Juripop : pratiquer le droit autrement

Fondé il y a un peu plus de 15 ans à l’initiative des étudiantes et étudiants en droit de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Juripop s’est donné pour mission d’améliorer l’accès à la justice pour celles et ceux qui ne sont ni admissibles à l’aide juridique ni capables de se payer un avocat. Une histoire mise en lumière dans le plus récent épisode du balado Prendre les devants, animé par le président de la CSQ, Éric Gingras.

Par Anne-Marie Tremblay, collaboration spéciale

Être là où les besoins se font sentir

« Chez Juripop, nous agissons en quelque sorte comme des premiers répondants », a souligné d’emblée Angelica Brachelente, avocate et chargée de projet sénior. La tragédie du Lac-Mégantic, en 2013, a été un moment charnière de l’histoire de l’organisme. « Juripop avait alors une tente à côté de celle de la Croix-Rouge, et des bénévoles, notamment des étudiantes et étudiants, offraient de l’information juridique. C’est vraiment l’essence de l’organisation d’être sur le terrain et d’offrir des services juridiques. »

C’est dans le même esprit que, dans la foulée du mouvement #MoiAussi, Juripop a mis sur pied une série de services destinés aux victimes de violences sexuelles. « Encore aujourd’hui, les personnes confrontées à ce type de harcèlement, notamment en milieu de travail, peuvent bénéficier d’un accompagnement gratuit », a ajouté Charles-Éric Desîlets, avocat sénior chez Juripop.

Depuis, cette approche misant sur la proximité est toujours au cœur de l’ADN de Juripop. L’équipe d’une quarantaine de personnes n’hésite pas à se déplacer pour aller à la rencontre des citoyennes et citoyens : cliniques juridiques gratuites dans le métro, formations en milieu de travail ou dans différents organismes communautaires. Leur philosophie se veut concrète et humaine.

« Ce qui nous distingue aussi, c’est notre approche multidisciplinaire », a également rappelé Charles-Éric Desîlets. Ainsi, des avocates et avocats de différents domaines peuvent répondre aux besoins des personnes, dans des causes qui touchent souvent plusieurs types de droit. « Nous travaillons aussi avec des intervenantes et intervenants psychosociaux, ce qui permet de déconstruire certains préjugés que les victimes entretiennent envers elles-mêmes et de normaliser certaines réactions ou stratégies d’adaptation », a-t-il ajouté.

Se mettre au diapason de la société

« Avec les années, la mission de Juripop n’a pas pris une ride : son équipe continue d’être en première ligne lors de crises sociales, tout en s’efforçant de mieux comprendre les besoins des populations vulnérables. C’est d’ailleurs pour répondre à la crise du logement que l’organisme vient tout juste de lancer, en collaboration avec la Ville de Montréal, des services d’aide aux locataires disponibles par le biais des comités de logements », a expliqué Angelica Brachelente.

Toujours à l’écoute des enjeux actuels, Juripop a également mis sur pied trois projets pilotes de concertation visant à mieux comprendre les besoins de certaines populations souvent oubliées : la communauté LGBTQ2SIA+, les personnes âgées et celles vivant avec un handicap. « C’est assez flagrant : de nombreux obstacles se dressent quand vient le temps de revendiquer leurs droits, sans compter tous les mythes, les préjugés et les vulnérabilités auxquels ces personnes sont confrontées », a souligné l’avocate.

Porter la voix des plus vulnérables

« En plus de son travail sur le terrain, Juripop est aussi un véritable acteur de changement et de défense des droits. Il représente les plus vulnérables devant les tribunaux et le fait aussi en commissions parlementaires », a rappelé Charles-Éric Desîlets.

Parmi les gains récents de l’organisation, on compte des avancées pour les personnes victimes de violences conjugales et sexuelles, inspirées directement de ses recommandations, comme la possibilité de témoigner à distance, ou la simplification des mesures de protection lors d’un procès civil.

« Le fait d’être sur le terrain nous permet de tirer beaucoup de constats, de poser un regard critique sur les dossiers et de documenter les obstacles à l’accès à la justice qui ne sont pas des cas isolés », a résumé l’avocat. À la fois acteur de première ligne et observateur privilégié des transformations sociales, Juripop occupe aujourd’hui une place incontournable dans le débat public sur l’accès à la justice.

« Des valeurs de justice sociale, de défense des droits et de solidarité qui sont communes avec la CSQ », a rappelé Éric Gingras.

Note : les propos ont été résumés et édités afin de faciliter la compréhension.

Écoutez l’épisode du balado 

 Ce deuxième épisode de la saison 4 du balado Prendre les devants est disponible sur votre plateforme d’écoute préférée ou en format vidéo ici :