Québec, le 10 mai 2012. – La Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) clôt sa tournée québécoise entièrement consacrée à la formation générale des adultes (FGA), débutée le 23 janvier 2012. Sept rencontres ont rassemblé des centaines d’enseignantes et d’enseignants provenant de toutes les régions du Québec. La FSE a soumis cette semaine au ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) ses propositions sur un ensemble de changements jugés incontournables aux yeux de celles et ceux qui vivent la réforme au quotidien.
« Je suis fière du travail accompli par la Fédération, par l’ensemble de nos syndicats affiliés et par tous ces enseignants et enseignantes dynamiques. Ces rencontres fructueuses nous ont permis de prendre à nouveau le pouls de la FGA, en particulier au sujet de la réforme. Avant même qu’elle n’arrive au 2e cycle du secondaire, les enseignantes et enseignants vivent avec les grandes difficultés engendrées par les nouveaux programmes, dans des conditions nettement inadaptées à la réalité dans laquelle ils sont appliqués », affirme Josée Scalabrini, vice-présidente de la FSE.
Pour le moment limitée aux niveaux précédant le 2e cycle, l’expérimentation de la réforme s’y est fréquemment déroulée dans des conditions facilitantes rarement vues à la FGA. Malgré cela, sur le terrain, ces programmes se sont avérés irréalistes. Compte tenu des conditions actuelles dans les centres, la FSE entrevoit une multiplication des problèmes si la réforme poursuit son chemin à ces niveaux ainsi qu’au 2e cycle.
« Les principaux écueils rencontrés sont liés au manque flagrant de temps qu’implique l’enseignement de ces programmes, à leur contenu disciplinaire et aux conditions d’enseignement et d’apprentissage existantes. Les lacunes du matériel disponible, lorsqu’il l’est, contribuent également à cet état de fait. Comment peut-on exiger autant des enseignantes et enseignants, alors qu’en moyenne, ils doivent donner neuf cours différents dans un seul groupe dont la composition, déjà très hétérogène, change sans cesse ? Les attentes imposées aux enseignantes et enseignants ont beaucoup changé, dans un environnement de travail qui n’a pas évolué. Ce gouvernement doit prendre acte de l’urgence des changements à apporter », continue Mme Scalabrini.
Des besoins criants
Il est de notoriété publique, dans les milieux de l’éducation, que la FGA souffre de sous‑financement chronique, faisant de ce secteur le parent pauvre du réseau public. Depuis 2011-2012, les sommes déjà insuffisantes qui y ont été consacrées ont été gelées, bien que le nombre d’élèves dépasse largement le nombre financé.
L’émergence graduelle de la FGA comme une véritable filière de formation à prix modique pour les élèves en retard scolaire est un phénomène extrêmement préoccupant et méconnu du grand public. Il faut rappeler que les services professionnels sont quasi inexistants à la FGA, malgré l’ampleur des difficultés vécues et les changements profonds observés dans la composition des groupes. Les trois quarts des élèves des 1er et 2e cycles dits « adultes » ont maintenant entre 16 et 24 ans, et la plupart ont moins de 19 ans. En 25 ans, la proportion des jeunes de chaque cohorte qui passent à la FGA avant 20 ans a été multipliée par sept (de 3,2 % à 20,8 %) ! La grande majorité le fera sans interruption des études.
La FSE entend interpeller le MELS pour que cette situation intenable cesse. « Dix ans après la publication de la Politique gouvernementale d’éducation des adultes et de formation continue, cela ne peut plus continuer. Les problèmes systémiques de la FGA dépassent le cadre de la réforme, mais la réforme elle-même ne peut être envisagée qu’après une transformation majeure de la capacité d’action de ce secteur pour en respecter les exigences. Les besoins sont nombreux, notamment en matière de financement, de temps, de ressources professionnelles et de matériel. Le MELS doit maintenant entendre le personnel enseignant à la FGA ! », conclut Josée Scalabrini.
Profil de la FSE
La FSE représente plus de 60 000 enseignantes et enseignants des commissions scolaires du Québec à tous les secteurs d’enseignement, tant au préscolaire, au primaire et au secondaire qu’à la formation professionnelle et à l’éducation des adultes. Elle est affiliée à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).