Saguenay, le 27 octobre 2011. – Alors que la question de la formation des infirmières et des infirmiers vient d’être ramenée à l’avant de l’actualité par l’Ordre des infirmières et des infirmiers du Québec (OIIQ), la Fédération de la santé du Québec (FSQ-CSQ) et le Syndicat des intervenantes et intervenants de la santé du Nord-Est québécois (SIISNEQ-CSQ), affiliés à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), rendront bientôt publics les résultats d’une vaste consultation menée auprès de leurs membres sur le sujet.
De passage à Saguenay dans le cadre de l’assemblée régionale du SIISNEQ-CSQ, la présidente de la FSQ-CSQ, Mme Claire Montour, juge précipitée la position de l’OIIQ sur la formation des infirmières et des infirmiers puisqu’aucune véritable consultation n’a été menée auprès des premiers intéressés, soit le personnel infirmier dans son milieu de travail.
« La croisade qu’entreprend l’OIIQ pour vouloir que le diplôme en soit un universitaire concernant les infirmières et les infirmiers nous apparaît une initiative lancée sans qu’on ait pris le temps d’évaluer sérieusement les conséquences réelles de l’application d’une telle mesure. Il y a de quoi s’interroger concernant cet engouement pour la formation universitaire en soins infirmiers alors qu’en réalité, personne n’a encore fait la démonstration de l’insuffisance de la formation collégiale pour les infirmières et les infirmiers œuvrant actuellement dans le réseau », soulève Mme Montour.
L’OIIQ s’attaque à un faux problème
Mme Claire Montour reproche à l’OIIQ d’essayer de régler un problème qui n’existe pas en changeant des façons de faire qui ont pourtant toujours contribué à assurer la qualité de notre système public de santé.
« La question n’est pas tant de savoir s’il faut imposer à tout prix la formation universitaire à tous les infirmiers et infirmières que de se demander si celles et ceux qui pratiquent actuellement et qui ont reçu une formation collégiale ont leur place dans notre réseau de santé et pourquoi cette place est-elle maintenant remise en question ? », s’interroge Mme Montour.
Des professionnels qui ont tous leur place
La présidente de la FSQ-CSQ rappelle que l’on retrouve actuellement dans le réseau trois types d’emplois liés aux soins infirmiers, à savoir infirmières et infirmiers auxiliaires, infirmières et infirmiers, ainsi qu’infirmières et les infirmiers cliniciens.
« Ces travailleuses et ces travailleurs se voient confier des tâches qui leur sont propres dans les limites dévolues à chaque type d’emploi. Tous sont des professionnels de la santé dont les compétences ne font aucun doute et dont les interventions quotidiennes se complètent. Pourquoi devrait-il désormais en être autrement ? », demande Mme Montour.
Une exigence qui pourrait avoir de graves conséquences
Pour sa part, la présidente du SIISNEQ-CSQ, Mme Nathalie Savard, s’inquiète des conséquences qu’une telle exigence de formation universitaire pourrait entraîner sur le réseau public de santé.
« Dans le contexte actuel, où nous vivons une pénurie de personnel infirmier, ce changement que veut apporter l’OIIQ risque d’aggraver la situation. En effet, nous pouvons présumer qu’il y a un certain nombre d’étudiantes et d’étudiants se destinant à la profession infirmière qui préfèreront choisir une autre carrière sans exigence universitaire plutôt que de voir leurs études être prolongées et exiger de leur part un effort financier significatif supplémentaire. Il m’apparaît évident que l’OIIQ n’a pas analysé de telles considérations avant de s’engager dans la croisade qu’il vient d’entreprendre », présume Mme Savard.
Une menace plus sérieuse pour les régions ressources
Mme Nathalie Savard croit qu’il faut agir d’autant plus prudemment que ce sont les régions ressources qui risqueraient de faire les frais d’une aggravation de la pénurie de personnel infirmier.
« La situation est déjà fragile dans plusieurs régions ressources et l’équilibre ne tient qu’à un fil, grâce à des infirmières et à des infirmiers, notamment celles et ceux qui ont une formation collégiale, qui contribuent plus que leur part pour assurer la bonne marche de leur établissement de santé. C’est donc inquiétant d’entendre le ministre de la Santé Yves Bolduc, qui vient lui-même d’une région ressource comme le Saguenay-Lac-Saint-Jean, manifester une certaine ouverture à l’orientation proposée par l’OIIQ alors que sa propre région risquerait d’en subir les contrecoups », prévient la présidente du SIISNEQ-CSQ.
Une revendication à côté des vrais problèmes
Mme Nathalie Savard tient également à rappeler que la revendication de l’OIIQ, bien accueillie par le ministre Yves Bolduc, apparaît d’autant plus surprenante que les problèmes criants identifiés dans le réseau de la santé au cours des dernières années n’ont rien à voir avec la formation du personnel, mais portent principalement sur les conditions de travail de plus en plus difficiles.
« Il est certainement tentant pour le ministre de la Santé de s’accrocher au faux problème de la formation universitaire comme à une bouée pour faire oublier les vrais problèmes qui perdurent dans le réseau et qui affectent également l’ensemble du personnel infirmier, peu importe sa formation. Ces problèmes sont directement liés aux conditions d’exercice qui deviennent de plus en plus exigeantes quotidiennement, dans un contexte de compressions budgétaires imposées justement par le ministre Yves Bolduc et son gouvernement », laisse tomber la présidente du SIISNEQ-CSQ.
Importante consultation en cours
Mmes Claire Montour et Nathalie Savard terminent en ajoutant qu’un important questionnaire a été envoyé à tous les membres de leurs organisations afin de vérifier leur perception à l’égard de la formation universitaire obligatoire. Les résultats finaux seront rendus publics dans les prochaines semaines.
Profils de la CSQ, de la FSQ-CSQ et du SIISNEQ-CSQ
La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) représente plus de 190 000 membres, dont près de 130 000 en éducation. La Fédération de la santé du Québec (FSQ-CSQ) représente près de 7000 infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et puéricultrices travaillant dans des établissements de tous les secteurs de la santé : CHSLD, CH, CLSC, centres de réadaptation, dispensaires, régies régionales, établissements privés conventionnés et Héma-Québec. Le Syndicat des intervenantes et intervenants de la santé du Nord-est québécois (SIISNEQ-CSQ) représente 1200 infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes des régions du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de la Côte-Nord et du Nord du Québec.