Dénonçant l’application abusive des différentes méthodes issues de la nouvelle gestion publique (NGP) dans le réseau de la santé et des services sociaux, la F4S-CSQ demande au ministre Réjean Hébert de faire le ménage.

La déclaration

Montréal, le 7 novembre 2012. – Dénonçant l’application abusive des différentes méthodes issues de la nouvelle gestion publique (NGP) dans le réseau de la santé et des services sociaux, la Fédération des syndicats de la santé et des services sociaux (F4S-CSQ), affiliée à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), demande au ministre Réjean Hébert de faire le ménage.
À l’instar d’autres syndicats qui ont dénoncé récemment ces approches, la F4S-CSQ encourage le nouveau ministre de la Santé et des Services sociaux à prendre ses distances de son prédécesseur sur cette question.
« Le ministre est dû pour procéder à un grand ménage dans les mesures d’optimisation en cours dans le réseau de la santé et des services sociaux. L’amélioration des services doit d’abord passer par le respect de l’autonomie professionnelle et du jugement clinique des intervenantes et intervenants du réseau. De même, l’organisation du travail doit relever d’un dialogue paritaire entre les représentants syndicaux et les employeurs », soutient René Beauséjour, président de la F4S-CSQ.
Des mesures questionnables
René Beauséjour rappelle que de nombreuses mesures ont été mises en place par l’ancien ministre de la Santé et des Services sociaux, Yves Bolduc, afin d’augmenter la productivité du personnel.
« Ces mesures, à commencer par la fameuse approche Lean-Toyota, qui visent à augmenter la productivité du personnel, consistent la plupart du temps à offrir plus de services avec le même budget. D’autres types d’approches, qui ne sont pas en soi des modes d’optimisation, sont également utilisées par les employeurs : on pense à Planetree, Entreprise en santé et Hôpitaux et CSSS promoteurs de santé », précise René Beauséjour.
Un slogan trompeur
Renchérissant dans le même sens, la vice-présidente et responsable politique des dossiers d’organisation du travail de la F4S-CSQ, Julie Dussault, rapporte que sous le couvert du slogan « prendre soin de ceux qui prennent soin », on cherche en réalité à faire du réseau de la santé et des services sociaux un employeur compétitif, rien de plus.
« Tous ces nouveaux modes de gestion relèvent d’une idéologie propre à la nouvelle gestion publique (NGP) centrée sur la recherche de productivité. Il y a risque de dérive lorsque cette performance se fait au détriment de la qualité des services et du jugement clinique du personnel intervenant. Cela a souvent des impacts sur la santé même du personnel. Par ailleurs, l’application de ces méthodes ne doit pas écarter les représentants syndicaux à titre d’interlocuteurs privilégiés en matière d’organisation du travail », prévient Julie Dussault.
Une déclaration appropriée
C’est dans ce contexte que les syndicats affiliés à la F4S ont adopté une Déclaration intitulée Pour un syndicalisme proactif face à la nouvelle gestion publique. La Déclaration permettra de guider les actions des syndicats locaux et de la Fédération par rapport aux approches implantées dans leurs milieux de travail.
« Dans notre Déclaration, on fait une mise en garde relativement aux comités participatifs créés par les employeurs dans le cadre de l’implantation de ces méthodes. Ceux-ci ne doivent pas remettre en cause la légitimité du syndicat comme acteur principal dans la défense des droits des travailleuses et des travailleurs quant au maintien et à l’amélioration de leurs conditions de travail », affirme Julie Dussault.
Un projet syndical propre à nos intérêts
Par sa Déclaration, la F4S invite ses syndicats affiliés à façonner et à mettre en valeur leur propre projet syndical défini à partir de leurs intérêts, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur des instances proposées par l’employeur dans l’instauration des nouvelles méthodes de travail.
« La F4S ne veut pas ainsi se positionner à l’encontre de l’amélioration des services et des soins aux patients. Mais lorsque ces méthodes visent autre chose, le syndicat se doit d’en prémunir le personnel et d’intervenir. Le personnel du réseau s’avère le mieux placé pour définir les solutions et son syndicat est le mieux placé pour le représenter à cet effet », laisse tomber la vice-présidente de la F4S-CSQ.
Profils de la F4S et de la CSQ
La F4S représente trois catégories de personnel, soit du personnel de soutien ainsi que du personnel technique et professionnel, et ce, dans divers établissements du réseau de la santé et des services sociaux de même qu’en santé publique et dans les agences régionales.
La CSQ représente plus de 193 000 membres, dont près de 130 000 font partie du personnel de l’éducation. Elle est l’organisation syndicale la plus importante en éducation au Québec. La CSQ est également présente dans les secteurs de la santé et des services sociaux, des services de garde, du municipal, des loisirs, de la culture, du communautaire et des communications.

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