Québec, le 12 mars 2012. – À la suite de la proposition de la Coalition Avenir Québec (CAQ) de François Legault, la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) exprime son désaccord avec la création d’un ordre professionnel pour les enseignantes et enseignants du Québec. La FSE juge qu’un ordre professionnel ne règlera en rien les problèmes vécus dans les écoles et n’est pas souhaité par le personnel enseignant.
« Les enseignantes et enseignants de la FSE se sont prononcés par un référendum tenu en 2004. 94,7 % des quelque 54 000 répondantes et répondants s’y étaient opposés. M. Legault semble avoir une idée fixe : faire reposer la réussite des élèves sur les seules épaules des enseignantes et enseignants. Après le salaire et l’évaluation, voilà l’ordre professionnel ! Il prétend que la création d’un ordre professionnel peut “donner enfin aux enseignants le statut qu’ils méritent : celui de véritables professionnels de l’éducation”. Désolé M. Legault, nous sommes déjà des professionnels de l’éducation, qualifiés et compétents ! », déclare Mme Manon Bernard, présidente de la FSE.
« Ce n’est pas une structure de plus ni un palier bureaucratique supplémentaire qui amélioreront la qualité de l’enseignement. Commençons par appliquer correctement les mesures déjà en place, notamment en matière de formation continue et de supervision pédagogique. Créer un ordre professionnel pour évaluer deux fois par année tous les enseignants et enseignantes, avec toutes les ressources et le temps que cela requiert, est loin d’être la priorité en éducation », continue Mme Bernard.
Une profession encadrée
Sans dire que tout est parfait en éducation, la FSE reconnaît, tout comme l’Office des professions du Québec l’avait fait en 2002, que « dans l’exécution de leur tâche, les enseignants font l’objet de balises beaucoup plus élaborées que bon nombre de professions régies par le Code des professions » (Avis OPQ – 2002).
En ce qui a trait à la protection du public, des processus de plaintes sont actuellement possibles. Depuis le dernier débat au sujet de l’ordre, deux aspects sont venus s’ajouter aux processus déjà établis. Depuis 2005, toute personne qui sollicite une autorisation d’enseigner ou qui œuvre auprès d’élèves mineurs doit faire l’objet d’une vérification d’antécédents judiciaires. Longtemps réclamé par les parents, il existe depuis 2009 un Protecteur de l’élève dans chaque commission scolaire. Cette personne est responsable du traitement des plaintes reçues par les parents et les élèves.
Croire qu’un ordre professionnel rehausserait la profession enseignante ne tient pas la route. Dans des pays où il n’y a pas d’ordre professionnel, la Finlande et la Corée du Sud, par exemple, la profession enseignante est grandement valorisée par la société et leurs résultats aux tests internationaux sont parmi les meilleurs. La valorisation de la profession débute par le respect de l’expertise professionnelle des enseignantes et enseignants et par la considération de leur opinion dans les processus décisionnels.
« Si l’éducation est la priorité absolue de M. Legault, je l’invite à tenir compte des réels besoins des enseignantes et enseignants. Nous devons aller au-delà des idées simplistes, des changements de structure ou des débats maintes fois tenus au Québec. Qu’il se concentre sur les vraies difficultés : pensons entre autres à la lourdeur de la tâche, le manque de soutien pour les élèves en difficulté et le manque de ressources professionnelles. Plusieurs facteurs sont déterminants pour la réussite des élèves, un ordre professionnel n’en fait pas partie », conclut Mme Bernard.
Profil
La FSE représente plus de 60 000 enseignantes et enseignants des commissions scolaires du Québec à tous les secteurs d’enseignement, tant au préscolaire, au primaire et au secondaire qu’à la formation professionnelle et à l’éducation des adultes. Elle est affiliée à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).