Montréal, le 2 juin 2021. – Représentant près de 110 000 membres du personnel des établissements scolaires publics et privés, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et ses quatre fédérations représentant le milieu scolaire se disent soulagées du retour à la normale prévu dans le plan de la rentrée scolaire présenté aujourd’hui par le ministre de l’Éducation, mais disent que la confiance est à rebâtir au regard des derniers mois. Considérant que le réseau scolaire sera toujours à une crise près que tous les plans du gouvernement prennent la voie de garage, elles se montrent perplexes sur les objectifs du ministère concernant les protocoles de nettoyage et de ventilation « améliorés » ainsi que ceux d’urgence.

Finalement, l’absence de mesures touchant la réussite scolaire ou l’accompagnement des élèves à besoins particuliers soulève de l’inquiétude chez les représentants de la CSQ et de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), de la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ), de la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ) et de la Fédération du personnel de l’enseignement privé (FPEP-CSQ).

Un retour à la normale attendu depuis longtemps

La CSQ et ses fédérations attendaient depuis longtemps le retour à la normale dans le réseau scolaire. Les nombreux appels lancés en faveur de la vaccination du personnel scolaire, l’hiver dernier, visaient précisément à maintenir les écoles ouvertes et à maximiser la présence des élèves dans leurs milieux. Toutefois, l’absence de ressources additionnelles dédiées à la réussite scolaire et à l’aide aux élèves à besoins particuliers laisse entrevoir un manque de considération du ministère quant aux impacts de la crise.

Protocoles de nettoyage et d’urgence

Concernant les protocoles « améliorés » touchant le nettoyage et la ventilation, les organisations se montrent sceptiques au regard des derniers mois, qui ont été marqués par de la pénurie d’équipements, l’absence de consignes claires ou des masques potentiellement toxiques. Tout cela sans parler de la saga de la qualité de l’air des établissements scolaires qui aura marqué les esprits. Par cela, les organisations jugent que la confiance du personnel à l’endroit du gouvernement est à rebâtir et que la preuve reste toujours à faire pour démontrer que l’air des écoles respecte les normes minimales émises par les autorités de santé publique. Finalement, à propos des protocoles d’urgence qui permettraient l’intervention rapide en cas d’éclosion en milieu scolaire, la CSQ et ses fédérations se questionnent à savoir si ces derniers seront approuvés par la Santé publique.

Citations

« On sera toujours à une crise près que les plans du gouvernement prennent le bord. Si le retour à la normale sera accueilli très positivement par le personnel, qui souhaite retrouver ses élèves, les derniers mois de la pandémie auront mis à rude épreuve la confiance à l’endroit du gouvernement. La preuve est toujours à faire que les dizaines de milliers d’élèves et de membres du personnel scolaire travaillent dans un environnement respectueux des normes de qualité de l’air. Tout cela sans même aborder les urgents besoins de ressources liés à la réussite scolaire générés par la pandémie » – Sonia Ethier, présidente de la CSQ

« Plus que jamais, nous aurons besoin d’une vision à long terme en éducation, de même que des ressources suffisantes pour rattraper les retards et répondre aux besoins. On parle de qualité de l’air, mais il faut d’abord et avant tout donner de l’air et du temps aux profs. Bien entendu, la sécurité de tous devra être assurée, et les protocoles d’urgence devront être plus clairs et appliqués plus uniformément. On s’attend par ailleurs à une transparence complète au regard des mesures d’entretien et d’achat d’équipement pour que chaque enseignant sache clairement ce qu’il en est pour les locaux qu’il occupe » – Josée Scalabrini, présidente de la FSE-CSQ

« Avec le cafouillage du ministre Roberge entourant la qualité de l’air dans les écoles, il est difficile d’avoir confiance en son plan de nettoyage et d’amélioration de la qualité de l’air. Mais nous souhaitons ardemment qu’il soit sérieux dans sa démarche. Chose certaine, nos membres ont les compétences et les qualifications pour s’assurer que la ventilation dans les établissements scolaires réponde aux plus hauts standards. Il faut donc les solliciter et les impliquer dans ce processus. Mais surtout, les consignes doivent être claires et uniformes dans tous les milieux, et la meilleure manière de le garantir est de parler directement aux gens sur le terrain » – Éric Pronovost, président de la FPSS-CSQ

« Les effets de la pandémie sur la santé mentale des élèves vont perdurer bien après la fin des consignes sanitaires. L’année scolaire 2021-2022 ne sera pas une année normale. Nous le répétons depuis des mois, il faut un plan d’action en santé mentale spécifique au réseau scolaire. Pour faire face à la montée de l’anxiété et pour raviver la motivation, il faut être à l’écoute des élèves, faire de l’école un milieu de vie stimulant, agir en prévention et garantir l’accès à des ressources psychosociales dans le réseau scolaire public » – Jacques Landry, président de la FPPE-CSQ

« Nous saluons la volonté du ministre de revenir à la normale, mais nous demandons de la prudence dans les annonces. Il faut tout faire pour garantir la santé et la sécurité du personnel de l’éducation afin de maintenir les écoles ouvertes pendant la prochaine année scolaire. Ne revivons pas l’adaptation constante et le recours à l’enseignement à distance » – Stéphane Lapointe, président de la FPEP-CSQ