Petite enfance
La fatigue émotionnelle responsable de la pénurie de main-d’œuvre en petite enfance
26 mai 2025
Appuyée d’une nouvelle étude qui confirme que la fatigue émotionnelle du personnel éducateur est grandement responsable de la pénurie de main-d’œuvre dans le milieu de la petite enfance, la présidente de la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ), Anne-Marie Bellerose, presse le gouvernement Legault et les directions d’adopter rapidement des mesures pour corriger la situation.
Par Claude Girard, conseiller CSQ
« Notre réseau de la petite enfance est mal en point et peine à retenir son personnel et à attirer une relève. Ce manque criant de main-d’œuvre a de graves conséquences tant pour le personnel en place, qui souffre de fatigue, que pour des milliers de parents dont les enfants n’ont pas accès au service. On compte plus de 30 000 enfants sur une liste d’attente. Ce n’est pas normal et il est plus que temps que le gouvernement et les directions assument leurs responsabilités », soutient la leader syndicale.
Cette dernière rappelle d’ailleurs que, parmi les éducatrices qui abandonnent la profession, 50 % d’entre elles quittent après une ou deux années de service.

Une recherche révélatrice
Les préoccupations de la FIPEQ-CSQ ont d’autant plus raison d’être que l’organisation a dévoilé aujourd’hui, en conférence de presse, une recherche portant sur la fidélisation et l’attraction des nouvelles recrues en petite enfance. Cette étude a été réalisée par les professeures Kathleen Bentein et Nathalie Bigras de l’UQAM, en collaboration avec le Service aux collectivités de l’UQAM, la FIPEQ-CSQ et la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), dans le cadre du projet FARE.

Les résultats démontrent clairement que les exigences globales, la charge de travail et les exigences émotionnelles génèrent chez les personnes éducatrices une profonde fatigue émotionnelle qui incite plusieurs d’entre elles à quitter leur emploi. « Les résultats de notre recherche nous apportent une meilleure compréhension de la condition de la relève dans le réseau. Le gouvernement et les directions doivent maintenant s’en inspirer pour orienter leur action pour valoriser le réseau », plaide Anne-Marie Bellerose.
Plusieurs recommandations concrètes
Ainsi, les auteures de la recherche démontrent qu’il est important d’adopter des mesures afin de favoriser la rétention et l’attraction du personnel. À cette fin, elles dressent une liste de recommandations :
Pour agir sur les causes de la fatigue émotionnelle (la charge de travail et la gestion du stress) :
- Assurer une meilleure répartition des tâches;
- Respecter les périodes de pause;
- Mettre en place des moyens de soutien par la direction.
Pour agir sur les processus d’accueil et de formation :
- Assurer un accueil plus formel en CPE;
- Développer le lien de confiance en milieux familiaux.
Pour créer un climat de collaboration :
- Augmenter les possibilités d’interactions régulières avec les collègues éducatrices.
Pour agir sur les conditions de travail :
- Offrir un salaire compétitif et des conditions de travail attractives;
- Soutenir la formation et les apprentissages organisationnels.
Une invitation au gouvernement et aux directions
En terminant, la présidente de la FIPEQ-CSQ invite tant le gouvernement que les directions à prendre connaissance de la recherche et de ses recommandations pour agir sans plus tarder afin de mieux saisir les enjeux liés au recrutement du personnel, d’identifier les leviers à travailler afin de contribuer à la fidélisation et l’attractivité de notre réseau de la petite enfance.
« Les problèmes sont complexes et le réseau est trop important pour les enfants, les parents et pour l’avenir du Québec pour espérer que la situation ne se résorbe que par la seule arrivée de nouvelles ententes collectives. Le gouvernement et les directions doivent agir sans plus attendre », conclut Anne-Marie Bellerose.