Québec, le 26 mars 2015. – À la lecture du budget du Québec 2015-2016, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) n’en revient pas de l’entêtement du gouvernement à poursuivre son plan de compression des services publics. Bien qu’il affiche un surplus réel de 1,6 milliard de dollars dès cette année et qu’il annonce déjà des réductions d’impôts pour l’avenir, le gouvernement Couillard ose imposer encore d’importantes compressions et coupes dans l’ensemble des missions de l’État. On ouvre grandes les portes à l’accroissement de la privatisation des services.
« Ces compressions, ajoutées à celles des dernières années, affectent les services à la population et détériorent les conditions de vie. En toute franchise, le ministre Leitão aurait dû mettre ses lacets rouges hier, car il plongera une bonne partie de la population dans le rouge au plan des services publics ; du moins, pour celles et ceux qui auront les moyens de se les offrir, relève Louise Chabot, présidente de la CSQ. Ce n’est plus au nom du déficit zéro, mais bien en celui du remboursement de la dette et des réductions d’impôts futures que le gouvernement étrangle les services publics. Avec une augmentation de 1,2 % des dépenses de programmes, le régime d’austérité entre dans sa phase la plus intense. Nous commençons déjà à le voir sur le terrain. »
Pourtant le gouvernement a une marge de manœuvre pour investir dans les services publics. Il pourrait faire le choix de ne pas accélérer le remboursement de la dette ou encore d’augmenter la contribution des entreprises, et de lutter contre l’évasion fiscale. Alors l’austérité n’est pas une fatalité, mais bien un choix. En négociation, les offres plus qu’insuffisantes du gouvernement pour ses salariées et salariés ne sont pas une obligation, mais bien une volonté de réduire les conditions de travail de ces derniers.
L’éducation dans le pressoir
C’est avec colère que la présidente de la CSQ constate avec quelle mauvaise foi le gouvernement se targue, depuis la période électorale, du fait que l’éducation est sa priorité. « Avec ce budget, il vient de dépasser toutes ses limites. Imaginez, nous en serons donc à un milliard de dollars de compressions au primaire et au secondaire depuis 2010 » s’exclame Louise Chabot.
En enseignement supérieur, le gouvernement concrétise son désengagement flagrant. Il réduit considérablement le budget des universités par une réduction de 3 % et confirme la coupe de 21 millions de dollars dans les cégeps. « Après cela, le gouvernement libéral voudra qu’on le croie lorsqu’il parlera de développement économique », ironise Louise Chabot.
Rien pour améliorer le réseau de santé
Le coup de frein radical que le gouvernement impose au réseau de la santé et des services sociaux fera très mal, particulièrement dans un contexte où de nombreuses ressources seront exigées pour absorber le chambardement de la réforme imposée. Un taux de croissance de seulement 1,4 % des dépenses de santé, c’est catastrophique ! On estime qu’il faut injecter au moins 4 % pour éponger la hausse des coûts. On ne peut donc qu’imaginer qu’il y aura encore des coupes importantes en santé et dans les services sociaux. Rien de rassurant pour la population !
Un gouvernement irresponsable
L’histoire se répète. À peine commençons-nous à voir des surplus à l’horizon que le gouvernement annonce déjà qu’il renoncera à des revenus. Le budget fait la promesse de réduire les impôts de 2,5 milliards de dollars à partir de 2017.
Cette promesse de baisse d’impôt est un bel écran de fumée pour cacher les hausses actuelles de tarifs. Bien qu’aucune nouvelle annonce ne soit faite dans ce budget, il confirme la modulation des tarifs des services de garde, la hausse du coût des services de garde à l’école primaire, l’augmentation des tarifs d’Hydro-Québec et l’imposition de taxes supplémentaires annoncées précédemment.
Développement économique, baisse d’impôts inutile et recul de la formation
La formation de la main-d’œuvre est essentielle pour améliorer la productivité des entreprises et la qualité des emplois. « Nous déplorons que le gouvernement retire l’obligation d’investir 1 % de la masse salariale en formation de la main-d’œuvre pour 8000 PME. Auparavant, il nous faut évaluer si les sommes supplémentaires attribuées à la Commission des partenaires du marché du travail permettront de compenser le manque à gagner », soutient Louise Chabot.
La stratégie de croissance économique s’appuie presque exclusivement sur des allégements fiscaux. Pourtant la dernière décennie a démontré sa totale inefficacité. En effet, les chiffres indiquent que les entreprises utilisent les réductions d’impôts non pas pour investir, mais pour accumuler des liquidités. Aveuglé par le discours patronal, le gouvernement semble oublier que l’éducation, la formation continue, la santé et l’égalité sociale sont essentielles à une économie prospère.
L’actuel budget est assez mince et laisse pour compte une foule de personnes. À peine deux mots pour les plus démunis ! On confirme discrètement la coupe de 15 millions à l’aide sociale alors que la construction de nouveaux logements sociaux est réduite de moitié. Ces compressions auront un impact important pour chaque personne touchée. Les compressions dans les différents services publics vont affecter de manière disproportionnée les plus pauvres, les femmes et les jeunes familles.
Profil de la CSQ
La CSQ représente plus de 200 000 membres, dont près de 130 000 font partie du personnel de l’éducation. Elle est l’organisation syndicale la plus importante en éducation et en petite enfance au Québec. La CSQ est également présente dans les secteurs de la santé et des services sociaux, des services de garde, du municipal, des loisirs, de la culture, du communautaire et des communications.
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