La FIPEQ-CSQ intime la ministre de la Famille, Francine Charbonneau, et son gouvernement de cesser l’appauvrissement, voire le démantèlement, du réseau public de la petite enfance du Québec.

Québec, le 13 septembre 2015. – La Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ) intime la ministre de la Famille, Francine Charbonneau, et son gouvernement de cesser l’appauvrissement, voire le démantèlement, du réseau public de la petite enfance du Québec.
« Alors que débute aujourd’hui la semaine canadienne des services de garde qui promeut l’établissement d’un réseau public comme celui du Québec, ici, notre gouvernement est en train de le vandaliser littéralement en l’offrant à l’entreprise privée. Car c’est bien de cela qu’on parle quand on sait que les crédits d’impôts qu’il accorde aux garderies privées subventionnées coûtent au bas mot 589 millions de dollars à l’État. Ces sommes ne sont pas investies dans le réseau public mais plutôt données au privé. C’est un peu comme si le gouvernement Couillard voulait démanteler le réseau, ne pas réclamer des sommes qui nous sont dues au fédéral, affaiblir la qualité des services de garde régis et s’attaquer aux éducatrices syndiquées. Il est très loin de sa mission première d’offrir les meilleurs services à la population », s’exaspère Kathleen Courville, présidente de la FIPEQ-CSQ.
Le réseau public donné au privé
Elle poursuit en dénonçant le fait que « depuis les bonifications du crédit d’impôt pour les frais de garde, en 2008-2009, et l’instauration du remboursement mensuel anticipé, le nombre de places offertes en garderies privées non subventionnées a augmenté de 554 %, passant de moins de 7 000, en 2009, à plus de 46 000 en 2014. Ces crédits d’impôts représentent ni plus ni moins que 589 millions de dollars au Québec en 2014. Cette explosion des coûts du crédit d’impôt n’est pas étonnante lorsqu’on sait que le gouvernement a tout fait pour rendre plus avantageuses, financièrement, les places non subventionnées ».
Par ailleurs, la FIPEQ-CSQ estime que le gouvernement fédéral économise d’importantes sommes parce que le Québec s’est doté d’un réseau public de services de garde éducatif à la petite enfance. La Commission de révision permanente des programmes soulignait que « la conception même du réseau de garderies subventionnées fait en sorte de réduire la contribution fédérale au financement du régime. Selon le ministère des Finances, cela représente un manque à gagner de 149 millions de dollars. »
« Au lieu de demander aux familles québécoises de compenser pour ce manque à gagner avec une incroyable hausse de tarifs, il serait grand temps que le gouvernement libéral fasse son travail et exige du fédéral d’être entièrement compensé pour les sommes que ce dernier économise », martèle la présidente.
Préserver le réseau public
Outre la récupération des 589 millions en frais de crédits d’impôts donné au privé et des 149 millions du fédéral, la FIPEQ-CSQ maintient la pression sur la ministre de la Famille afin qu’elle prenne les mesures nécessaires pour préserver le réseau public des services de garde à la petite enfance plutôt que de dénigrer le travail de qualité qui est prodigué par les éducatrices en services régis.
Le ministère de la Famille devrait notamment accélérer la création du nombre de places à contribution réduite en CPE et en milieu familial régi, basée sur une évaluation des besoins réels des parents par région, en tenant compte de la répartition des deux volets. Aussi, la FIPEQ-CSQ recommande le gel de la contribution parentale, un moratoire sur l’octroi de permis pour des places en garderie privée non subventionnée, et de faire en sorte que le choix d’une place subventionnée soit le plus avantageux, financièrement, pour l’ensemble des familles. Enfin, l’organisation syndicale croit qu’il faut renforcer le contrôle fiscal à l’égard du crédit d’impôt pour frais de garde d’enfants.
En conclusion, Kathleen Courville souhaite que la ministre Charbonneau réalise enfin que les services de garde éducatif régis sont différents des services privés qui n’ont pas les mêmes règles. « S’il le faut, nous sommes prêtes à l’accueillir sur le terrain pour rencontrer des éducatrices afin qu’elle le constate. Les plaintes au public sont de loin moins élevées qu’au privé quoi qu’en dise la ministre. Nous croyons pertinent qu’elle prenne plus de temps à comprendre le terrain qu’à privilégier le privé et à tenter par tous les moyens de porter atteinte au travail des éducatrices syndiquées. Nos membres en ont assez de ces mesures d’austérité qui mettent en pièce un réseau public envié par les autres provinces. »
Profil de la FIPEQ-CSQ
La Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ) représente près de 14 000 responsables d’un service de garde en milieu familial et près de 2 000 travailleuses dans les installations des CPE. Elle est l’organisation syndicale la plus représentative dans le secteur de la petite enfance au Québec.