Montréal, le 16 mai 2022. – Même si elle partage la plupart des recommandations faites aujourd’hui par la coroner en chef, Géhane Kamel, dans son rapport sur les décès survenus dans les CHSLD au cours de la première vague de la pandémie, la Fédération de la Santé du Québec (FSQ-CSQ) déplore que l’enquête ne se soit pas attardée aux conditions qui ont mené à une telle vulnérabilité de notre système public de santé.

La présidente de la FSQ-CSQ, Isabelle Dumaine, reconnaît que la grande majorité des mesures recommandées par la coroner sont exactes et appropriées. Cependant, comme l’ont souligné plusieurs organisations ayant participé à l’enquête, dont la FSQ-CSQ et son syndicat affilié, le Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes et infirmières auxiliaires de Laval (SIIIAL-CSQ), des erreurs de gouvernance, bien avant la pandémie, ont aussi mené à cette tragédie : sous-investissement chronique en santé publique, entorse aux règles reconnues de la gestion des risques, manque de transparence et de collaboration avec les principaux acteurs des milieux, notamment le personnel.

Prévoir plutôt que gérer à la pièce

« On l’a vu : gérer une crise à la pièce et dans l’urgence n’est plus une option. Au-delà d’une série de mesures correctives, comme celles recommandées aujourd’hui, le gouvernement doit reconnaître sa part de responsabilité dans les lacunes en matière de prévention et de gestion des risques. Notre meilleure protection sera toujours la prévention. En plus d’un investissement significatif et pérenne dans notre réseau, nous réclamons que le gouvernement rétablisse localement, et pour chacune des installations, des plans d’action en santé publique qui seront élaborés, mis en œuvre, évalués et mis à jour régulièrement par les parties concernées, dont les travailleuses et les travailleurs, qui connaissent très bien les lacunes, les besoins et les défis de leurs milieux », plaide Isabelle Dumaine.

Cette dernière ajoute que la planification de proximité et la rapidité d’action demeurent nos meilleures protections lors des prochaines crises sanitaires. « Dans ce contexte, une enquête publique indépendante plus large pour mieux comprendre ce qui n’a pas fonctionné au sein des mécanismes gouvernementaux décisionnels s’avère nécessaire », soutient la présidente de la FSQ-CSQ.

Dépolitiser la santé publique

En terminant, Isabelle Dumaine rappelle que la sécurité et la santé de la population doivent dépasser le simple jeu politique. « Il faut dépolitiser la santé publique au plus vite. Il est de la responsabilité de l’État d’orchestrer une stratégie de prévention nationale qui permettra aux différents milieux d’agir adéquatement et rapidement pour assurer la sécurité de l’ensemble de nos collectivités », conclut la leader syndicale.