À l’occasion du dépôt de son mémoire à la consultation gouvernementale sur la réussite éducative, l’AENQ-CSQ affiliée à la CSQ déplore le sous-financement chronique des services dans les réserves, ce qui a pour effet non seulement d’entraver le développement des communautés, mais aussi l’avenir des jeunes autochtones, comme le démontre le cas des services éducatifs.

Montréal, le 28 novembre 2016. – À l’occasion du dépôt de son mémoire à la consultation gouvernementale sur la réussite éducative, l’Association des employés du Nord-Québécois (AENQ-CSQ) affiliée à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) déplore le sous-financement chronique des services dans les réserves, ce qui a pour effet non seulement d’entraver le développement des communautés, mais aussi l’avenir des jeunes autochtones, comme le démontre le cas des services éducatifs.
D’entrée de jeu, le président de l’AENQ-CSQ, Larry Imbeault, soutient que la réalité autochtone dans le réseau scolaire est tout à fait différente de celle des milieux allochtones et que même le gabarit présenté par le ministère dans le cadre de sa consultation n’est pas adapté : « Nous considérons que ce gabarit ne correspond pas aux enjeux et défis que rencontrent les nations autochtones en ce qui concerne le développement des services éducatifs sur leur territoire et les efforts à déployer pour assurer la réussite éducative de nos jeunes, que ce soit au sein de nos communautés ou à l’extérieur de celles-ci. »
Une barrière culturelle difficile à franchir
Outre le sous-financement des services éducatifs, la barrière culturelle pose également problème. Par exemple, il y a un déficit de modèles autochtones scolarisés dans les communautés auxquels les jeunes pourraient s’identifier et qui pourraient les inspirer. Larry Imbeault déplore également que le système d’éducation formel imposé en contexte autochtone ne convienne malheureusement pas à la grande majorité des enfants, notamment les manuels, les programmes et les calendriers scolaires. De plus, devoir s’expatrier de sa communauté pour poursuivre des études secondaires et postsecondaires représente un défi quasi insurmontable. Les différences culturelles, les déplacements multiples et les manifestations de racisme découragent plusieurs jeunes, constituent des obstacles et un grand nombre d’entre eux renoncent à leurs études.
Une génération de jeunes à sauver
L’AENQ-CSQ est d’avis que dans le contexte actuel, il faut de toute urgence éviter de perdre une autre génération de jeunes et confronter les défis que doivent affronter les communautés. Parmi ceux-ci mentionnons la valorisation de l’identité culturelle des jeunes et la prise en compte de la tradition orale, la langue d’enseignement, la confiance des jeunes en eux-mêmes, l’enjeu de l’absentéisme, la crise du logement, l’insuffisance des ressources, la formation professionnelle et le roulement du personnel enseignant.
Plus particulièrement, le président de l’AENQ-CSQ, insiste pour dire que : « S’il ne connaît pas ses origines, c’est-à-dire l’histoire de son peuple, son système de valeurs, ses coutumes et sa langue, l’élève n’arrivera jamais à une juste perception de lui-même, de ses possibilités et de tout son potentiel humain. Les cours qu’il reçoit et, en fait, toute son expérience scolaire, doivent contribuer à renforcer l’image qu’il a de lui-même en tant qu’autochtone ou Inuit. Le système scolaire actuel place les élèves autochtones dans un milieu culturel qui leur est étranger. »
Un défi linguistique complexe
De plus, au fil de leur parcours scolaire, les jeunes sont souvent confrontés à l’apprentissage de deux ou trois langues parlées et écrites, dont il est difficile parfois d’acquérir la parfaite maîtrise. Dans un tel contexte, le défi est de trouver le moyen, l’approche pédagogique permettant d’enseigner, de transmettre des savoirs dans des milieux où la langue maternelle n’est ni le français, ni l’anglais. Cela vient compliquer les apprentissages alors que l’élève doit comprendre les consignes d’une matière. S’il ne réussit pas, il est voué à l’échec.
Un financement de l’éducation problématique
D’autre part, Larry Imbeault indique que le financement de l’éducation dans les réserves autochtones est entièrement assuré par le ministère des Affaires autochtones et du Nord Canada. « Malheureusement, ce financement ne couvre pas les changements technologiques, les bibliothèques scolaires, le transport des élèves, le coût d’entretien des écoles, les régimes d’avantages sociaux du personnel de l’Éducation ni les activités parascolaires et de loisirs. Quant à la formation professionnelle, elle est aussi sous-financée. Dans un tel contexte, on ne peut se surprendre du fait que l’absence de soutien aux systèmes éducatifs des Premières nations ait de graves conséquences sur la réussite éducative des élèves », déplore le leader syndical.
Un contexte difficile pour les enseignants
Ce dernier ajoute qu’il est difficile d’enseigner lorsque les ressources pédagogiques en appui au personnel enseignant, notamment le personnel de soutien spécialisé, manquent pour faire face aux différentes problématiques. De plus, le président de l’AENQ-CSQ considère problématique le taux de roulement élevé du personnel enseignant.
En terminant, Larry Imbeault plaide pour une révision du curriculum scolaire en retenant ce qui est nécessaire du curriculum québécois et en accordant une large part à l’enseignement de la langue, de l’histoire et des savoirs ancestraux. Pour ce faire, l’AENQ-CSQ propose que soit organisé par les autochtones un sommet sur l’éducation, afin que tous les acteurs de la société civile puissent échanger et établir un plan d’action concerté pour améliorer la réussite éducative.
Profil de l’AENQ-CSQ
L’Association des employés du Nord québécois (AENQ) affiliée à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) regroupe le personnel enseignant et de soutien des commissions scolaires Crie et Kativik en plus de travailleuses de Centres de la petite enfance d’Eeyou Istchee. Elle compte plus de 1 500 membres travaillant dans les neuf communautés cries et les quatorze communautés inuites du Nunavik, ainsi qu’à Montréal, Hull et Saint-Jérôme. Elle représente également le personnel enseignant de deux écoles de conseil de bande Atikamekw.