellent à une reprise immédiate des discussions avec toutes les associations étudiantes, pour parvenir à une véritable entente, et pressent le gouvernement de reconnaître qu’il doit ouvrir le jeu sur le fond du problème, soit la hausse des droits de scolarité. Elles joignent ainsi leurs voix à celles de l’Alliance sociale et de nombreuses personnalités québécoises, qui réclament un moratoire sur la hausse des droits de scolarité et la tenue rapide de véritables États généraux sur l’avenir des universités.
Après dix semaines de conflit, le cynisme dont fait preuve le gouvernement envers la jeunesse québécoise est difficile à accepter, pour des enseignantes et des enseignants qui travaillent avec les jeunes. Les actes de violence perpétrés par des groupuscules isolés sont certes inacceptables, tout comme d’ailleurs certains dérapages policiers qu’ils ont entraînés. Mais au lieu de chercher à toute force à associer la Classe à la violence pour diviser les étudiants, au lieu de permettre, voire d’encourager une judiciarisation du conflit, le gouvernement devrait reconnaître la division sociale importante que génère de la hausse des droits de scolarité et agir en conséquence.
Cela signifie travailler à un règlement rapide du conflit. Comme le rappelait la Commission des relations du travail (CRT) dans une récente décision touchant aux négociations du secteur public de 2005, pour qu’une négociation soit de bonne foi, il faut que les parties s’engagent à chercher honnêtement un compromis ou adoptent une attitude démontrant un effort véritable et réel d’entente. Ce n’est malheureusement pas dans cette voie que semble vouloir s’engager le gouvernement du Québec.
« Pour assurer la paix sociale, respecter les décisions démocratiques des étudiantes et étudiants et permettre à tous de terminer les sessions dans un climat propice à l’enseignement, le premier ministre doit faire preuve de leadership et mettre son orgueil de côté. Ce qui est intolérable, c’est de ne sentir du côté du gouvernement aucune volonté politique réelle de trouver une solution rassembleuse à un conflit qui a déjà trop duré », ont conclu les trois présidents.