International

L’avenir du mouvement syndical américain est en jeu

26 février 2018

Une importante bataille juridique s’amorce aux États-Unis. Des organisations de droite21, dont la fondation Koch, financent les actions judiciaires entreprises par un travailleur de la santé d’Illinois, Mark Janus, contre son syndicat, l’American Federation of State, County and Municipal Employees. La cause porte sur l’obligation de cotiser au syndicat pour les services rendus (on parle des frais d’agence aux États-Unis). Il faut savoir qu’aux États-Unis, dans les États qui ne sont pas right to work, il y a deux cotisations : la première est obligatoire et concerne les services rendus par les syndicats pour la négociation des conditions de travail et les griefs (les frais d’agence); la deuxième est facultative et concerne toutes les autres actions menées par les syndicats, dont l’action politique. Ce recours juridique n’est que le dernier en liste d’une longue campagne coordonnée de groupes conservateurs pour affaiblir les syndicats du secteur public, le dernier bastion du mouvement syndical américain. Selon la présidente de l’American Federation of Teachers, ces groupes disposent d’une cagnotte de 400 millions de dollars pour mener la guerre aux syndicats!

Au cours des dernières années, il s’agit de la sixième tentative de la droite pour retirer l’obligation faite à toutes les travailleuses et tous les travailleurs syndiqués de payer des cotisations. Les audiences à la cour débuteront le 26 février prochain. La décision sera rendue entre le 8 avril et le 29 juin 2018 et s’appliquera aux syndicats du secteur public de 22 États, dont l’État de New York et de la Californie. Les 28 autres États ont des législations right to work.

Cette action a été soumise à la Cour suprême des États-Unis une semaine après que le président Trump ait nommé le juge conservateur Neil Gorsuch. Depuis cette nomination, la Cour suprême est composée de cinq juges conservateurs et de quatre juges démocrates. Comme la Cour suprême américaine est hautement idéologique et que l’équilibre vient tout juste de basculer du côté conservateur, il y a fort à parier que les syndicats américains perdent leur cause. Or, l’issue de cette bataille pourrait avoir des répercussions majeures pour l’avenir du mouvement syndical américain. De même, l’affaiblissement important des syndicats américains aurait des répercussions sur les organisations syndicales internationales, pensons seulement à l’Internationale de l’Éducation (IE) et à l’Internationale des services publics (ISP), dont le financement provient en bonne partie des grands syndicats américains.
Légende de la photo : une présentation sur l’avenir du syndicalisme américain a eu lieu lors du Conseil général de la CSQ, le 21 février 2018.