La CSQ ne sait pas si elle doit s’esclaffer ou s’attrister profondément devant les recommandations contenues dans le deuxième rapport de la Commission de révision permanente des programmes.

Montréal, le 31 août 2015. – La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) ne sait pas si elle doit s’esclaffer ou s’attrister profondément devant les recommandations contenues dans le deuxième rapport de la Commission de révision permanente des programmes. « À la première lecture de ce rapport, on s’aperçoit que la Commission s’est malheureusement tout simplement cantonnée à trouver les endroits où le gouvernement pourrait sabrer dans les services sans en mesurer les conséquences autres que financières. Les programmes et services publics apportent leur lot de bienfaits pour la société et on ne peut réduire leur efficacité à des colonnes de chiffres. J’ai presque l’impression d’assister à une vente aux enchères », s’exclame d’emblée Louise Chabot, présidente de la CSQ.
Des recommandations et des aveuglements
Force est de constater que la Commission semble faire des recommandations à la pièce sans prendre en compte les conséquences sur les organismes de l’État. « Il faut voir l’État globalement dans sa mission envers la population et le développement économique du Québec plutôt que de faire des recommandations dans le seul souci de couper et de privatiser », soulève la présidente de la CSQ.
Mme Lucienne Robillard mentionne que la croissance rapide des dépenses et l’augmentation plus limitée des revenus de l’État ont conduit le Québec vers des déficits récurrents depuis 45 ans. À cet effet, il est primordial de regarder les revenus et de prendre en compte les efforts de l’État pour aller les récupérer. Une étude de l’IREC publiée l’an dernier a démontré que le Québec se privait de plus de huit milliards de dollars de revenus annuellement à la suite des changements fiscaux mis de l’avant entre 1997 et 2013.
L’aveuglement se poursuit en matière d’éducation et de santé. Alors que la Commission appelait à la prudence en novembre dernier dans le financement public des écoles privées, voilà qu’elle affirme que les Québécoises et Québécois ont tout à gagner du maintien de deux réseaux exerçant une certaine forme de concurrence. Faut-il rappeler que la concurrence nuit à l’égalité des chances pour tous les enfants ? Il en va de même en matière de santé. Si certaines dépenses doivent être révisées, c’est spécifiquement et prioritairement du côté des médicaments où les coûts ont littéralement explosé au cours des dernières années. Dans le contexte actuel, la proposition de réviser certains soins risque de se traduire par la réduction du panier de services et la mise en péril du droit à la santé pour tous. Déjà, les reculs en matière d’universalité et d’accessibilité aux services de santé sont préoccupants.
Des recommandations peu crédibles
La CSQ ne peut passer sous silence la recommandation de la Commission d’évaluer la possibilité de transférer les activités de Revenu Québec à l’Agence du revenu du Canada. Alors que le Québec cherche depuis belle lurette son autonomie fiscale, la Commission propose une perte importante de sa souveraineté dans la gestion de ses impôts. « L’autonomie fiscale du Québec comporte de grands avantages. Prenons en exemple la décision de ne pas appliquer la mesure fédérale concernant le fractionnement du revenu des familles, cela n’aurait pas été possible sans cette autonomie », s’indigne Louise Chabot.
Autre incongruité, la Commission remet en question le programme de perception automatique des pensions alimentaires alors qu’il découle d’une revendication historique des femmes. Qu’on regarde comment l’améliorer, d’accord, mais il ne faudrait surtout pas l’affaiblir simplement pour tenter de générer des économies. « Nous sommes fermement opposés à toute forme de tarification pour ce programme. Certains parents ont déjà des problèmes pour payer la pension alimentaire et le programme a été mis en place pour répondre à ce problème. Ajouter de la tarification nuirait et désavantagerait énormément les femmes », martèle Louise Chabot.
Sans ajouter d’eau à son vin, la Commission propose cette fois d’ouvrir la SAQ à la concurrence. Pour la Centrale, c’est une bien mauvaise idée. La commission prétend qu’elle pourra remplacer les revenus reçus en dividendes de la SAQ en haussant la taxe sur l’alcool. Nous en doutons fortement. C’est plutôt un beau cadeau qu’on ferait aux entreprises du secteur privé.
Pour conclure, la CSQ souhaite elle aussi faire une recommandation pour économiser 3,8 millions de dollars à l’État en abolissant tout simplement la Commission de révision permanente des programmes.
Profil de la CSQ
La CSQ représente plus de 200 000 membres, dont près de 130 000 font partie du personnel de l’éducation. Elle est l’organisation syndicale la plus importante en éducation et en petite enfance au Québec. La CSQ est également présente dans les secteurs de la santé et des services sociaux, des services de garde, du municipal, des loisirs, de la culture, du communautaire et des communications.