« Les effets des coupes et compressions dans le secteur de la santé et des services sociaux se font de plus en plus sentir dans la région de la Côte-Nord, alors que les interventions en santé et sécurité dans les entreprises pourraient être considérablement réduites et que la pénurie de personnel est aggravée par les postes non comblés. »

Baie-Comeau, le 15 novembre 2016. – « Les effets des coupes et compressions dans le secteur de la santé et des services sociaux se font de plus en plus sentir dans la région de la Côte-Nord, alors que les interventions en santé et sécurité dans les entreprises pourraient être considérablement réduites et que la pénurie de personnel est aggravée par les postes non comblés. »
Accompagnée des présidentes de la Fédération de la santé du Québec (FSQ-CSQ), Claire Montour, et de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Louise Chabot, la présidente du Syndicat des intervenantes et intervenants de la santé du Nord-Est québécois (SIISNEQ-CSQ), Nathalie Savard, a profité aujourd’hui d’une conférence de presse pour sonner l’alarme sur ce qui se passe dans le secteur de la santé et des services sociaux dans la région. Étaient également présents la présidente et le vice-président du Syndicat du personnel professionnel et technique de l’Agence de santé et de services sociaux de la Côte-Nord, Cynthia Desrosiers et Rémi Simard.
Des abolitions de postes qui font mal
Ainsi, la présidente du SIISNEQ-CSQ est fort inquiète de la coupe de 400 000 dollars au budget affecté aux interventions en santé et sécurité au cours des deux dernières années et des abolitions de postes faites cette année et prévues l’an prochain. « On parle de six à sept postes au cours des deux dernières années et de coupes supplémentaires pour 2018. C’est énorme pour une équipe qui compte environ 23 personnes. C’est clair que nous ne pourrons plus être aussi présents dans les entreprises pour assurer la santé et la sécurité des travailleuses et travailleurs et des priorités devront être faites afin de couvrir l’ensemble de la région.
Ce qui n’est pas sans conséquence pour une région comme la Côte-Nord qui compte plusieurs entreprises opérant notamment dans les secteurs de la forêt, des mines et des pêches, et où les questions de santé et sécurité au travail sont prioritaires », dénonce Nathalie Savard.
Cette dernière déplore que ce manque de personnel ne soit pas sans conséquences sur les efforts et la surcharge de travail demandée aux divers professionnels pour assurer la santé et la sécurité des travailleuses et travailleurs.
Une pénurie de personnel qui fait mal
La situation n’est guère plus réjouissante dans l’ensemble des établissements de santé de la Côte-Nord où la pénurie de personnel se fait durement sentir et est aggravée par l’entêtement de l’employeur à ne pas combler les postes.
« Depuis la création du CISSS de la Côte-Nord, l’employeur justifie son inaction en invoquant la réorganisation des services cliniques. Malheureusement, cela a des impacts importants sur la stabilité des équipes. Il y a quelques mois, la situation du manque de personnel à l’urgence au Centre de santé de Port-Cartier était suffisamment inquiétante pour que l’employeur envisage de détourner des patients de Port-Cartier vers l’urgence de Sept-Îles. Il y a renoncé finalement mais les difficultés demeurent », constate Nathalie Savard.
Un engagement du CISS non tenu
La présidente du SIISNEQ-CSQ déplore également que le directeur général du CISSS n’ait pas tenu l’engagement qu’il avait pris de créer des comités qui seraient chargés de trouver des solutions permanentes à la situation.
« Le syndicat devait être convoqué à cette fin mais nous n’avons jamais eu de nouvelles. Nous avons donc nous-mêmes invité les représentants de l’employeur à une rencontre, qui a eu lieu la semaine dernière, afin de faire le point. Plusieurs sujets ont été abordés, notamment l’importance de combler les postes si nous voulons contrer la pénurie actuelle », explique Nathalie Savard.
Le SIISNEQ-CSQ entend suivre de près le dossier et talonner la direction du CISSS de la Côte-Nord pour qu’elle passe à l’action.
Des tentatives de flexibilité et de mobilité inacceptables
Pour sa part, la présidente de la FSQ-CSQ, Claire Montour, dénonce les tentatives de la direction du CISSS d’imposer plus de flexibilité et de mobilité aux infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes malgré le rejet sans équivoque de ce concept lors des dernières négociations.
« Nos membres ont fait quatre jours de grève pour s’opposer aux demandes de flexibilité et de mobilité et nous avons eu gain de cause. En vertu de notre convention collective, la direction du CISSS ne peut pas forcer les infirmières et les infirmières auxiliaires à travailler dans plus d’un établissement à la fois. Malgré cela, l’employeur essaie de régler son problème de pénurie de personnel en recourant à ce moyen, plutôt que de faire de véritables efforts pour retenir le personnel en place ou pour tenter d’intéresser d’autres infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes à venir travailler dans la région », analyse Claire Montour.
Diviser la misère en temps de pénurie
Cette dernière ajoute que la direction du CISSS préfère diviser la misère déjà existante plutôt que d’essayer de régler les problèmes une fois pour toutes. « Il n’y a qu’une seule façon de solutionner des problèmes d’attraction et de rétention du personnel. C’est en offrant minimalement des postes à temps complet aux infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes. Aussi longtemps qu’on maintient une bonne part du personnel dans des postes à temps partiel, qui entretiennent l’insécurité, alors on entretient la pénurie », de dire la présidente de la FSQ-CSQ.
Un investissement insuffisant
Pour sa part, la présidente de la CSQ, Louise Chabot, a commenté la récente annonce du ministre Gaétan Barrette de réinvestir 300 millions dans le secteur de la santé et des services sociaux.
« Cette annonce survient après que ce même gouvernement se soit comporté durant plus de deux ans comme le démolisseur en chef de notre réseau public de santé. À elle seule, la région de la Côte-Nord a dû encaisser pas moins de 30 millions de dollars en coupes et compressions au cours des cinq dernières années. C’est donc dire que ce réinvestissement annoncé pour l’ensemble du Québec sera nettement insuffisant pour réparer les dommages causés à notre système public de santé, ici, dans la région de la Côte-Nord comme ailleurs au Québec », prévoit Louise Chabot.
Des coupes et compressions aux conséquences sérieuses sur la Côte-Nord
La présidente de la CSQ ajoute que les sacrifices imposés au réseau public de santé et de services sociaux ont particulièrement fait mal dans une région comme la Côte-Nord, un vaste territoire qui s’étend sur 1 280 km de littoral, avec une population de plus de 94 000 habitants.
« Les citoyennes et citoyens du Québec devraient avoir un même droit à des soins et services de santé de qualité et accessibles, peu importe où ils demeurent. Malheureusement, les politiques d’austérité imposées par le gouvernement Couillard mettent en péril ces valeurs fondamentales, particulièrement dans certaines municipalités éloignées telles que Port-Cartier, Blanc-Sablon et Havre-Saint-Pierre », termine Louise Chabot.
Profil du SIISNEQ-CSQ
Le Syndicat des intervenantes et intervenants de la santé du Nord-Est québécois (SIISNEQ-CSQ) représente 1 250 membres infirmières et infirmiers, infirmières auxiliaires et infirmiers auxiliaires et inhalothérapeutes œuvrant dans trois réseaux répartis dans les régions du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de la Côte-Nord, de la Basse-Côte-Nord et du Nord-du-Québec.